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Habitation à Kédougou : Le loyer vaut de l’or

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Habitation à Kédougou : Le loyer vaut de l’or
A Kédougou, les travailleurs sont précarisés par la cherté du loyer avec des prix dépassant parfois la norme appliquée à Dakar. Il ne faut pas être surpris de tomber sur un bailleur qui vous demande 100 mille, 150 mille ou 250 mille pour un banal appartement. Les locataires étouffent et enragent, pour ramener la situation à une dimension normale. Surtout que Kédougou est ravagée par la pauvreté. Mais les travailleurs miniers ont réussi à redessiner l’offre au détriment des fonctionnaires qui sont contraints d’inventer des solutions de survie pour rester à Kédougou. 

La région de Kédougou est une mine de paradoxes. Couvrant une superficie de 16 mille 896 Km2 avec une densité de 9 habitants au km2 en 2013, Kédougou est l’avant-dernière région la plus pauvre du Sénégal avec un niveau d’incidence de pauvreté égal à 71,3%. Dépassant largement la moyenne nationale qui se trouve à 46,7 %, selon l’Enquête de suivi de la pauvreté au Sénégal II (Esps II) de 2010-2011. Cette situation «d’extrême» pauvreté ne reflète pas ses nombreuses ressources naturelles. Pis, on pousse l’indécence jusqu’à un niveau outrageant : Il faut avoir les poches bourrées de fric pour dégoter un logis dans cette jeune région où la location est insoutenable. 
Même si 7 personnes sur 10 sont pauvres et malgré le vote de la baisse sur le loyer, les locataires continuent à vivre «l’enfer» à Kédougou. Le coût vertigineux du loyer se révèle à ce prix : Il varie entre 100 mille, 120 mille, 150 mille, 250 mille voire plus de 500 mille francs Cfa. Pour avoir une chambre simple, il faut tabler sur 20 mille F, 25 mille F, 30 mille F. Alors que pour les chambres accompagnées de toilettes, il faut casquer 45 voire 50 mille F Cfa au risque de ne pas trouver un loyer à sa convenance. Alors qu’il y a quelques années, le loyer était très abordable et raisonnable dans ce coin béni de Dieu. Mais les habitants, étreints par la précarité, vivent dans une incertitude totale. Entre le marteau du loyer et l’enclume de leurs maigres revenus, les travailleurs sont aussi abasourdis par le comportement impitoyable des propriétaires de maisons. Et ils n’ont pas le choix : C’est à prendre ou à laisser. Et on s’en accommode en souffrant ; même si les plaintes commencent à sortir des chambres à coucher où les locataires passent les nuits à faire l’arithmétique pour trouver le juste milieu. 
Regard désabusé, Djiby Diop, instituteur, étouffe de rage. «Le loyer est coûteux à Kédougou», déclare-t-il d’emblée. Depuis le début de sa carrière, il ne s’est jamais débarrassé de son statut de locataire. Et ça rogne toutes ses économies. Il dit : «J’ai commencé à louer en 1997. De cette année à 2000, au maximum, je ne payais que 7500f Cfa la chambre.» Alors que d’autres pouvaient obtenir un logement à cette époque à 5 000 voire 6 000 F Cfa (pour une chambre). Croisé au plein cœur du marché central de Kédougou, M. Diallo se rappelle ces années de jouissance. «Le loyer était compris entre 5 000f et 7 500f Cfa pour les cases et entre 10 mille, 12 mille 500 et 15 mille f pour les bâtiments. On pouvait avoir une maison entière à 35 mille F Cfa. Aujourd’hui, ironise-t-il, on ne peut l’avoir que dans un rêve.» En écho, M. Diop étouffe de colère : «Les appartements ne sont pas donnés à n’importe qui. Il faut débourser 93 mille voire 100 mille F Cfa et plus pour trouver un loyer. C’est inconcevable pour une région comme Kédougou.» 
Amath Ly, coordonnateur d’un programme de développement à Kédougou, embouche la même trompette pour regretter la cherté du loyer. «Je casque 150 mille f Cfa tous les mois  pour trois chambres et un salon», informe-t-il. Pour lui, «il faut que les propriétaires de maisons reviennent à la raison d’autant qu’une ville qui se construit comme Kédougou ne peut avoir un loyer aussi cher». «Payer le loyer dans cette ville est un luxe que tout le monde ne peut pas se permettre au risque d’y  mourir», persiste Amath Ly, passablement agacé par cette situation. Gaston Pierre Coly, chargé de programmes du Conseil national de lutte contre le Sida à Kédougou, poursuit dans la même veine : «Je ne sais pas comment le qualifier. En un mot, le loyer est cher», confie-t-il.

L’or fait grimper le loyer
Aujourd’hui, la loi sur la baisse du loyer fait débat dans cette région. Jusqu’ici, elle n’est pas appliquée à Kédougou où les populations sont laissées à des agents immobiliers véreux. Mais les promoteurs qui parviennent à tirer leur épingle du loyer ne sont pas du même avis que les locataires. Car, soutiennent-ils, «il faut construire pour savoir ce qui est dans la construction. C’est très facile de crier sur tous les toits que le loyer est cher». Très en verve dans ses accusations contre l’Etat qui a mis en place la loi portant sur la baisse du loyer, Bakary Dansokho, gérant de maisons, ne cache pas son amertume. «L’Etat n’a pas été à la  hauteur. La décision de l’Etat sur la diminution du loyer a été unilatérale parce qu’il fallait associer toutes les parties prenantes», dit Bakary Dansokho. Il poursuit pour épingler l’Etat : «On a l’impression que cette loi n’a été faite que pour les populations de Dakar. Les associations de consuméristes sont très mal placées pour parler au nom des régions parce qu’elles ne connaissent pas leurs réalités. Les propriétaires ont travaillé durement pour construire leurs maisons sans l’appui de l’Etat.» La conclusion qu’il en tire, lui, fait sourire de bonheur à la fin de chaque mois : «On ne peut pas imposer aux propriétaires le prix auquel ils doivent mettre en location leurs propriétés. Pour arriver à la diminution du loyer à Kédougou, l’Etat doit revoir le prix des matériaux de construction. Il y a des périodes où la tonne de ciment coûtait 120 mille F Cfa, le paquet de fer à 33 mille voire 35 mille F Cfa. Pourtant, durant tout ce temps l’Etat n’a rien fait pour qu’on diminue le prix des matériaux de construction». «La loi sur la baise du loyer n’est appliquée qu’à un certain niveau. En tant que responsable de maisons, je fixe mon loyer au prix que je veux. Celui qui veut, il prend. Celui qui ne veut pas est libre de trouver ailleurs», crache-t-il. Lui est évidemment exempt de reproches. Il ramène tous les problèmes aux autres. «Même si la cherté du loyer est une réalité à Kédougou, il n’en demeure pas moins que même avec la baisse il y a des locataires qui n’arrivent pas à s’acquitter correctement de leur loyer. Même avec la baisse du loyer, les locataires qui se plaignent de sa cherté n’arrivent pas à payer correctement. Pour récupérer mon loyer à la fin du mois chez certains de mes locataires, c’est la croix et la bannière, d’autres restent plusieurs mois sans payer», accuse Mamadou Dansokho, propriétaire de maisons à Kédougou. «J’adhère totalement à la baisse du loyer. Conscient du revenu maigre de la plupart des Sénégalais, le loyer est coûteux à Kédougou en particulier par rapport au revenu des usagers», poursuit-il. 
Aujourd’hui, on est face à une mine de questions : Qu’est-ce qui justifie cette spéculation ? Pourquoi les bailleurs bénéficient-ils d’une telle impunité ? Avec une population de 152 mille 134 habitants en 2013, selon les résultats provisoires du Rgphae, la région de Kédougou ne représente que 1,2% de la population sénégalaise. Kédougou occupe la dernière place du point de vue démographique par rapport aux autres régions du Sénégal. D’après le premier Recensement général de la population de 1976, l’ancien département de Kédougou avait une population de 63 mille 549 habitants. Avec le deuxième Recensement général de la population effectué en 1988, la population a atteint 71 mille 125 habitants. Ce qui montre le rythme d’évolution rapide de la population entre 1976 et 2013. Les taux d’accroissement moyens intercensitaires sont passés de 0,9 % entre 1976/1988 à 2,7% entre 1988/2002, puis 3,6% entre 2002/2013. La croissance démographique de la région est l’une des plus grandes du Sénégal durant cette décennie. Cette évolution très rapide de la population n’est pas sans conséquences et peut s’expliquer par plusieurs facteurs parmi lesquels le développement exponentiel des sites d’orpaillage traditionnels, mais aussi et surtout l’implantation de grosses multinationales pour l’exploration et l’exploitation des ressources minières dont regorge la région ont été des facteurs déclencheurs du peuplement de la région avec comme corolaire la hausse tous azimuts du prix du loyer qu’on a commencé à sentir vers les années 2005, 2006 et 2007 avant que le loyer ne grimpe totalement à partir de 2009, coïncidant avec l’inauguration et l’apparition du premier lingot d’or sorti de terre de la mine de Sabodala.

Les bailleurs se frottent les mains
L’exploitation de la mine d’or de Sabadola a contribué à la hausse du loyer à Kédougou et aussi entraîné un exode de la population. Cela a poussé le taux d’accroissement de la population à 3,6%, handicapant tous les efforts consentis pour le bien-être de la population avec une forte pression sur les ressources naturelles et l’environnement, la forte demande sociale en matière de travail, de santé, d’éducation, etc. Revenant sur les soubassements de la hausse du loyer à Kédougou, Mamadou Danfakha l’explique par l’implantation des compagnies minières dans la région d’une part et d’autre part par la forte évolution démographique motivée par la recherche effrénée de trésors dans les nombreux sites d’orpaillage que connaisse la région. «Avant l’arrivée des sociétés minières et le développement des sites d’orpaillage, le loyer s’arrachait comme du petit pain pour dire qu’il ne coûtait rien», explique-t-il. L’or a permis à une nouvelle classe sociale de sortir des rangs. Cette nouveauté a changé la donne dans la région. «Ces nouveaux riches font que les propriétaires des maisons procèdent à un ciblage avant de donner leurs maisons en location, explique Gaston Pierre Coly. Bref, ils ont compris qu’il y a des gens qui ont de l’argent. C’est pourquoi une personne de bourse moyenne n’a aucune chance de trouver un loyer à bon prix là où ces derniers offrent le double», regrette-t-il. 
A Kédougou, le loyer est devenu un véritable business, une affaire de gros sous qui fait vivre les propriétaires et les agences immobilières. 
Face à cette situation, on assiste à la construction de maisons dans tous les coins de Kédougou. Les propriétaires sont pour la plupart des fils de Kédougou qui vivent à l’étranger. Mais l’opacité est totale : Car la majeure partie d’entre eux ne déclarent pas leurs maisons au service des Impôts et domaines établi à Tambacounda même si un bureau a été récemment ouvert à Kédougou. «Ce qui constitue une véritable affaire. Malgré le prix élevé du loyer, ils ne paient pas l’impôt sur le patrimoine bâti à l’Etat», se désole un locataire. Alors que les logeurs se frottent les mains.

L’Administration logée dans des maisons conventionnées : L’Etat casque fort pour ses services 
A Kédougou, les services de l’Etat entretiennent les propriétaires de maisons. Sans infrastructures dans une nouvelle région qui se dote de nouveaux services publics, l’Etat est obligé de recourir à des maisons conventionnées. Et il faut casquer fort pour trouver une maison qui répond à un certain standing. Car ils paient 700 mille F Cfa par mois dans certaines maisons conventionnées. 
Même si sa régionalisation est effective sur les papiers, cela tarde à se matérialiser sur le terrain avec les mesures d’accompagnement nécessaires en termes d’infrastructures. La gouvernance, la préfecture, le Conseil départemental, la Chambre de commerce, l’Inspection d’académie, le Centre d’orientation professionnel et académique, la Brigade des sapeurs-pompiers, l’Inspection de la jeunesse, le Conseil national de lutte contre le Sida, le bureau régional du Service des impôts et domaines, la région médicale, entre autres, sont installés dans des maisons conventionnées qui coûtent cher à l’Etat. Cette situation a encore encouragé les promoteurs à construire de belles maisons pour les mettre à la disposition de l’Etat, moyennant un loyer mensuel élevé. «D’ailleurs, nous renseigne-t-on, la loi sur la baisse du loyer ne concerne pas ces maisons.»


7 Commentaires

  1. Auteur

    Kédovin

    En Janvier, 2015 (10:42 AM)
    Bonne nouvelle, je vends tous mes immeubles à Dakar et je viens construire des tonnes d'appart avec des prix défiants toute concurrence j'arrriiiive
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  2. Auteur

    Dioura Kedougou

    En Janvier, 2015 (12:55 PM)
    C'est un menteur ce petit journaliste opportuniste qui ne coure que derrière l'argent. Le quotidien doit faire attention a ce garçon.

    C'est un fumier qui ne va jamais vers l'information.
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    Auteur

    Sy Dramane

    En Janvier, 2015 (13:15 PM)
    ça se voit que tu es un jaloux toi
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    Auteur

    Lams

    En Janvier, 2015 (17:26 PM)
    Laisser les parler les journalistes de Kédougou font un excellent boulo bip up fils!!!! L'article reflète la réalité. :sn:  :sn:  :sn: 
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    Auteur

    Auteur

    En Janvier, 2015 (19:11 PM)
    avant personne ne voulait venir servir a kedougou tous les fonctionnaires qui y etaient affèctès pleurnichès ou changer vite fait apres un an d affectation pour retourner a dakar ou ds les villes du nord ,soit disant qu il faisait tres chaud la que c est tres loin maintenant que le bon dieu nous a fait du xèweul la ba avace nos ressources minières et aussi l apat des postes de responsabilitès avec l avènement de la region bcp de postes sont a convoiter meme les banques qui jusque jadis ne voulais pas s y instaler sont desormais ts ds la concurrence ,ca c est la main du bon dieu on n a forcè personne a venir chez nous ca vous conviens vous restez ca ,e vous conviens pas vous foutez le camp bous ont est bien chez nous dieu est grand ,vous ne dites plus qu il fait chaud que c est loin pauvres concitoyens
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    Auteur

    Qui A Fait Kdg

    En Janvier, 2015 (09:23 AM)
    l'article dit la pure vérité, g fait kédougou mais j'avous que tout est cher laba









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    Auteur

    Job's

    En Janvier, 2015 (15:48 PM)
    les gens qui se cachent derrière des pseudonyme pour injurier les gens sur la toile sont des lâches et très indisciplinés. j'ai également séjourné& à Kédougou et ce qui est écrit dans cet article est la vérité. maintenant ce qui ont des choses à dire n'ont qu'à prendre leur courage à deux mains et le dire directement au concerné. au lieu de nous amerder avec des divertissement inutiles et puériles. SALAM
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