La lecture, un remède face à la solitude des détenues

A l’instar des autres pays, le Sénégal a célébré hier la journée mondiale du livre et du droit d’auteur. Pour cette année, la maison d’arrêt pour les femmes du Camp pénal de Liberté 6 a accueilli la cérémonie officielle.

La cérémonie officielle de la journée internationale du livre s’est tenue hier à la Maison d’arrêt pour femmes du Camp pénal de Liberté 6.  A cette occasion, le ministre de la Culture Abdou Latif Coulibaly a affiché sa volonté d’offrir à cette population féminine, socialement isolée, un meilleur accès au savoir. Un important don de livres a été fait dans ce cadre, au bénéfice des pensionnaires de la Mac.  Selon le ministre, la présence du livre en milieu carcéral peut aider les détenues à supporter la solitude dans laquelle elles sont plongées.  Cela peut également  contribuer à leur formation et à l’acquisition de connaissances qui peuvent leur être utile une fois libre. 

D’après le ministre, cette présence du livre a aussi pour objectif de les fortifier, favoriser leur façon de s’amender et de vivre en société avec le maximum de chances de réinsertion. ‘’La culture, on le sait, est un anti destin. Elle libère l’esprit de toutes les formes de pesanteur et aide à maintenir l’espoir, dans la mesure où elle est bâtie sur le partage (…). Les peuples et les univers que l’on découvre y participent, ainsi que les émotions, les sentiments, les pensées que nous faisons nôtres. Il en est de même des cultures qui s’expriment dans les ouvrages à travers le temps et l’espace’’, estime M. Coulibaly.

Cette cérémonie revêt, selon le directeur de la Maison d'arrêt et de correction de Liberté 6, Jean-Bertrand Bocandé, un caractère capital en ce sens qu’elle soutient la mission principale de préparation à la réinsertion sociale des détenues et cela, sur plusieurs aspects. A l’en croire, le livre favorise une meilleure santé morale des détenues en brisant par la lecture la solitude qui peut entraver leur épanouissement. Il précise : ‘’Pendant ces moments de privation de liberté, la lecture offre à nos détenues une possibilité de faire voyager leur imagination à travers le monde, de découvrir d’autres cultures et d’autres modes de vie. Certainement, avec la lecture, elles vont oublier les conditions de détention, renforcer leur bien-être en réduisant la pression et le stress. Les enseignements tirés des ouvrages vont les pousser certainement à s’assagir et participeront à leur formation en développant en eux l’esprit créatif et leur donne les raisons d’espérer.’’

La journée mondiale du livre et du droit d’auteur est également une occasion, selon  le ministre de la Culture Abdou Latif Coulibaly, de promouvoir cet outil ‘’indispensable’’ et ‘’indépassable’’ qu’est le livre, mais surtout de mettre en exergue les actions visant à protéger la propriété intellectuelle. En effet, après avoir été  ‘’un faiseur de livres’’, le ministre dit  mesurer combien il est significatif de se situer dans la posture d’administrateur de la politique du livre et de la lecture au Sénégal. ‘’Entre l’écrivain, l’éditeur, tous les autres acteurs de la chaîne du livre et l’autorité qui est dépositaire de la politique du livre, il est nécessaire que s’instaure un climat de confiance mutuelle et de franche collaboration. Car l’autorité institutionnelle a pour mission et pour ambition de relever le niveau de la production de livres en qualité et en quantité et de favoriser le développement de la lecture au niveau de toutes les catégories de la population’’, a-t-il indiqué.

Toutefois, le ministre de la Culture invite tous les acteurs du livre à garder espoir pour une meilleure politique dans le secteur. ‘’Je vous engage, tous, à faire de la qualité et de l’exigence votre credo. Le département, quant à lui, assumera sa mission de mise en œuvre de la politique du livre et du droit et d’accompagnement des acteurs, dans la concertation, le dialogue, mais avec le sentiment d’accomplir un sacerdoce’’, a-t-il dit.