LE POUVOIR, LE SEXE ET LA CHUTE DES HOMMES POLITIQUES

L’affaire Dominique Strauss Kahn, directeur général du fonds monétaire international (FMI) qui vient d’être inculpé pour agression sexuelle n’est nullement un fait isolé et marginal dans l’univers ténébreux des grands de ce monde (…).

Le pouvoir est-il libidineux, en fin de compte ? L’on est tenté de poser cette question au vue des nombreux scandales à caractère sexuel qui frappent le monde de la politique en particulier et du pouvoir en général. Et ceci partout dans le monde.

Le pouvoir est-il libidineux, en fin de compte ?

L’on est tenté de poser cette question au vue des nombreux scandales à caractère sexuel qui frappent le monde de la politique en particulier et du pouvoir en général. Et ceci partout dans le monde. L’affaire Dominique Strauss Kahn, directeur général du fonds monétaire international (FMI) qui vient d’être inculpé pour agression sexuelle n’est nullement un fait isolé et marginal dans l’univers ténébreux des grands de ce monde (…). L’on sait aujourd’hui qu’un homme très adulé politiquement comme le président John Kennedy était une véritable « bombe sexuelle ». L’ex-président (Argentin) Carlos Menheim qui avait tout d’être un pervers sexuel, ne cachait même pas ses maîtresses au grand public. En France, un ancien président était d’une outrecuidance telle qu’il recevait même des femmes dans le véhicule présidentiel.

Au Sénégal l’affaire Diombass Diaw et Oumar Sarr, (ministre de la république) est encore fraîche dans les mémoires(…). L’homme, Strauss Kahn quant à lui, est coutumier des frasques sexuelles depuis bien longtemps. Beaucoup de journaux français n’ont pas manqué d’évoquer dans le passé, la « légèreté comportementale » de Dominique Strauss Kahn, mais jamais le lien n’a été fait entre les hautes fonctions et responsabilités de l’homme et sa vie privée. Le scandale qui vient d’éclabousser peut être définitivement la carrière politique de Dominique Strauss Kahn montre à quel point la liberté dans la vie privée n’a aucune forme de sens à un certain niveau de responsabilité. La formule « c’est ma vie privée cela ne regarde personne » est une aberration lorsqu’on est responsable de la destinée de plusieurs âmes. Que l’on soit président de la république, ministre, directeur de cabinet et même directeur d’école l’on est astreint à une certaine retenue surtout lorsqu’il s’agit du rapport homme-femme(…).

Que Strauss Kahn soit coupable ou non, là n’est pas la question. Le problème dépasse largement le cadre judicaire. C’est aussi et surtout une affaire d’ordre morale. En commentant l’affaire Strauss Kahn, Laurent Dumas ancien ministre français des affaires étrangères, a affirmé sans ambages qu’en vérité le pouvoir érotise. N’oublions pas qu’il y’a quelques années que la dame Christine Deviers-Joncours a raconté dans un livre sulfureux intitulé « La putain de la république », les privautés qu’elle entretenait avec maître Dumas. La thèse principale de ce livre-témoignage est que le sexe est non seulement présent dans le monde politique mais qu’il joue étrangement un rôle stratégique.

L’historien d’origine Camerounaise, Achille Mbembé dans son ouvrage publiée en 2000 intitulé « De la Post-colonie : Essai sur l’imagination politique dans l’Afrique contemporaine », montre dans un langage fleuri, comment le pouvoir en Afrique Post-coloniale est véritablement un appareil de jouissance : jouissance par les femmes, par l’argent (surtout l’argent) et suprême jouissance par l’acte de donner la mort à ses adversaires politiques (c’est la jouissance mortelle). Il n’y a qu’à observer comment nos hommes politiques prennent à la hussarde le pouvoir pour deviner le rapport pervers et déviant qu’ils entretiennent avec la politique.

Les hommes politiques africains pense t –il, entretiennent un rapport phallocratique, paternaliste avec le pouvoir. Le slogan principal serait « prenez le pouvoir, prenez les femmes et prenez l’argent ». Lorsque que le président Mamadou Dia a écrit dans ses mémoires que Dieu l’a préservé de la tentation de la femme, il montrait en filigrane que les primautés sexuelles sont des pratiques inhérentes à une certaine génération d’hommes politiques africains. La politique est une œuvre de séduction ; entre la séduction et le passage à l’acte, le pont est souvent franchi par les hommes de pouvoir.

En vérité lorsque la politique est vidée de sa substance, qui est le service rendu au prochain, elle devient une douille morte aux mains de politiciens de pacotille. L’on oublie que la politique a été inventée par des hommes à la dimension exceptionnelle qui alliaient compétence et bonne moralité.

khalifa touré/lanalyste.com