Les réseaux sociaux sont transformés en des lieux d’insultes par les Sénégalais. Chaque jour, des vidéos du genre sont postées sur le net. Le Sociologue Djiby Diakhaté revient sur les faits qui ont engendré ce phénomène inquiétant.
Nous avons constaté une récurrence des dérives sur les réseaux sociaux. Qu’est-ce qui est à l’origine de ce phénomène inquiétant ?
Il y a la conjugaison de plusieurs facteurs. Le premier, c’est une méconnaissance des réseaux électroniques. Nous avons un niveau de maitrise très faible des réseaux sociaux qui fait que, dès fois, il y a eu des dérapages, des attitudes inadaptées lorsqu’on se meut dans ses territoires digitaux.
Le deuxième facteur, c’est que l’électronique n’est qu’un outil. Ce qu’on y met renvoie à ce qu’on est comme être. Cela veut dire qu’il y a aujourd’hui au Sénégal dans les relations interpersonnelles un niveau de méchanceté très élevé, des commérages, une volonté de nuire à l’autre pour se positionner.
La troisième chose, c’est la sanction communautaire qui devient, de moins en moins, réelle au Sénégal. Avant, quand on posait un acte, on se demandait ce qui va se passer. Maintenant, on a l’impression que ce contrôle communautaire s’est fragilisé et à tendance à disparaitre. Ce qui fait que l’individu peut s’adonner à faire certaines choses et après ne reçoit de la part de la communauté aucune sanction.
Autre chose qui me semble importante, c’est la famille. La cellule sociale de base qui doit développer chez l’individu des compétences de vie. C’est-à-dire comment vivre, ce qu’il faut faire, ce qu’il ne faut pas faire. Il appartient à la famille de développer ces compétences chez l’individu. Après, l’école doit prendre le relais. Malheureusement, ces deux structures là sont en train de ne plus s’acquitter de leurs missions.
En outre, aujourd’hui, on a l’impression que c’est de nouveaux modèles qui sont en train de voir le jour. Le modèle, ce n’est plus le paysan honnête qui gagne sa vie à la sueur de son front. Aujourd’hui, ce sont des raccourcis qui sont utilisés pour réussir.
Quelles sont les conséquences qui peuvent en découler ?
Si on ne fait pas attention, c’est une situation qu’on ne contrôlera pas. Je pense que dans une société, on a besoin d’un consensus éthique minimal, des valeurs, des principes autour desquels on s’entend. Et, pour cela, il faut aller vers la constitution d’un projet de société partagé avec les Sénégalais. Ce qui fait qu’au-delà de nos nuances, de nos différences, de la contradiction, il y aura une matrice normative autour de laquelle on s’entend. Des valeurs sacrées auxquelles on s’accrocherait les uns les autres. La devise du Sénégal dit «Un peuple, un but, une foi». Mais, je crois que cette devise n’est que théorique, nominale. On doit aller dans le sens de lui donner son vrai contenu.
Quelle analyse faites-vous des insultes et propos ethnicistes remarqués sur les réseaux sociaux ?
C’est une dérive qu’il faut arrêter tout de suite parce qu’au Sénégal, nous avons une pluralité ethnique, une pluralité confessionnelle qui a toujours été gérée de manière intelligente et dans la paix. Donc, je crois que ces velléités d’ethnocentrisme devraient être l’objet d’une sanction à la mesure de ce dérapage. Parce que si on y prend garde, les attaques vont commencer. Et ça peut prendre des amplitudes plus conséquentes.
Que faut-il faire pour mettre fin à ces dérives ?
Je crois qu’il faut lutter contre l’impunité. Ceux qui s’adonnent à ces actes doivent être punis, quelles que soient leurs appartenances. La deuxième chose, c’est qu’il faut mettre l’accent sur l’éducation au niveau de la famille, l’éducation au niveau de la communauté, au niveau de l’école.
Il ne faudrait pas aussi que les leaders aiguisent des considérations de ce genre. Parce dès fois, on entend malheureusement dans leur discours et dans leur comportement des attributs qui sont versés à ces choses. Les leaders devraient donner le bon exemple et éviter de s’engager dans ces genres de débat.
Ce qui, entre autres, crée la stabilité interethnique, c’est les confessions. Parce que vous trouvez dans les religions des gens qui appartiennent à des ethnies différentes mais qui coexistent en parfaite intelligence. Ce sont ces équilibres qu’il faut renforcer et que ce sont les élites.
Aliou Diouf - Libération
60 Commentaires
Anonyme
En Août, 2017 (09:01 AM)Be One
En Août, 2017 (09:06 AM)Soyez aussi vigilant contre ceux qui vont utiliser les comptes des autres pour insulter car des innocents risquent de se retrouver en prison.
Certains pays sous développés qui savent que l éducation général de leur peuple n atteint pas le niveau de maîtrise de dealer avec les réseaux soc.doivent prendre des mesures car c est difficile de contrôler l internet ,la déstabilisation d un peuple peut passer par la .
L ignorance est un fléau qui ne s abat que par l éducation
Anonyme
En Août, 2017 (09:08 AM)Mme Diagne Toutou Baila Ndiaye
En Août, 2017 (09:16 AM)Anonyme
En Août, 2017 (09:31 AM)c'est la nouvelle caste qui éduque les enfants d'aujourd'hui.
Anonyme Sega
En Août, 2017 (09:46 AM)je constate pout le deplorer que les interets individuels priment sur les interets collectifs
ressaisisons nous le senegal etait une fierte pour nous tous notre socite modele tend vers la decheance faute de dirigents modeles
DIEU PRESERVE LE SENEGAL
Anonyme
En Août, 2017 (09:51 AM)Anonyme Golo
En Août, 2017 (10:16 AM)Cessons de divertir le monde avec des faits divers
Anonyme
En Août, 2017 (10:31 AM)il ya danger et maky doit se ressaisir
Anonyme
En Août, 2017 (10:37 AM).Elle est citoyenne, elle a le droit de dire ce qu'il pense de son président même si le ton est jugé déplacé.
.Le son en question n'est pas destiné directement au président, elle s'adressait à un groupe bien déterminé, un groupe qui soutenait Karime.
.Qu'est qu'il y a de criminel à dire tel est un say say (en wolof c'est quelqu'un qui cache son vrai visage, beau à l'extérieur et pervers à l'intérieur).
Macky est notre président mais il n'est ni un dieu ni un roi. Le peuple a le droit de dire ce qu'il pense. c'est le début de la dictature et l'oppression de l'opinion du peuple. Si demain je critique le président dans ma maison quelqu'un pourrai m'enregistrer et balancer le son sur le net et hop je suis emprisonné.
Toute les dictatures ont commencé comme ce cas ci.
Je ne dis pas que amy n'est pas fautive mais son acte ne mérite pas la prison.
Le senegalais laissent faire mais demain nimporte qui aurai critiqué le président sera sous le joug de l'article "offense au chef de l'état". qu'est ce que Wade n'a pas entendu. Un chef, un président on le craint pas on le respecte et le respect c'est lui même qui l'incarne.
Par contre le cas de Penda Ba est plus grave car il peut déclenché une guerre civile et les conséquences seront entre autre la disparition de notre sénégal et on aura 50 ans pour reconstruire. Au passage je salut la retenu et la maturité des wolof qui refusent de tomber dans ce piège qui consiste à insulter à leur tour les toucouleurs et bonjour les dégâts.
Anonyme Senegala
En Août, 2017 (11:01 AM)Anonyme
En Août, 2017 (11:07 AM)JAI DEUX AMIES D'ENFANCE.. DONT L'UNE OCCUPE UNE PLACE IMPORTANTE DANS LE GOUVERNEMENT DE MACKY ET L'AUTRE UNE POLITICIENNE DANS LE CAMP DE ABDOULAYE WADE...
MAIS JAMAIS JAMAIS DANS LEURS COMMENTAIRES DES RESEAUX SOCIAUX.. JE DONNE DE L'IMPORTANCE DANS LEURS POSTINGS.. QUE CA SOIT FACEBOOK OU TWITTER OU ETC...
MAIS SURTOUT LA POLITICIENNE DU CAMP DE WADE.. ELLE POSTE DES INSULTES TRES INCORRECTES A L'EGARD DE MACKY... CELLE QUI EST DU CAMP DE MACKY ELLE FAIT SA POLITIQU MAIS DANS LA DIGNITE.. QUAND ON SE RETROUVE.. JE M'ABSTIENS A NE PAS DISCUTER POLITIQUE AVEC ELLES... TOUT SAUF CA CAR JE VEUX MAINTENIR NOTRE AMITIE.. MAIS LA VAGUE D'IMPOLITESSE AU SENEGAL NE COMMENCE PAS PAR LES JEUNES SEULEMENT MEME PAR LES PERSONNES DE PLUS DE 40 ANS.. LES SENEGALAIS SONT DEVENUS FOUS... ET CE SOCIOLOGUE A RAISON.. WAKH KO SI KOWWW.. ET CEST TRISTE.. JE SUIS SIDEREE DANS CE PAYS.
Anonyme
En Août, 2017 (11:27 AM)Vous êtes tous des nafèkh c'est aujourd'hui que vous vous indignez de propos infames et indignes dans une nation. L'autre con de Sidy Niasse ne s'en cache même pas,...personne ne réagit, depuis peu les partisans de Khalifa Sall s'y on mit.
j'ai entendu des responsables politiques insultaient des peuls en disant s'ils viennent ici voter chez nous nous allons les massacrer.
Penda Ba est une malheureuse victime dans l'histoire, des gens qui insultent Macky puis versent dans l'etchnicisme en insultant les pulaars c'est légion dans ce pays, c'est tous les jours. Je comprends certains qui en ont marre de se faire insulter pour avoir voté pour Macky soit disant qu'il est hal-pulaar et qu'il vote pour un bandé.
Anonyme
En Août, 2017 (11:42 AM)Anonyme
En Août, 2017 (12:33 PM)Pays Champion Recital De Coran
En Août, 2017 (13:26 PM)Anonyme
En Août, 2017 (13:29 PM)Anonyme
En Août, 2017 (14:10 PM)Anonyme
En Août, 2017 (16:14 PM)Anonyme
En Août, 2017 (16:15 PM)Anonyme
En Août, 2017 (16:49 PM)Anonyme
En Août, 2017 (16:49 PM)Anonyme
En Août, 2017 (16:56 PM)mais de facon generale, le niveau faible d'education se reflete aussi dans ces derives. je me rends souvent compte que ceux qui hantent les reseaux sociaux croient de facon illusoire qu'ils sont au centre de l'espace vital. ce qui n'est qu'une illusion. d'une part ils n'ont pas le niveau intellectuel de differencier les choses, d'une autre part ils ne maitrisent pas completement ces outils. Resultat: des enregistrements "prives" sont relayes par les sites boulevards ou atterissent meme dans les sites pornographiques americaines.
ces temps ci j'ai beaucoup reflechi, parce que etant toujours optimiste, j'attend le developpement d'ici une dizaine ou vaingtaine d'annees dans le futur. je suis helas oblige de me rendre a l'evidence qu'un tel developpement ne saurait voir le jour meme dans 50 ans. chaque generation travaille pour noyer les generations futures, alors que le contraire devrait avoir lieu
:triste::triste::triste::triste::triste::triste:
Anonyme
En Août, 2017 (16:56 PM)Anonyme
En Août, 2017 (17:19 PM)Anonyme
En Août, 2017 (17:28 PM)Anonyme
En Août, 2017 (17:34 PM)La n'est pas le probleme. Ce qui est tres dangereux c'est la derive ethnicite et la mechancete gratuite qu'il faut stopper NET.
Tout est dans notre Constitution. Quelqu'un a viole ces principles mis en gros caracteres dans notre Loi fondamentale et on doit retourner a ces principes.
Probleme ethnique, probleme confrerique, precarite evonomique et extremisme... C'est pas bon du tout. Mais rien n'est perdu. On peut tout stopper si on le voulait demain. Que ceux qui doivent parler parlent aux populations. Demain ca peut arreter. Vive le Senegal
Anonyme
En Août, 2017 (17:36 PM)Anonyme
En Août, 2017 (17:37 PM)Anonyme
En Août, 2017 (18:07 PM)Anonyme
En Août, 2017 (18:09 PM)Anonyme
En Août, 2017 (18:18 PM)-A FORCE DE CONTINUER A INSULTER LES WOLOFS ,TU SAURAS BIENTOT
POURQUOI ELHADJI OMAR ET SA FAMILLE ONT LAISSE DEFINITIVEMENT LE FOUTA?
-POURQUOI LES TOUCOULEURS AVAIENT REFUSE DE L'ACCOMPAGNER DANS SES GUERRES SAINTES?
-POURQUOI LES TOUCOULEURS QUITTENT DEFINITIVEMENT LEUR TERRE NATALE, S'ILS REUSSISSENT DANS LA VIE?
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Anonyme
En Août, 2017 (18:24 PM)Anonyme
En Août, 2017 (18:48 PM)Anonyme
En Août, 2017 (19:07 PM)Usa
En Août, 2017 (19:08 PM)Kirikou
En Août, 2017 (19:10 PM)Anonyme
En Août, 2017 (19:34 PM)Si avec le Sénégal avec 14M d'habitants on arrive pas à s'unir, il est perdu d'avance de se battre pour les Etats Unis d'Afrique avec un seul Prési! RESISSONS-NOUS SEULE L'UNION PEUT FAIRE NOTRE FORCE DANS UN RESPECT MUTUEL.
Wa salam Sénégal dans l'union pour espérer émerger.
Anonymefans
En Août, 2017 (19:36 PM)Anonymefans
En Août, 2017 (19:43 PM)Lebaolbaol Tigui
En Août, 2017 (20:12 PM)Anonyme
En Août, 2017 (21:47 PM)Baye
En Août, 2017 (22:23 PM)Anonyme
En Août, 2017 (23:35 PM)Anonyme
En Août, 2017 (23:39 PM)Sensoff
En Août, 2017 (23:40 PM)Anonyme
En Août, 2017 (23:45 PM)Anonyme
En Août, 2017 (01:52 AM)Anonyme
En Août, 2017 (02:49 AM)Xeme
En Août, 2017 (07:43 AM)Pacific
En Août, 2017 (08:00 AM)USOLIDAIRES ET FRERES
Anonyme
En Août, 2017 (08:26 AM)Anonyme
En Août, 2017 (11:20 AM)Anonyme
En Août, 2017 (11:47 AM)les senegalais ne sont pas plus fous que la mafia politico-religieuse qui la dirige
Anonyme
En Août, 2017 (11:50 AM)Anonyme
En Août, 2017 (13:12 PM)Anonyme
En Août, 2017 (14:57 PM)Une fois , sur l'axe DAKAR-SAINT LOUIS, un gendarme Sénégalais immobilise ma voiture immatriculée à l’étranger et me parle en Wolof. Je lui réponds que je pratique pas cette langue pour la simple raison que je ne suis pas Sénégalais et lui répond en Pular. Le Monsieur en furie crie sur moi car je lui ai parlé en pular. JE LUI RETORQUE QUE LE PULAR EST LANGUE NATIONALE AU MEME TITRE QUE LE WOLOF. IL ME COLLE UNE CONTREVENTION DONT J'IGNORE LA RAISON. je rappelle que je ne suis ni toucoleur, ni wolof mais je pratique à merveille ces deux langues. LE PROBLEME DU WOLOF C'EST DE VOULOIR DOMINER TOUT LE MONDE VOILA POURQUOI LE SENEGALAIS EST REJETE VOIRE MEME DETESTE PARTOUT DANS LES PAYS VOISINS DU SENEGAL
Anonyme
En Août, 2017 (16:51 PM)Anonyme
En Août, 2017 (21:07 PM)Anonyme
En Août, 2017 (00:26 AM)HALTE À L'INSTRUMENTALISATION DE NOS IDENTITÉS !
J'ai vu des amis s'offusquer, à juste titre, qu’une communauté ethnique soit prise à partie sur les réseaux sociaux depuis les législatives sénégalaise du 30 juillet 2017.
Publication 06/08/2017
J'ai vu des amis s'offusquer, à juste titre, qu’une communauté ethnique soit prise à partie sur les réseaux sociaux depuis les législatives sénégalaise du 30 juillet 2017.
Et comme pour ne pas arranger les choses, j'apprends ce matin qu'un jeune en a tué un autre au motif qu'il parlait une langue différente de la sienne.
Voilà un événement triste et malheureux qui vient s'ajouter aux épreuves que nous devons transcender en tant que nation.
C'est un problème sensible et qui prend de l'ampleur. Nous devons y réfléchir comme nous le faisons pour d'autres sujets.
Je pense n'avoir personnellement jamais cessé de mettre en garde contre certaines dérives, même quand cela concernait d'autres pays.
J'écrivais en 2014, je crois, qu'accuser toute une communauté parce que certains se comporteraient mal, est un pas à ne pas franchir. Il n'y a pas de problème d'UNE communauté particulière, touchant tous ses membres. Dire cela est insensé, surtout au Sénégal qui repose sur deux assises solides : l'harmonie ethnique et la coexistence religieuse pacifique qui découlent d'une longue histoire.
Il peut y avoir certes ça et là des incidents malheureux, mais la solidité de ces assises fait échouer au final toute tentative de déstabilisation. Il ne faudrait cependant pas dormir sur nos lauriers. La vigilance doit être de mise en tout temps et en tous lieux dans le pays.
Stéréotypes
Les représentations sociales d'une communauté socioculturelle sur une ou d'autres communautés socioculturelles existent bel et bien. Une communauté peut croire qu'une autre est « travailleuse », « honnête », « fourbe », « hautaine », etc. Ce sont là des stéréotypes qui en force d’être entendues finissent par devenir des vérités, mais de fausses vérités.
Ces représentations dont certaines reprennent les perceptions coloniales sont souvent biaisées. Il peut y avoir également des frustrations et surtout un ressentiment de certaines communautés envers d'autres, surtout dans le cadre d'une jeune nation marquée par l'existence d'une majorité et des minorités sociologiques.
Tout cela peut exister. D'où l'existence de certains mécanismes sous nos cieux comme la parenté à plaisanterie pour les transcender.
Il y a toutefois un problème récurrent depuis quelque temps : c'est l'instrumentalisation d'une appartenance religieuse ou "ethnique" (je n'aime pas ce terme) à des fins politiques. L'instrumentalisation confrérique, tous nos présidents s'y sont adonnés. Wade est toutefois allé beaucoup plus loin, en se faisant appeler le "président-talibé", contrairement à Senghor et Diouf qui se contentaient seulement de recueillir les retombées politiques.
Il est heureux que des intellectuels mourides comme Babacar Mboup et beaucoup d'autres, se soient levés à l'époque pour dénoncer cette instrumentalisation. La critique et la dénonciation sont en effet plus fortes quand elles émanent des membres du groupe concerné.
La confrérie religieuse transcende cependant l'ethnie qui est beaucoup plus restrictive. Wade a par exemple instrumentalisé la confrérie mouride mais les membres de cette confrérie ne sont pas que des Wolofs. Ils viennent de tous les groupes ethniques du Sénégal pratiquement. Abdoulaye Wade, lui-même, a une ascendance peule et mandingue.
Le « Wolof » lui-même pose problème, quand on sait que le grand ancêtre des Wolofs est à la fois Sérère, Pulaar, voire Maure.
Aujourd'hui ceux qu'on appelle « Wolofs » sont complètement « dé-éthnicisés ». Le marqueur ethnique ne prévaut plus. C'est pourquoi un poète comme Cheikh Moussa Ka dont les ancêtres sont peuls peut se déclarer dans sa biographie comme Wolof sans que cela ne choque personne.
Un Cheikh Tidiane Sy Al-Maktum, considérant le wolof comme sa langue maternelle, disait qu'il n'était ni Wolof ni Toucouleur, encore moins Serère. Voilà exactement ce qu’il disait : « mon père est un Sy, sa mère une Ndiaye, ma mère une Kâne, sa grand-mère une Diouf, son arrière gand mère une Khouma ».
Un Cherif Salif Sy vous dira qu'il est Wolof et tout le monde trouvera cela normal.
Il serait d'ailleurs bien que nos amis qui s’intéressent à l'histoire prennent en charge cette question et vulgarisent beaucoup mieux leurs travaux.
Je pense en particulier à Babacar Mbaye Ndaak, Babacar Methiour Nidaye et d'autres pour nous rappeler ce qu'a été par exemple un creuset comme le Tekrour ou même Pire-Saniokhor.
Drame des « illuminés des origines »
Ces lieux de rencontres doivent être enseignés aux jeunes. Saliou Diallo pourra nous expliquer comment des gens venus du Djolof ont fondé un quartier dans le Gadiaga soninke et que leurs descendants sont devenus des Soninke.
Étant donné que ce que l’« ethnie » est beaucoup plus restrictive, son instrumentalisation peut être beaucoup plus dangereuse. On revendique une appartenance figée d'où on exclue tous les autres.
Macky Sall a clairement déclaré qu'il est de culture sérère et que sa femme est sérère. Pour certains cela ne suffit pas. Il faut que le président soit EXCLUSIVEMENT Hal Pulaar. J'ai vu moi-même certains lier le mandat de Macky Sall au "Pulaagu". C'est une manipulation.
Il ne faut pas faire des « ethnies » des catégories fixes et immuables. On peut avoir des Hal Pulaar qui deviennent Séréres parce que complètement "sérèrisés". Cheikh Anta Diop nous disait également qu'on devient tous les jours Wolof.
Cheikh Ahmadou Bamba, El Hadj Malick Sy, Baye Niasse, Limamou Laye et bien d'autres, n'ont jamais revendiqué une appartenance ethnique. Certains « illuminés des origines » se plaisent pourtant à les figer dans une appartenance ethnique.
Certains principes doivent être rappelés aux hommes politiques qui, pour défendre des privilèges et se maintenir au pouvoir, sont prêts à tout.
Les références ethniques, religieuses, les lobbies, ne sont pas un mal en soi. Ils le deviennent quand ceux qui les invoquent sont au cœur du pourvoir et s'en servent pour des intérêts personnels ou partisans.
La confrérie, l'ethnie, la région, la langue ne sont que les éléments d'un tout et que seul ce TOUT mérite d'être défendu.
Lors du référendum passé, le ministre Mbagnick Ndiaye disait qu'aucun Sérère digne de nom ne votera NON. Le ministre Mansour Sy déclarait que ceux qui appellent à voter NON sont contre les réalisations faites dans les cités religieuses.
Pour ces élections législatives, nous avons lu quelque part Cheikh Oumar Hann du COUD (Centre des Oeuvres universitaire de Dakar) dire que « le Fouta est derrière Macky parce que c’est la première fois qu’un président dit que le Fouta fait partie du Sénégal ».
C’est de la manipulation politicienne pure. Ce sont des déclarations à condamner.
Bannir le discours « ethniciste » en politique
Dans une nation en construction, ceux qui instrumentalisent des appartenances, religieuse, ethnique ou régionaliste, à des fins politiques, doivent être dénoncés et sanctionnés.
« L'ethnicisation » du discours politique et le fait de titiller la fibre ethnique pour des intérêts politiciens doivent être bannis. Les discours politiques et public doivent être bien pensés, car tous les esprits ne les perçoivent pas de la même façon. Certains qui nourrissent un ressentiment envers une communauté peuvent les récupérer et en faire un mauvais usage. Dans certaines parties du monde, les actes xénophobes suivent généralement les discours politiques qui les légitiment.
Tous ensemble, nous devons montrer aux hommes politiques que les liens qui nous unissent sont plus forts que leurs intérêts bassement politiciens. Le pouvoir n'est pas éternel. Eux tous partiront un jour ou l'autre; le Sénégal, lui, demeurera.
Peu nous importe qu'un président se réclame Diola ou Mandingue ou Badiaranké. Il doit être jugé seulement sur ses orientations et ses réalisations. Il faut aider les populations à se défaire du vote affectif ou communautaire pour ne voir que les offres qui feront avancer le pays.
Il faut rappeler aux hommes politiques qu'une maison est faite de briques mais sans ciment unificateur, point de maison : « malheur à la nation divisée dont chaque parcelle revendique le nom de nation », nous disait le poète.
*Khadim Ndiaye est un philoshophe sénégalais et chercheur en histoire établi à Montréal.
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