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Pape Diouf, ancien président de l’Om : « Ce n’est pas ma faute si ma personnalité écrase Labrune »

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Pape Diouf, ancien président de l’Om : « Ce n’est pas ma faute si ma personnalité écrase Labrune »

Son franc-parler et la tournure parfois alambiquée de ces phrases ne sont pas une légende. Avec la sortie, début mars, de son autobiographie « C’est bien plus qu’un jeu », Pape Diouf refuse d’être assimilé à la seule présidence de l’Olympique de Marseille. Mais dans cette partie de l’entretien qu’il a accordé à notre correspondant à Paris, il répond aux attaques de Vincent Labrune, l’actuel président de l’Om, parues dans la presse française et évoque le football sénégalais.

Que retenez-vous de votre passage à la tête de l’Olympique de Marseille de 2004 à 2009 ?
« J’ai fait, pendant ces cinq ans, ce que je devais faire. J’avais autour de moi une équipe compétente et dévouée. J’ai trouvé le club dans des conditions précaires sur le plan sportif et financier puisqu’il accusait un déficit financier de plus de 30 millions d’euros. Et sportivement, le club avait du mal à se projeter sur la scène européenne. Avec mes collaborateurs, j’ai alors décidé de changer de politique. Nous avons mis en place la politique de post formation. Elle nous a permis ni de puiser dans notre centre de formation, car celui-ci n’était pas véritablement opérationnel, ni de faire la politique du chèque illimité. Nous avons réfléchi et infléchi notre action : ce qui nous a permis de recruter des garçons qui n’étaient plus en formation, mais pas encore aptes à entrer en équipe première, tels Mandanda, Taye Taiwo, Mathieu Valbuena, Charles Kaboré. Les frères Ayew (André et Jordan, ndlr) nous ont rejoints plus tard. Et puis, en matière de politique de transfert, nous n’avons jamais transgressé certains principes érigés en ligne de conduite. Nous avons acheté des joueurs pas très chers, ce qui n’a pas toujours été le cas à l’Om. Cette politique a donné des résultats : la restauration complète de l’état des finances. Au moment de mon départ, des 30 millions de déficit de départ, j’ai laissé dans les caisses plus de 40 millions d’euros de recettes. Sur le plan sportif, j’ai laissé une équipe en Champions League car nous avons terminé 2ème après Bordeaux à la suite d’un championnat qui avait tenu la France en haleine. Je pense que ces cinq années n’ont pas été vaines. Aujourd’hui encore, je reçois des témoignages de sympathie et d’amitié. Dans la rue, dans les aéroports ou ailleurs, on continue de me poser la question de mon retour. Ce qui me conduit à penser que j’ai laissé derrière moi une image positive. »
 
Comment avez-vous dès lors ressenti la publication d’une tribune de l’Om dans le quotidien L’Equipe du 10 mars dernier vous indexant ?
« Ce n’est pas une tribune que l’Om a publiée. C’est une tribune que le président de l’Om (Vincent Labrune, ndlr) a publiée. Le procédé est étonnant. A l’heure où on pense à restaurer, de nouveau, les finances du club, le fait de dépenser plus de 80 000 euros pour publier une tribune à sa gloire personnelle, passe pour de l’irresponsabilité. Ensuite, tout ce qui est écrit dans cette tribune est complètement faux et susceptible d’être corrigé par moi en montrant où se trouvent la faille et le mensonge. Mais il y a une chose de vraie dans cette tribune, c’est de me reprocher l’emploi du « Je ». S’il pouvait m’expliquer comment pour écrire une autobiographie, on peut faire pour utiliser un autre pronom personnel que « je », je le prendrai, mais malheureusement je n’en ai pas d’autres.
Tout le reste est mensonge. Quand il parle d’Eric Gerets (entraîneur de l’Om sous la présidence de Pape Diouf, ndlr), il n’a pas prolongé son contrat plus tôt parce que le propriétaire du club ne voulait pas qu’on signe rapidement avec lui. Il suffit de lire mon livre pour se rendre compte des mensonges. Pour ce qui est de l’accusation de la masse salariale enflée, il suffit également d’aller voir la Dncg (Direction nationale de contrôle et gestion au sein de la Ligue de football professionnel (Lfp) en France, ndlr). Les chiffres sont disponibles. Sur mon salaire, il a cité des chiffres fantaisistes. Je peux le démonter en montrant mes bulletins de salaire. Rappelons qu’à son arrivée à la tête du club, il avait fait une déclaration dans le périodique France Football où il disait que « Pape Diouf a été un excellent président, Pape Diouf a été légitime, Grâce à Pape Diouf, l’Om a retrouvé l’équilibre ». Si ce bonhomme-là, après quelques mois, change radicalement de discours, on en revient au fameux mot d’Edgar Faure : « Ce ne sont pas les girouettes qui tournent, mais le vent ». »
 
Quel est le problème avec Vincent Labrune ?
« A la limite, cela me fatigue de parler ou de répondre sur lui car il ne m’intéresse pas. Ce n’est pas de ma faute si, toute modestie mise à part, ma personne l’écrase. Ce n’est pas de ma faute si, à Marseille, on lui parle encore de moi. S’il n’a pas cette capacité de communication qui doit être la marque de l’Om. Quand un président de l’Olympique de Marseille se permet de dire qu’il va être un président à l’anglaise, c’est-à-dire qu’on ne voit pas et qu’on n’entend pas, j’ai envie de dire pourquoi pas un président à l’australienne. A Marseille, un président doit incarner la ville, les supporters, le club. Dire qu’il veut être un président à l’anglaise, c’est méconnaître la ville et la culture de l’Om. Et puis, quand on lit les reproches qui sont dans la tribune (publiée dans L’Equipe qui attaque Pape Diouf sur sa présidence et la gestion du club, ndlr) et la virulence que ses amis et lui ont eue pour que je choisisse de partir de l’Om, s’ils avaient trouvé, en arrivant, un seul chiffre de travers, une seule virgule mal faite, ils se seraient empressés de le faire savoir. Ce n’est pas trois ans plus tard qu’on va venir me chercher des poux. »
 
Si Vincent Labrune parle de président à l’anglaise, votre successeur, Jean Claude Dassier, avait dit : « Je ne serai pas un président à l’africaine ou à la libanaise ».

Est-ce qu’il y a du racisme dans le milieu du football en France ?
« Le racisme est une donnée bien réelle de la société française, donc on ne peut pas l’extirper le football de cette société. On l’a vu dernièrement avec l’histoire des quotas qui n’a jamais été débattue normalement. Par commodité, par lâcheté, certains l’ont occultée. »
 
Lâcheté de qui ?
« Lâcheté de tous. Celle du pouvoir fédéral, de certains journalistes qui n’avaient pas envie ou intérêt que ces choses soient débattues. C’est un débat dont on a fait l’économie beaucoup trop rapidement. La société française est ce qu’elle est ; en sortir le racisme et dire qu’il n’existe pas ce serait angélique et je ne le suis pas. Mais je dois ajouter immédiatement que je n’ai jamais souffert d’un complexe de persécution. Je n’ai jamais dit que c’est parce que je suis noir que je n’ai pas obtenu ceci ou cela. Ce fameux président qui a dit qu’il ne ferait pas une gestion à la libanaise ou à l’africaine, je mettrais cela sous le compte d’une facilité de langage malheureuse et puis je dirais en ce qui le concerne que je le comprends parfaitement même si comprendre quelqu’un n’est pas être d’accord ou approuver son discours. Dès qu’il faisait un pas à Marseille, il entendait mon nom, je peux comprendre que cela puisse l’incommoder à perdre son sang froid. »
 
Quels rapports entretenez-vous avec le Sénégal ?
« Je m’y rends très régulièrement. C’est un rapport quasi mécanique et organique. Lorsqu’il s’est agi de donner mon opinion sur les questions tant sportives que sociétales, je l’ai donnée. J’ai toujours été disponible pour donner mon éclairage dans mes domaines de compétences. Oui, le Sénégal reste le pays de mes origines, mon pays. Les gens savent où me trouver et comment me trouver à chaque fois qu’on a besoin de moi. »
 
Selon vous, où en est le football sénégalais après une élimination au premier tour suivie d’une non qualification aux deux dernières Can ?
« Le président de la Fédération a renouvelé un peu le staff technique. Alain Giresse est arrivé, je pense que c’est une bonne chose. C’est un homme qui connaît déjà l’Afrique. A choisir un entraîneur étranger, je pense que c’est un choix cohérent. Comme il me semblait cohérent si le choix devait se porter sur un entraîneur local de choisir Aliou Cissé. Dans son domaine, il a montré qu’il méritait le poste de sélectionneur. Sous la houlette du président Augustin Senghor, la fédé se bat avec ses moyens. Les choses ne sont jamais simples, surtout quand la plupart des joueurs se trouvent à l’étranger. Je reste relativement confiant que les choses vont s’améliorer. »
 
Le choix d’un entraîneur étranger n’est-il pas un désaveu pour l’expertise locale ?
« Pour moi, il y a un problème avec les entraîneurs locaux. Quand un d’entre eux est choisi, il n’y a pas une solidarité des autres confrères. Certains pensent pourquoi lui et pas moi. Un entraîneur national a des conditions matérielles et financières assez élevées. Et cela suscite une incompréhension, voire de la jalousie, ce qui ne lui facilite pas la tâche. En choisissant un entraîneur étranger, on coupe cette forme de jalousie d’essence locale. On peut réfléchir dans tous les sens pour voir ce qu’il y a de mieux, mais les choses peuvent s’expliquer à défaut de se justifier. »
 
Est-ce que le choix d’Alain Giresse comme sélectionneur national vous semble essentiel ? Sur son palmarès, il n’y a guère qu’une demi-finale avec le Mali… 
  « Il a amené le Mali jusqu’en demi-finale d’une Can. C’est déjà pas mal. Une équipe qui n’avait plus été à ce stade de la compétition depuis l’édition de 2002 qu’elle organisait. Ce qui relativise un peu le résultat (le Mali est aussi allé jusqu’en demi- finale à la Can 2004, ndlr). Mais ce n’est pas comme cela que je vois les choses. Je ne donne jamais de chèque en blanc à qui que ce soit, encore moins à un entraîneur. Je sais trop ce que le football peut présenter d’aléas, d’improbabilités, d’incertitudes pour crier sur tous les toits que tel est l’homme idoine et il nous fera gagner. Je crois simplement que les critères sur lesquels on s’est adossé pour prendre Alain Giresse sont objectifs. Ils sont relativement recevables. Mais les résultats de l’équipe nationale du Sénégal ne seront que ce qu’Alain Giresse et ses joueurs en feront. »
 
Que vous inspire l’organisation, de plus en plus fréquente, des matches amicaux des sélections nationales africaines en France ?
« Je pense que c’est seulement par commodité. Aujourd’hui, c’est plus simple de faire disputer un match Sénégal - Mali en France qu’à Bamako ou à Dakar, pour la simple et bonne raison que l’ensemble des joueurs qui constituent ces deux sélections sont des expatriés et évoluent pour la plupart en France. Donc les réunir en France me paraît logique pour nos fédérations relativement exsangues financièrement, plutôt que de payer des billets d’avion souvent très chers. Cela peut se comprendre même si on peut regretter que le public africain ne soit pas témoin de ces rencontres. Mais avec la multitude des chaines, les matches sont télévisés et vus en Afrique. »

La présence de plus en plus accrue de joueurs français d’origine africaine formés dans les écoles de football en France dans les sélections nationales comme celle du Sénégal ne risque-t-elle pas de pervertir ou d’altérer ce qui était l’essence du football africain ?
« On n’est pas obligé de les prendre. Si un sélectionneur pense que les meilleurs joueurs sont des locaux, la question ne se pose pas. Je pense qu’être né au Sénégal ou en France n’empêche pas quelqu’un d’être citoyen. Dès lors qu’ils sont aptes à répondre à l’appel national. Mais le choix revient au sélectionneur. »

Propos recueillis par Moussa DIOP (correspondant à Paris)



3 Commentaires

  1. Auteur

    Triste

    En Mars, 2013 (16:21 PM)
    mon mari me délaisse et je ne sais pourkoi , ke dois je faire je besoin de conseil svp
  2. Auteur

    Specialiste_00

    En Mars, 2013 (22:48 PM)
    @triste ! Essaie de discuter avec lui, demande lui ce qui ne vas pas, que tu le sens plus...ou essaie de redoubler d'effort ! Du courage et ne soit pas triste... :up: 
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    Auteur

    Ben

    En Mars, 2013 (09:31 AM)
    Fière d'être Sénégalais à Marseille à cause de ce grand Monsieur.



    Merci Pape Diouf
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