Les Sénégalais réfugiés au sein de leur représentation diplomatique à Tripoli n’ont qu’une seule envie : monter dans un avion en direction de leur pays d’origine. Et du côté des parents d’élèves, l’inquiétude réside dans le sort qui sera réservé à la scolarité de leurs progénitures, dont l’année académique a été plomblée par la crise libyenne.
(Envoyé spécial) - Ils ont certes tous été pris de court par les malheureux événements qui ont secoué leur pays d’accueil ces dernières semaines. Pour autant, les Sénégalais établis à Tripoli ne veulent pas tous quitter le pays de Kadhafi. ‘Les jeunes Sénégalais sont fatigués parce que leurs foyers d’hébergement ont été fermés. Mais tous ne sont pas désireux de rentrer. Il y en a qui n’ont jamais quitté leur domicile depuis le début de la crise’, explique le président de l’Association d’entraide des ressortissants sénégalais en Libye (Aersl), Souleymane Kandé dit ‘Demba’. Son vice-président, Saliou Dione, précise que ce n’est pas parce que les jeunes n’ont plus d’argent qu’ils vivent dans des conditions extrêmes. Mais, note-t-il, c’est le contexte difficile de la crise libyenne qui fait que la prise en charge des jeunes réfugiés à l’ambassade demeure complexe. Ce n’est pas évident de s’occuper au quotidien de centaines de jeunes désemparés, avoue-t-il.
Pour le chargé de l’administration de l’Aersl, Mamadou Diamanka, la seule urgence qui vaille est d’organiser le retour dans les meilleurs délais des jeunes Sénégalais qui ont trouvé refuge à l’ambassade du Sénégal à Tripoli. ‘Ces Sénégalais ne sont plus en état de rester en Libye. Il faut les aider à rentrer au pays’, supplie-t-il.
Animé de cette volonté de sortir ces émigrés de l’impasse, Mamadou Diamanka fait remarquer que ‘ceux qui disaient au Sénégal que j’aurais dissuadé les autorités d’affréter un avion pour rapatrier nos compatriotes n’ont rien compris’. Mieux, ajoute notre interlocuteur, ‘ma famille a déjà fait ses valises et elle n’attend qu’un avion pour partir. Je suis seul à vouloir rester en Libye. C’est vous dire que je n’ai aucun intérêt à ce qu’il n’y ait pas d’opérations de rapatriement’.
Mais au-delà de ces opérations pour le retour au bercail, M. Diamanka attend des autorités, surtout celles du ministère de l’Education nationale, ‘la mise en place d’un système efficient devant faciliter la réinsertion des jeunes élèves et lycéens qui étaient inscrits à Tripoli. La plupart des professeurs étrangers de nos enfants sont partis dès que la crise a éclaté. Ces enfants ont vu leur scolarité complètement perturbée’, regrette le chargé de l’administration de l’Aersl. Pour ce Sénégalais, membre du corps professoral libyen, qui s’exprime sous le couvert de l’anonymat, ‘les autorités sénégalaises devront tout faire pour sauver l’année académique des jeunes rapatriés de Tripoli’.
Campagne de diabolisation de la communauté noire
Les ressortissants africains ont été également la principale cible des milices libyennes qui se sont formées spontanément dès les premières manifestations notées dans Tripoli. Ces Africains étaient ainsi en train de payer la campagne de diabolisation entretenue par la presse occidentale présentant les étrangers noirs sous les traits de mercenaires à la solde du colonel Mouammar Kadhafi, fait remarquer le chargé de la gestion et du contrôle de l’Association d’entraide des ressortissants sénégalais en Libye. Abdoulaye Diamanka soutient que la communauté africaine est très mal vue du fait d’une campagne d’intox entretenue par la presse occidentale. ‘Des jeunes Libyens des quartiers de Tripoli se sont constitués en petits groupes pour assurer la sécurité de leur habitat. Et ce sont ces mêmes jeunes qui s’attaquaient aux Africains logés dans les foyers pour les dépouiller de leurs biens’, témoigne notre interlocuteur.
4 Commentaires
Shétété
En Mars, 2011 (04:48 AM)Antibethio
En Mars, 2011 (05:29 AM)Undefined
En Mars, 2011 (06:24 AM)Keysou
En Mars, 2011 (10:07 AM)Participer à la Discussion