Un rapport parlementaire britannique dénonce le comportement et la réaction du secteur humanitaire face aux cas d’exploitation et d’abus sexuels par leur personnel dans le monde.
Il y a plusieurs mois, la presse révélait notamment des abus sexuels commis par certains employés de l’ONG britannique Oxfam après le séisme dévastateur de 2010 en Haïti.
En février 2018, un scandale sexuel éclatait au sein de l’ONG Oxfam : des responsables de l’organisation invitaient des jeunes prostituées dans des maisons et des hôtels payés par l’ONG au Tchad et à Haïti. Le scandale s’était ensuite étendu au Soudan du Sud, où des viols et des tentatives de viols auraient été perpétrés. Dans la foulée de ces révélations, de nombreuses démissions avaient eu lieu au sein d’Oxfam et de nombreuses plaintes avaient été posées à travers le secteur.
Six mois après cette affaire, un rapport parlementaire britannique affirme que le problème de l’exploitation sexuelle est « endémique » dans le secteur de l’aide humanitaire, qui n’en a pas fait assez pour tenter de l’éliminer, une attitude qui frise « la complicité ».
Des ONG plus soucieuses de protéger leur réputation que les victimes
Publié ce mardi, le rapport de la Commission du Développement international de la chambre des Communes estime que l’ampleur du problème est impossible à déterminer mais soupçonne que les cas connus ne sont que le sommet de l’iceberg. « Il y a des cas d’exploitation et d’abus sexuels. Ils ont lieu à travers les organisations, les pays et les institutions. C’est endémique, et ça l’est depuis longtemps », souligne-t-elle.
« La fourniture d’aide aux personnes et communautés en crise a été minée par des prédateurs sexuels qui exploitent des systèmes de gouvernance affaiblis », ajoute la Commission. Les députés recommandent notamment le déploiement d’un registre mondial des travailleurs humanitaires pour empêcher les prédateurs sexuels de se maintenir en passant d’une ONG à une autre.
« Le secteur humanitaire, collectivement, a connaissance depuis des années des cas d’exploitation et d’abus sexuels par son propre personnel mais l’attention qu’il a donnée au problème n’est pas à la hauteur du défi », a déploré le rapport, dénonçant une « culture du déni » au sein des ONG comme des Nations unies. La réponse « molle » du secteur a créé « une impression globale de suffisance, qui frise la complicité », a-t-il ajouté, estimant que les ONG étaient plus soucieuses de protéger leur « réputation » que des victimes.
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