Plusieurs dizaines de personnes regroupées derrière l’ONG Horizon sans frontière ont effectué "une marche de contestation et de protestation", samedi à Dakar, dans une ambiance perlée de chants religieux pour rendre hommage aux ressortissants sénégalais tués à l’étranger.
Quelques personnes se sont rassemblées sur l’esplanade de la Place de la Nation, sous le monument de l’Obélisque, s’apprêtant à effectuer une marche sur le boulevard Général De Gaulle pour dénoncer les assassinats dont sont victimes des Sénégalais vivant à l’étranger.
Tous vêtus de t-shirts blancs à l’effigie d’Ismaïla Faye (29 ans), tué en août dernier à coups de couteau par un citoyen marocain alors qu’il se rendait à Fès au mausolée de Cheikh Ahmed Tidiane Cherif, pour des bénédictions. Son meurtre allongeait le nombre de Sénégalais morts à l’étranger.
Un rapport d’Amnesty International, qui s’est intéressé à la situation des Sénégalais de l’extérieur, a relevé que beaucoup d’entre eux sont tués en Espagne, en Italie, aux Etats-Unis, au Gabon et ailleurs dans le monde.
A l’image du portrait d’Ismaïla Faye imprimée sur les T-shirts, certains avaient mis leurs chapelets autour du cou ou de la main pour, disent-ils, être plus proches de leur ami et frère décédé. Certains tiennent des banderoles et pancartes avec plusieurs slogans, en langue wolof.
‘’Les assassinats dont sont victimes les Sénégalais à l’étranger. Ça suffit !’’, ‘’Non à la violence, tout Khar Yalla pleure son fils Ismaïla Faye’’, ‘’Non à l’impunité, il faut que cela cesse’’. D’autres brandissent les photos de la victime ou tiennent à deux des banderoles lançant un message du genre : ‘’Halte à la série d’assassinats de migrants’’.
Rassemblés sur cette place de la capitale sénégalaise, les premiers arrivés donnent de la voix en entonnant des chants religieux. Un d’entre eux fait flotter le drapeau du Sénégal comme pour camper le décor et l’ambiance de la marche qui va démarrer sous peu.
Le dernier groupe arrive à bord d’une camionnette pour rejoindre le rassemblement. La marche démarre sur des chants religieux et une invite à la population de Colobane à venir gonfler les rangs d’une ‘’marche légitime’’.
Le groupe progresse vers la Radio télévision sénégalaise (RTS), point de chute de la marche, sous l’œil interrogateur et parfois compatissant des riverains et voituriers qui ont eux le temps de lire les messages portaient par les marcheurs.
La marche ne laisse personne indifférent. Les tout-petits viennent se joindre au groupe, mais également aux vieilles personnes comme une grand-mère qui a stoppé son chemin pour demander à son accompagnante : ‘’Pourquoi ces gens-là marchent ?’’.
Une fois le motif de la randonnée donné, la "mamy" envoie un regard approbateur aux jeunes qui poursuivent, déterminés, leur chemin malgré le chaud soleil. Le disque, comme si parfois il donnait sa part de compassion, se montre clément.
Tout au long de la marche, Babacar Sèye, président de l’ONG Horizon sans frontière, réitère son invite à un débat autour de la sécurité des immigrés. Dans ce domaine, soutient-il, aucune législation en matière de droit international ne protège l’intégrité physique du migrant. ‘’La souveraineté appartient au pays d’accueil.’’
Selon lui, sans intégration, il ne peut y avoir d’immigration. ‘’Aujourd’hui, il y a un échec de l’intégration dans le monde. Nous voulons à travers cette marche interpeller la conscience universelle pour qu’il y ait un cadre de débat et de dialogue sur l’immigration internationale.’’
L’immigration est un facteur économique et social, souligne M. Sèye qui enchaîne : ‘’Aujourd’hui, signale-t-il, il nous faut restituer le débat dans un contexte mondial de mobilité croissante des populations car chaque année, plus de 800.000 millions de personnes franchissent les frontières.’’
Le président de l’ONG Horizon sans frontière estime que le renforcement des processus d’intégration culturelle et structurelle dans le monde pourrait faire cesser les assassinats récurrents dans le monde de l’immigration.
L’Afrique de l’Ouest regroupe plus de 42% des migrations intra-africaines et plus de 16,5 millions de migrants sont répertoriés sur l’ensemble de l’Afrique.
En raison de la pertinence de ces chiffres, M. Sèye dénoncé le couplage du ministère des Sénégalais de l’Extérieur à celui des Affaires étrangères. Selon lui, les migrants sont le plus gros bailleur de fonds du Sénégal avec plus de 1000 milliards de francs CFA, ainsi qu’ils forment ‘’un gros poids électoral’’.
Dans les rangs des manifestants, l’ancien chef de la Diplomatie sénégalaise, Alioune Badara Cissé, dit qu’il est venu apporter son ‘’soutien en tant que père de famille et en tant qu’ancien ministre en charge des Sénégalais vivant à l’étranger’’.
Parmi les personnes qui ont pris part à la marche figurent des proches de feu Ismaïla Faye qui ont apprécié cet élan de solidarité. ‘’Nous sommes très contents de ce geste et nous espérons qu’à travers cette marche, cessent les assassinats’’, a dit Maiama Faye, sœur de la victime de Fès.
19 Commentaires
Niit
En Septembre, 2013 (17:28 PM)il faut aussi dire que le comportement de certains de nos compatriote n'honore pas le pays. une marche pour l'integration c'est bon apprendre a vivre hors de son territoir c'est encore mieux.. nous senegalais nous sommes tellement tollerents avec les etrangers qu'on pense que toujours cela se passe toujours comme ça a l'exterieur..... le noir est la race la plus haie partout dans le monde. pour le reste du monde nous ne comptons rien. il faut travailler sur cela au lieu de marcher,,
El Hadj
En Septembre, 2013 (18:01 PM)Personne ne marche pour les crimes régulièrement commis par les agresseurs et autres voleurs, ici au Sénégal. Je répète que la manifestation a commencé sous mes yeux et parfois on sentait le laudateur du jour prononcer, comme qui dirait clandestinement, le nom de cet ancien ministre qui avait vraiment du temps à perdre et qui s'est senti certainement très seul.
Les Sénégalais ne sont plus dupes.
Ibra
En Septembre, 2013 (19:54 PM)Foudre
En Septembre, 2013 (19:57 PM)Stop Les Calomnies
En Septembre, 2013 (20:05 PM)Weuss
En Septembre, 2013 (21:43 PM)la marche est un moyens de sensibilisation, elle peut atteinde tout le monde (politques ou non)
les senegalais meurent ces derniers temps en nombre , il est bien que des gens se levent pour protester ,
imagioner vous un seul occidental pris en otage dans un pays , c'est toute une campagne internationale avec des mobilisations
franchement je felicite HSF ,
JE NE SUIS PAS À DAKAR MAIS JE SERAI VENU MARCHÉ
Big
En Septembre, 2013 (23:00 PM)Houie
En Septembre, 2013 (00:42 AM)Houie
En Septembre, 2013 (00:49 AM)Le Dégoûté
En Septembre, 2013 (04:23 AM)Il paraît que M. Sémou Mama Diop est un écrivain. Il paraît qu’il incarne aujourd’hui, avec quelques autres, la nouvelle garde de la littérature sénégalaise. Il paraît même, affirment les plus hardis, que M. Sémou Mama Diop aurait du talent.
Je dois alors être tombé sur le mauvais livre : car si M. Diop a quelque talent, j’en ai en vain cherché une trace dans son roman Thalès-le-fou.
L’histoire, s’il y en a une, a pour cadre Wakogne, un quartier embourbé dans une profonde misère au sein d’un pays imaginaire, la République démocratique du Jolof. Le narrateur, Thalès, est un fou. Et à travers sa parole de fou, s’incarne toute une galerie de personnages : les jeunes désœuvrés de Wakogne amassés au banc « jaxlé » et rêvant d’Europe, les hommes politiques véreux et facilement identifiables, les habitants du quartier, du marabout charlatan au père de famille irresponsable, de la commère à la vieille veuve, du jeune intègre au vieux libidineux. Tous ces personnages sont supposés représenter des types de la misère sociale, et les interactions entre eux, tenir lieu de scènes de la vie quotidienne. Quant au sujet propre du livre, il est difficile à saisir : « l’émigration ou l’immigration clandestine » nous dit la quatrième de couverture. L’éditeur eût tout aussi bien pu écrire : le mensonge politique, l’injustice sociale, ou encore, la fameuse hypocrisie nationale.
C’est dire que Thalès le fou est un roman touffu, qui brasse beaucoup de thèmes. En soi, cela n’est pas grave. Mais que cette profusion de sujets obstrue le propos l’est. Un roman avec cette ambition eût nécessité du souffle : non seulement littéraire, mais encore, physique. Il semblerait que M. Diop n’ait eu ni l’un ni l’autre : 155 pages, c’est maigre. A vouloir parler de tout, il n’a réellement parlé de rien ; à vouloir tout peindre, il n’a fait qu’esquisser. Aucun thème, aucun personnage n’est développé avec la profondeur qu’il eût fallu ; tous, enfin, sont sans épaisseur.
La dispersion du discours, sa fragmentation, pouvaient dans un sens être justifiés par le fait qu’il était pris en charge par un fou, c’est-à-dire par la figure par excellence de l’errance, du discours déconstruit, a-topique. La quatrième de couverture, encore elle, nous apprend d’ailleurs que le récit suit cette « démarche en diagonale propre au fou de l’échiquier qui côtoie en un simple déplacement les rois et les manants. » Thalès, le narrateur, bouge certes beaucoup, mais la fréquence de ses déplacements n’a d’égale que la légèreté de son discours social. La figure du morosophe, du fou détenteur de sagesse sinon de vérité, pour être saisissante, doit pouvoir imprimer à son propos, aussi décousu soit-il, une certaine puissance. On le sait depuis Erasme et Foucault. Mais nulle trace de cette puissance ici : le discours du narrateur est superficiel, trop rapide.
En vérité, le discours de Thalès sombre très vite dans la répétition, et le roman est infesté de références culturelles potaches, mises en italiques, comme pour dire : « attention, étalage de culture ici, référence en cours. » Une si longue lettre est mêlée à La Grande vadrouille, qui est mêlée à La Comédie humaine, qui est mêlée à Starsky et Hutch, qui est mêlé à La Fontaine, qui est mêlé à Senghor, qui est mêlé au Prince de Machiavel, qui est mêlé au Tartuffe de Molière, etc. L’on finit par croire qu’en écrivant, M. Diop a cherché à prouver que son fou était savant, cultivé. Etonnant, sous ce rapport, qu’il ne se soit pas souvenu de ce mot de Sagan –le connaissait-il ?- : « la culture c’est comme la confiture : moins on en a, plus on l’étale. »
Je ne m’attarderai pas sur le style de ce roman, il est l’un des plus laborieux que j’aie jamais rencontré. Oyez plutôt : « Maintenant que j’ai mis les points sur les i et l’accent grave sur les e pour que vous sachiez que mon ton est grave et que je n’aime pas les familiarités entre lecteur et auteur, je vais vous exposer les raisons qui m’ont poussé à m’étaler et étaler la misère de mon pays et de Wakogne sur ces papiers de fortune. » Ou encore : « Rambo tâta sa braguette et fit glisser le zip. Il nous sortit son instrument, son homo-erectus, un bazooka aussi gros que celui de Sylvester Stallone dans Rambo II la Mission, et je n’ai pas pu m’empêcher de l’imaginer dans la position du missionnaire surarmé cherchant dans la forêt vietnamienne de Grosses Fesses des JA portés disparus… » Je m’en arrête là.
En vérité, ce qui est le plus étrange quant au style de M. Diop, c’est qu’il est souvent qualifié de « trash », de subversif, comme s’il suffisait de mettre bite, cul, couille dans une même phrase pour être trash, comme si la subversion d’un langage se mesurait à sa vulgarité, comme s’il suffisait de mettre des points de suspension, des injures, et un simulacre de gouaille populaire partout pour être estampillé sous-héritier de Céline. Il n’en faut décidément pas beaucoup pour effaroucher les vierges de la critique littéraire sénégalaise qui, comme M. Diop semble-t-il, n’ont pas compris cette chose fondamentale en littérature : que le langage est en lui-même une subversion, et une subversion d’autant plus efficace qu’on ne la surcharge pas d’effets. Qu’on se le dise, M. Diop n’est ni trash ni vulgaire. Il manque de naturel. Il se regarde écrire et rit à ses propres blagues. On le voit arriver à des lieues avec ses gros sabots. C’est un magicien dont les trucs sont connus à l’avance. En somme, c’est un romancier médiocre.
En fin de compte, la seule chose qui m’aura fait marrer dans ce bouquin est la réception qu’il a eue. Il a été interdit au Sénégal, censuré par le président Wade. Et sur ce point, je suis d’accord avec M. Diop : il n’y avait pas de quoi. Vraiment pas.
Tout au long de l’ouvrage, Thalès ne cesse de répéter qu’il veut écrire cette œuvre en six jours comme le Bon Dieu fit la Terre, et se reposer le septième. Dieu au moins a réussi son oeuvre, Lui.
Et aux sept péchés capitaux qui servent d’ossature aux sept chapitres du roman, l’on devrait rajouter un huitième : l’absence de talent littéraire.
Mais qui sait, peut-être M. Diop progressera-t-il. Il faut croire aux miracles. Que je sois allé au bout de ce roman en est bien un, après tout.
Alphaone
En Septembre, 2013 (05:37 AM)Papa
En Septembre, 2013 (09:44 AM)Lildee
En Septembre, 2013 (12:05 PM)Dabakh
En Septembre, 2013 (14:18 PM)Dame
En Septembre, 2013 (09:13 AM)Ous
En Septembre, 2013 (09:36 AM)Immigres
En Septembre, 2013 (10:12 AM)Paranoya
En Septembre, 2013 (10:37 AM)Alpha De Londres En Vacances
En Septembre, 2013 (11:51 AM)que dieu vous garde
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