Des "jurys citoyens" ont été mis en place dans 50 villages de la commune rurale de Koussanar (est) pour identifier les obstacles à la "résilience" des populations à l’insécurité alimentaire, a indiqué lundi Ibrahima Sory Diallo, secrétaire exécutif de l’ONG La Lumière, une structure parmi les auteurs de cette initiative.
Les jurys ont été créés et installés dans cette localité de la région de Tambacounda, dans le cadre du projet 4R dont la mise en œuvre engage, outre La Lumière, Oxfam America et le Programme alimentaire mondial (PAM).
Exécuté depuis début 2013 à Koussanar, à titre expérimental, le projet 4R est en train d’être élargi à d’autres localités des régions de Kolda et Tambacounda, où sont ciblés 18.000 ménages.
Ibrahima Sory Diallo définit la résilience comme la capacité à réagir à une crise ou tension d’ordre alimentaire.
Le projet concerne neuf communes rurales des départements de Tambacounda et Koumpentoum. Il est envisagé de l’étendre, dans les prochaines années, aux régions de Fatick, Kaolack et Kaffrine (centre), a indiqué M. Diallo lors du lancement du "Projet d’engagement communautaire dans le cadre de la résilience dans la région de Tambacounda".
Selon lui, La Lumière, Oxfam America et le PAM cherchent à augmenter le financement de 60 millions de francs CFA affecté au projet 4R.
"Nous intervenons dans 50 villages dans lesquels il y a un jury citoyen", a-t-il indiqué. Les jurys ont pour rôle d’identifier les obstacles à la résilience dans les zones d’intervention du projet et d’en informer les autorités locales et les responsables du projet, explique Ibrahima Sory Diallo.
Pour ce faire, les jurys citoyens rencontrent chaque mois les conseillers communaux et les chefs de village, lors de rencontres dénommées "assises citoyennes".
Le maire d’une commune confrontée à "un problème de résilience" est informé lors de ces assises et doit, s’il ne trouve pas de solution, informer à son tour sa hiérarchie. Ainsi de suite, jusqu’à ce que "les plus hautes autorités" du pays soient informées de la situation alimentaire de la commune, a expliqué M. Diallo.
"Jusqu’ici, la question de la sécurité alimentaire est un débat d’élite. Et pourtant, ce ne sont pas les élites qui vont résoudre l’insécurité alimentaire. C’est à la base, au niveau local, que ce problème sera réglé", a-t-il souligné.
Les jurys citoyens et les assises citoyennes permettent de "pérenniser les acquis" du projet, même après sa mise en œuvre, selon M. Diallo.
Ces instances sont des "mécanismes d’alerte", selon le représentant d’Oxfam America à la cérémonie de lancement du projet pour la région de Tambacounda, Malick Ndome. "Les jurys citoyens sont un outil d’interrelation entre les communautés et les autorités étatiques", a-t-il encore expliqué.
Madior Fall, le représentant du PAM, précise que le projet 4R a une durée d’exécution de cinq ans. Selon lui, cette initiative mise en application pour la première fois en Ethiopie, quand la famine sévissait dans ce pays d’Afrique de l’est, dans les années 1990 notamment. En raison de ses bons résultats, La Lumière, Oxfam America et le PAM ont jugé utile de mettre en œuvre un projet similaire au Sénégal.
Ibrahima Sory Diallo estime que la meilleure façon d’aider les populations dans le domaine alimentaire consiste à les rendre "résilientes". De la sorte, elles vont se passer des "opérations d’urgence" menées pour les protéger de la famine, a-t-il ajouté.
En août et septembre derniers, le PAM a distribué des vivres d’une valeur de 60 millions de francs CFA à quelque 1.600 ménages de la région de Tambacounda, dans le cadre du projet 4R, selon Madior Fall.
ADI/ESF
1 Commentaires
Pepes
En Novembre, 2014 (13:09 PM)Participer à la Discussion