Mariama Diouldé Baldé est en classe de 5e. Elle est déterminée à poursuivre ses études, malgré la volonté contraire de ses parents, qui veulent la donner en mariage à un ressortissant du village de Mankakounda, qui est un émigré aux Etats-Unis. Depuis le début de l’année scolaire, cette fille unique et orpheline de mère est aux prises avec ses parents pour accepter l’offre de mariage du riche émigré qui est «capable de lui donner le bonheur qu’elle espère avoir au bout de ses années de scolarité». De guerre lasse, la fille continue à fréquenter l’école, malgré l’hostilité de toute la maisonnée.
Malheureuse et troublante coïncidence, c’est cette même fille qui, depuis quelques semaines, connaît des malaises quand elle entre en classe. C’est d’abord, selon le principal, M. Konaté, «au cours d’Eps que sa vue s’est embrouillée. Elle tournoyait, ne distinguant rien devant elle. C’est après que M. Aïdara, le prof d’Eps, l’a mise à l’écart et a saisi la direction. La même expérience malheureuse s’est produite au cours d’Anglais avec M. Baldé».
Mariama Diouldé n’en a pas fini avec ses mésaventures. A chaque fois qu’elle est envoyée au tableau, elle ne voit que du noir. Pire, «lors des évaluations semestrielles, après avoir fini de composer et qu’elle a déposée sa copie, voilà que celle-ci se lacère mystérieusement. Le prof surveillant, Yankhoba Gaye, a remplacé, trois fois de suite la copie qui se lacérait toujours. La fille était alors obligée de suspendre sa composition».
Ce n’est pas tout. La même fille qui partage le même cartable qu’une de ses demi-sœurs a retrouvé ses cahiers déchiquetés, un matin, alors qu’elle les avait utilisés, la veille, pour ses révisions. Les cahiers de sa sœur sont, cependant, épargnés. Selon le principal, sa protégée pense que ce qui lui arrive est mystique. Mais qu’elle est déterminée à ne pas interrompre ses études pour le mariage. M. Konaté a saisi le Comité départemental pour la scolarisation des filles pour qu’il rencontre la famille afin de permettre à la pauvre Mariama de terminer, sereinement, l’année scolaire en cours.
Est-ce une manière mystique, pour les parents, de pousser leur fille à accepter l’opportunité de se lier avec un riche émigré ? Ou alors est-ce une revanche de la famille du prétendant qui n’aurait pas pardonné à la fille d’avoir refusé ce lien, après qu’elle a payé toute la dot et pourvu la bien-aimée avec une valise pleine de vêtements ?
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