Lettre ouverte au Président de la République du Sénégal
Monsieur le Président de la République,
Je viens, à travers ces lignes, vous interpeller à un moment aussi important pour l’histoire de notre pays, le Sénégal. En effet, après le combat pour l’indépendance dans les années 50 et celui pour la démocratie, à travers l’alternance politique en 2000, nous voici devant un grand défi : Celui de la justice pour tous et celui de l’équité. Ce défi n’est pas seulement le nôtre, il doit être aussi le vôtre, Monsieur le Président de la République. Et c’est l’occasion ou jamais de ne pas donner raison à votre actuel ministre de l’Intérieur, M. Ousmane Ngom, quand il disait de vous que vous parliez comme un démocrate, tout en agissant comme un autocrate. Montrez aux Sénégalais que vous parlez et agissez comme un démocrate, en ne laissant pas libre cours à tous ces va-t-en-guerre qui s’agitent. Pour que ces derniers se convainquent, une bonne fois pour toute, que le temps des assassinats politiques est révolu et qu’il ne doit plus y avoir au Sénégal d’autres Me Babacar Sèye, le martyre de la démocratie, d’autres Talla Sylla, victime d’une tentative d’assassinat, d’autres Balla Gaye, tué lors de manifestations estudiantines, ou enfin d’autres Kara et Kambel, des journalistes sauvagement agressés par des éléments de la force publique. Les mauvaises images que renvoient ces évènements dramatiques, doivent appartenir à jamais au passé.
Monsieur le Président de la République, le sit-in du 19 mars 2011, date anniversaire de l’alternance démocratique au Sénégal, n’est que le moyen d’expression du refus de l’injustice et de l’oppression sous toutes ses formes. Injustice et oppression, voilà ce qui nous oppose à l’Agence de régulation des télécommunications et des postes (Artp), un organe de répression dépendant de la présidence de la République qui s’active à casser toute société présumée rebelle. Hier, c’est à la Sonatel qu’elle avait voulu soumettre son diktat, aujourd’hui, c’est au tour du groupe de presse Wal Fadjri et demain, ce sera le tour d’autres acteurs économiques qui dérangent. D’ailleurs, la facture du 21 février 2011 portant sur 241 millions 900 mille francs Cfa sur la base de laquelle elle menace de fermer Wal Fadjri Tv, n’a aucun fondement puisque, sur les dix fréquences hertziennes qu’elle nous demande de payer à raison de 20 millions de francs Cfa chacune, nous ne disposons que d’une seule, celle de Dakar. Dans aucune région de l’intérieur du Sénégal, Wal Fadjri Tv ne dispose d’une fréquence hertzienne. Comment peut-on, dès lors, lui demander de payer des fréquences qu’elle n’a pas ? Il s’y ajoute que la dette de 140 millions de francs Cfa réclamée par l’Artp n’existe nulle part.
C’est dire combien est prégnante l’injustice dont nous sommes victimes. Et c’est ce qui m’amène à m’adresser à vous, cette fois-ci, à travers une lettre ouverte. Je le fais parce que nous vivons, à l’heure actuelle, une situation qui polarise l’attention du grand public et où il n’y a pas de place à l’ambiguïté, le contexte étant un contexte de transparence, de clarté dans tout ce qui se fait. Monsieur le Président de la République, il reste que c’est toujours un grand plaisir pour moi de procéder à des échanges épistolaires avec vous. Parce que, non seulement, vous savez m’écouter, mais aussi, vous avez beaucoup de considération pour mes idées et pour mes écrits. J’en veux pour preuve votre prompte réaction à la correspondance que je vous ai fait parvenir le 31 décembre 2009 et portant sur le contentieux vous ayant opposé à l’Eglise du Sénégal, suite à vos déclarations qui avaient fait mal à tous les chrétiens de ce pays. Je vous avais alors suggéré des solutions pouvant nous éloigner de pareilles crises, souvent porteuses de guerres interreligieuses. Et c’est ainsi que vous m’aviez reçu en audience dès le lendemain de la réception de mon courrier, à savoir le 1er janvier 2010, malgré un calendrier très chargé. Au cours de celle-ci, vous m’aviez demandé de vous proposer un homme capable de mettre en œuvre mes suggestions en vue de résoudre durablement cette épineuse affaire. Je me suis exécuté en vous proposant M. Bamba Ndiaye que vous n’aviez jamais connu ni rencontré auparavant bien qu’il fût votre militant. Vous l’avez non seulement nommé ministre-conseiller aux Affaires religieuses et à la Communication, mais vous avez également mis en application toutes mes propositions de sortie de crise concernant ce dossier.
Sur la lancée, je vous avais proposé d’aller vers une normalisation des relations de l’institution que vous représentez avec la presse sénégalaise. Une normalisation devant passer par la restauration du groupe Sud Communication dans ses droits. Certes, au début, vous n’aviez pas voulu en discuter, mais vous avez fini par accepter mes conseils. Et c’est ainsi que les ponts ont pu être rétablis avec ledit groupe de presse par l’intermédiaire de votre dévoué directeur de cabinet, le ministre d’Etat Habib Sy, sur vos instructions. Monsieur le Président de la République, c’est parce que vous avez beaucoup de considération pour ma modeste personne que vous m’aviez étroitement associé à votre médiation dans le brûlant dossier du nucléaire iranien, après m’avoir reçu en audience en début juin 2006, en présence de votre directeur de cabinet d’alors, l’actuel Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye, et de votre conseiller à la presse d’alors, M. Hassane Bâ. Une médiation que vous aviez menée à la demande du Congrès américain, puis de l’Union européenne (Ue). A l’époque, vous aviez considéré qu’au vu de la modestie du poids du Sénégal sur l’échiquier international et de l’immensité du dossier ainsi que sa complexité, vous ne pouviez rien faire, sauf des déclarations tendant à prouver votre bonne volonté. Et je m’étais évertué à vous convaincre que vous pouviez contribuer à la recherche d’une solution à cette crise de dimension mondiale. C’est parce que vous en aviez été convaincu après m’avoir écouté argumenter, que vous m’aviez invité à prendre part au périple devant vous mener d’abord en Chine, puis en Iran. Je me souviens de cette matinée, quand nous avions quitté Shanghai pour Téhéran, via Dubaï. Je vous ai remis, à bord de l’avion présidentiel, une note sur les solutions de sortie de crise. Aussitôt après l’avoir lue, vous m’aviez fait appeler dans le bureau aménagé pour vous à l’avant de l’avion. Vous m’y aviez reçu en présence de votre conseiller diplomatique, M. Paul Diouf, et du conseiller diplomatique au ministère des Affaires étrangères, M. Mankeur Ndiaye. Et après analyse, vous m’aviez demandé d’élaborer le dossier concernant votre visite à Téhéran. Une fois dans la capitale iranienne, vous m’aviez fait assister à votre tête-à-tête avec votre homologue, le président Mahmoud Ahmadinejad, devant qui vous aviez dit beaucoup de bien sur ma modeste personne. Vous m’aviez aussi étroitement associé aux visites que vous aviez rendues aux hommes de décision dans ce pays, à savoir l’ancien président Hachemi Rafsanjani, et l’ancien président et actuel Guide de la Révolution, l’Ayatollah Ali Khamenei. Une médiation qui sera sanctionnée par des résultats extraordinaires, parce que vous aviez sauvé l’humanité d’une guerre nucléaire que la presse anglo-saxonne déclarait alors imminente.
Et je me souviens du témoignage poignant que vous aviez fait sur moi, à votre retour à Dakar, en présence en particulier du Premier ministre d’alors, M. Macky Sall, de votre actuel ministre de l’Intérieur, M. Ousmane Ngom, de M. Cheikh Tidiane Sy, le ministre de la Justice, de votre ministre en charge du Nepad, M. Abdoul Aziz Sow. Tout ce qui précède prouve à suffisance, Monsieur le Président de la République, que je ne suis pas de ceux qui attisent le feu, encore moins de ceux qui s’activent à mener le pays vers le chaos. Au contraire, je reste un éternel combattant pour une paix durable dans notre pays, le Sénégal, et pour un Etat stable parce que juste sans lequel aucun développement n’est possible. Monsieur le Président de la République, le musulman mouride doublé du penseur que vous êtes, a pris un engagement personnel devant son peuple à qui il a fait adopter, par referendum, en 2001, un article 10 dans sa loi fondamentale consacrant le droit de manifester (dont le sit-in fait partie) comme étant un droit inaliénable des citoyens sénégalais. Un droit que vous avez pris l’engagement de respecter. Et Allah le Tout-Puissant dit dans le Coran : «Croyants, respectez vos engagements.» Avant de préciser plus loin que la sanction prévue en cas de non-respect de ses engagements est très sévère. Ce rappel, je le destine au mouride et au président de l’Oci qui a défendu avec courage et des arguments percutants, devant la communauté internationale, l’Islam persécuté et les droits de l’homme bafoués.
Monsieur le Président de la République, je n’ai pas besoin de rappeler que nous ne sommes ni en état d’urgence, ni dans une situation d’exception. Nous ne sommes pas, non plus, dans une société d’exclusion (ni ethnique, ni régionale, ni religieuse, encore moins politique). Il s’y ajoute que le Sénégal a un peuple mûr, responsable. Un peuple patient qui supporte avec stoïcisme des difficultés et des privations de toutes sortes. Ni la cherté de la vie, ni le rationnement au compte-goutte de l’électricité ne parviennent à le sortir de son calme, parce qu’il prend toujours les choses avec philosophie. Et ce peuple a montré sa maturité le 4 avril 2010 quand la marche de protestation de l’opposition réunie dans Benno Siggil Senegaal a été autorisée. Pourtant, le moment choisi était crucial avec la célébration du cinquantenaire de l’indépendance du Sénégal et l’inauguration du Monument de la Renaissance Africaine, en présence de chefs d’Etat hôtes du Sénégal. Que n’avaient pas dit les oiseaux de mauvais augure rien que pour faire interdire cette manifestation. Au final, le seul gagnant de cette manifestation finalement autorisée aura été le Sénégal. Celui de la paix et de la concorde nationale. Faites en sorte, Monsieur le Président de la République, qu’il en soit également ainsi, au soir du 19 mars 2011. C’est la démocratie sénégalaise qui en sortira renforcée et l’image de notre pays n’en sera que plus resplendissante.
Dakar, le 13 Mars 2011 Sidy Lamine NIASSE Président-Directeur Général Groupe Wal Fadjri
REPONSE DU CHEF DE L’ETAT A SIDY LAMINE NIASSE
Monsieur le Président Directeur Général,
J’accuse réception de votre lettre du 13 mars par laquelle vous soulevez d’abord une injustice qui aurait été commise à votre endroit par l’Artp qui serait en train de vous réclamer des droits que vous estimez ne pas devoir. La loi ouvre à tout citoyen qui s’estime victime d’une décision émanant d’une des structures de l’Administration des voies de recours dont la saisine du Président de la République. Au lieu de cela, vous avez préféré appeler à l’émeute et à l’insurrection. Cette attitude n’est pas celle d’un citoyen responsable. Dans le passé, vous avez eu à me soumettre des réclamations qui, après examen, ont été satisfaites conformément à la loi. En l’espèce, je vous conseille d’user des voies de recours légales au lieu d’ameuter la population que vous semblez mésestimer. En second lieu, vous manifestez une inquiétude au sujet d’un sit-in que vous voulez organiser le 19 mars et auquel vous avez convié les populations. Vous appréhendez, a priori, que l’Administration pourrait l’interdire. Je vous remercie d’abord de me rappeler les dispositions que j’ai introduites dans notre Constitution qui garantissent la liberté d’expression sous toutes ses formes. Cette liberté, comme les autres, a toujours été respectée depuis l’alternance et je veille à ce qu’il en soit toujours ainsi. J’ai interrogé le Ministre de l’Intérieur qui m’a répondu qu’il avait reçu plusieurs demandes de manifestations, dont la vôtre. Je vous rappelle, en tant que de besoin, qu’aujourd’hui, il n’est pas nécessaire d’obtenir une autorisation pour tenir une réunion publique. La seule déclaration suffit. L’Administration examine alors avec le requérant les modalités qui portent sur la forme et non sur le fond d’un droit intangible. Le Ministre de l’Intérieur ne peut interdire une réunion que dans les cas prévus par la loi et sa décision doit être motivée de façon à ouvrir les possibilités de recours. J’ajoute que le refus ne peut pas être la règle mais l’exception. Le Ministre de l’Intérieur est un homme de droit qui a toute ma confiance pour l’application loyale de la loi dans le cadre de ma philosophie de respect des droits et libertés. Veuillez agréer, Monsieur le Président Directeur Général, l’expression de mes meilleures salutations et celle de mes sentiments patriotiques.
Dakar, le 15 Mars 2011 Abdoulaye WADE Président de la République
Monsieur le Président de la République,
Je viens, à travers ces lignes, vous interpeller à un moment aussi important pour l’histoire de notre pays, le Sénégal. En effet, après le combat pour l’indépendance dans les années 50 et celui pour la démocratie, à travers l’alternance politique en 2000, nous voici devant un grand défi : Celui de la justice pour tous et celui de l’équité. Ce défi n’est pas seulement le nôtre, il doit être aussi le vôtre, Monsieur le Président de la République. Et c’est l’occasion ou jamais de ne pas donner raison à votre actuel ministre de l’Intérieur, M. Ousmane Ngom, quand il disait de vous que vous parliez comme un démocrate, tout en agissant comme un autocrate. Montrez aux Sénégalais que vous parlez et agissez comme un démocrate, en ne laissant pas libre cours à tous ces va-t-en-guerre qui s’agitent. Pour que ces derniers se convainquent, une bonne fois pour toute, que le temps des assassinats politiques est révolu et qu’il ne doit plus y avoir au Sénégal d’autres Me Babacar Sèye, le martyre de la démocratie, d’autres Talla Sylla, victime d’une tentative d’assassinat, d’autres Balla Gaye, tué lors de manifestations estudiantines, ou enfin d’autres Kara et Kambel, des journalistes sauvagement agressés par des éléments de la force publique. Les mauvaises images que renvoient ces évènements dramatiques, doivent appartenir à jamais au passé.
Monsieur le Président de la République, le sit-in du 19 mars 2011, date anniversaire de l’alternance démocratique au Sénégal, n’est que le moyen d’expression du refus de l’injustice et de l’oppression sous toutes ses formes. Injustice et oppression, voilà ce qui nous oppose à l’Agence de régulation des télécommunications et des postes (Artp), un organe de répression dépendant de la présidence de la République qui s’active à casser toute société présumée rebelle. Hier, c’est à la Sonatel qu’elle avait voulu soumettre son diktat, aujourd’hui, c’est au tour du groupe de presse Wal Fadjri et demain, ce sera le tour d’autres acteurs économiques qui dérangent. D’ailleurs, la facture du 21 février 2011 portant sur 241 millions 900 mille francs Cfa sur la base de laquelle elle menace de fermer Wal Fadjri Tv, n’a aucun fondement puisque, sur les dix fréquences hertziennes qu’elle nous demande de payer à raison de 20 millions de francs Cfa chacune, nous ne disposons que d’une seule, celle de Dakar. Dans aucune région de l’intérieur du Sénégal, Wal Fadjri Tv ne dispose d’une fréquence hertzienne. Comment peut-on, dès lors, lui demander de payer des fréquences qu’elle n’a pas ? Il s’y ajoute que la dette de 140 millions de francs Cfa réclamée par l’Artp n’existe nulle part.
C’est dire combien est prégnante l’injustice dont nous sommes victimes. Et c’est ce qui m’amène à m’adresser à vous, cette fois-ci, à travers une lettre ouverte. Je le fais parce que nous vivons, à l’heure actuelle, une situation qui polarise l’attention du grand public et où il n’y a pas de place à l’ambiguïté, le contexte étant un contexte de transparence, de clarté dans tout ce qui se fait. Monsieur le Président de la République, il reste que c’est toujours un grand plaisir pour moi de procéder à des échanges épistolaires avec vous. Parce que, non seulement, vous savez m’écouter, mais aussi, vous avez beaucoup de considération pour mes idées et pour mes écrits. J’en veux pour preuve votre prompte réaction à la correspondance que je vous ai fait parvenir le 31 décembre 2009 et portant sur le contentieux vous ayant opposé à l’Eglise du Sénégal, suite à vos déclarations qui avaient fait mal à tous les chrétiens de ce pays. Je vous avais alors suggéré des solutions pouvant nous éloigner de pareilles crises, souvent porteuses de guerres interreligieuses. Et c’est ainsi que vous m’aviez reçu en audience dès le lendemain de la réception de mon courrier, à savoir le 1er janvier 2010, malgré un calendrier très chargé. Au cours de celle-ci, vous m’aviez demandé de vous proposer un homme capable de mettre en œuvre mes suggestions en vue de résoudre durablement cette épineuse affaire. Je me suis exécuté en vous proposant M. Bamba Ndiaye que vous n’aviez jamais connu ni rencontré auparavant bien qu’il fût votre militant. Vous l’avez non seulement nommé ministre-conseiller aux Affaires religieuses et à la Communication, mais vous avez également mis en application toutes mes propositions de sortie de crise concernant ce dossier.
Sur la lancée, je vous avais proposé d’aller vers une normalisation des relations de l’institution que vous représentez avec la presse sénégalaise. Une normalisation devant passer par la restauration du groupe Sud Communication dans ses droits. Certes, au début, vous n’aviez pas voulu en discuter, mais vous avez fini par accepter mes conseils. Et c’est ainsi que les ponts ont pu être rétablis avec ledit groupe de presse par l’intermédiaire de votre dévoué directeur de cabinet, le ministre d’Etat Habib Sy, sur vos instructions. Monsieur le Président de la République, c’est parce que vous avez beaucoup de considération pour ma modeste personne que vous m’aviez étroitement associé à votre médiation dans le brûlant dossier du nucléaire iranien, après m’avoir reçu en audience en début juin 2006, en présence de votre directeur de cabinet d’alors, l’actuel Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye, et de votre conseiller à la presse d’alors, M. Hassane Bâ. Une médiation que vous aviez menée à la demande du Congrès américain, puis de l’Union européenne (Ue). A l’époque, vous aviez considéré qu’au vu de la modestie du poids du Sénégal sur l’échiquier international et de l’immensité du dossier ainsi que sa complexité, vous ne pouviez rien faire, sauf des déclarations tendant à prouver votre bonne volonté. Et je m’étais évertué à vous convaincre que vous pouviez contribuer à la recherche d’une solution à cette crise de dimension mondiale. C’est parce que vous en aviez été convaincu après m’avoir écouté argumenter, que vous m’aviez invité à prendre part au périple devant vous mener d’abord en Chine, puis en Iran. Je me souviens de cette matinée, quand nous avions quitté Shanghai pour Téhéran, via Dubaï. Je vous ai remis, à bord de l’avion présidentiel, une note sur les solutions de sortie de crise. Aussitôt après l’avoir lue, vous m’aviez fait appeler dans le bureau aménagé pour vous à l’avant de l’avion. Vous m’y aviez reçu en présence de votre conseiller diplomatique, M. Paul Diouf, et du conseiller diplomatique au ministère des Affaires étrangères, M. Mankeur Ndiaye. Et après analyse, vous m’aviez demandé d’élaborer le dossier concernant votre visite à Téhéran. Une fois dans la capitale iranienne, vous m’aviez fait assister à votre tête-à-tête avec votre homologue, le président Mahmoud Ahmadinejad, devant qui vous aviez dit beaucoup de bien sur ma modeste personne. Vous m’aviez aussi étroitement associé aux visites que vous aviez rendues aux hommes de décision dans ce pays, à savoir l’ancien président Hachemi Rafsanjani, et l’ancien président et actuel Guide de la Révolution, l’Ayatollah Ali Khamenei. Une médiation qui sera sanctionnée par des résultats extraordinaires, parce que vous aviez sauvé l’humanité d’une guerre nucléaire que la presse anglo-saxonne déclarait alors imminente.
Et je me souviens du témoignage poignant que vous aviez fait sur moi, à votre retour à Dakar, en présence en particulier du Premier ministre d’alors, M. Macky Sall, de votre actuel ministre de l’Intérieur, M. Ousmane Ngom, de M. Cheikh Tidiane Sy, le ministre de la Justice, de votre ministre en charge du Nepad, M. Abdoul Aziz Sow. Tout ce qui précède prouve à suffisance, Monsieur le Président de la République, que je ne suis pas de ceux qui attisent le feu, encore moins de ceux qui s’activent à mener le pays vers le chaos. Au contraire, je reste un éternel combattant pour une paix durable dans notre pays, le Sénégal, et pour un Etat stable parce que juste sans lequel aucun développement n’est possible. Monsieur le Président de la République, le musulman mouride doublé du penseur que vous êtes, a pris un engagement personnel devant son peuple à qui il a fait adopter, par referendum, en 2001, un article 10 dans sa loi fondamentale consacrant le droit de manifester (dont le sit-in fait partie) comme étant un droit inaliénable des citoyens sénégalais. Un droit que vous avez pris l’engagement de respecter. Et Allah le Tout-Puissant dit dans le Coran : «Croyants, respectez vos engagements.» Avant de préciser plus loin que la sanction prévue en cas de non-respect de ses engagements est très sévère. Ce rappel, je le destine au mouride et au président de l’Oci qui a défendu avec courage et des arguments percutants, devant la communauté internationale, l’Islam persécuté et les droits de l’homme bafoués.
Monsieur le Président de la République, je n’ai pas besoin de rappeler que nous ne sommes ni en état d’urgence, ni dans une situation d’exception. Nous ne sommes pas, non plus, dans une société d’exclusion (ni ethnique, ni régionale, ni religieuse, encore moins politique). Il s’y ajoute que le Sénégal a un peuple mûr, responsable. Un peuple patient qui supporte avec stoïcisme des difficultés et des privations de toutes sortes. Ni la cherté de la vie, ni le rationnement au compte-goutte de l’électricité ne parviennent à le sortir de son calme, parce qu’il prend toujours les choses avec philosophie. Et ce peuple a montré sa maturité le 4 avril 2010 quand la marche de protestation de l’opposition réunie dans Benno Siggil Senegaal a été autorisée. Pourtant, le moment choisi était crucial avec la célébration du cinquantenaire de l’indépendance du Sénégal et l’inauguration du Monument de la Renaissance Africaine, en présence de chefs d’Etat hôtes du Sénégal. Que n’avaient pas dit les oiseaux de mauvais augure rien que pour faire interdire cette manifestation. Au final, le seul gagnant de cette manifestation finalement autorisée aura été le Sénégal. Celui de la paix et de la concorde nationale. Faites en sorte, Monsieur le Président de la République, qu’il en soit également ainsi, au soir du 19 mars 2011. C’est la démocratie sénégalaise qui en sortira renforcée et l’image de notre pays n’en sera que plus resplendissante.
Dakar, le 13 Mars 2011 Sidy Lamine NIASSE Président-Directeur Général Groupe Wal Fadjri
REPONSE DU CHEF DE L’ETAT A SIDY LAMINE NIASSE
Monsieur le Président Directeur Général,
J’accuse réception de votre lettre du 13 mars par laquelle vous soulevez d’abord une injustice qui aurait été commise à votre endroit par l’Artp qui serait en train de vous réclamer des droits que vous estimez ne pas devoir. La loi ouvre à tout citoyen qui s’estime victime d’une décision émanant d’une des structures de l’Administration des voies de recours dont la saisine du Président de la République. Au lieu de cela, vous avez préféré appeler à l’émeute et à l’insurrection. Cette attitude n’est pas celle d’un citoyen responsable. Dans le passé, vous avez eu à me soumettre des réclamations qui, après examen, ont été satisfaites conformément à la loi. En l’espèce, je vous conseille d’user des voies de recours légales au lieu d’ameuter la population que vous semblez mésestimer. En second lieu, vous manifestez une inquiétude au sujet d’un sit-in que vous voulez organiser le 19 mars et auquel vous avez convié les populations. Vous appréhendez, a priori, que l’Administration pourrait l’interdire. Je vous remercie d’abord de me rappeler les dispositions que j’ai introduites dans notre Constitution qui garantissent la liberté d’expression sous toutes ses formes. Cette liberté, comme les autres, a toujours été respectée depuis l’alternance et je veille à ce qu’il en soit toujours ainsi. J’ai interrogé le Ministre de l’Intérieur qui m’a répondu qu’il avait reçu plusieurs demandes de manifestations, dont la vôtre. Je vous rappelle, en tant que de besoin, qu’aujourd’hui, il n’est pas nécessaire d’obtenir une autorisation pour tenir une réunion publique. La seule déclaration suffit. L’Administration examine alors avec le requérant les modalités qui portent sur la forme et non sur le fond d’un droit intangible. Le Ministre de l’Intérieur ne peut interdire une réunion que dans les cas prévus par la loi et sa décision doit être motivée de façon à ouvrir les possibilités de recours. J’ajoute que le refus ne peut pas être la règle mais l’exception. Le Ministre de l’Intérieur est un homme de droit qui a toute ma confiance pour l’application loyale de la loi dans le cadre de ma philosophie de respect des droits et libertés. Veuillez agréer, Monsieur le Président Directeur Général, l’expression de mes meilleures salutations et celle de mes sentiments patriotiques.
Dakar, le 15 Mars 2011 Abdoulaye WADE Président de la République
22 Commentaires
Sanekh
En Mars, 2011 (10:55 AM)Undefined
En Mars, 2011 (10:58 AM)Undefined
En Mars, 2011 (11:02 AM)Undefined
En Mars, 2011 (11:10 AM)Locot
En Mars, 2011 (11:11 AM)Saf Sapp
En Mars, 2011 (11:11 AM)Undefined
En Mars, 2011 (11:20 AM)Ngakham1
En Mars, 2011 (11:21 AM)merci
Undefined
En Mars, 2011 (11:25 AM)Gafi
En Mars, 2011 (11:35 AM)Zoom
En Mars, 2011 (11:46 AM)Dddd
En Mars, 2011 (11:55 AM)Undefined
En Mars, 2011 (12:06 PM)Tikiss
En Mars, 2011 (12:11 PM)ca c notre droit le plus absolu et celui ki soutien le contraire né pas democrate
si vous voulé pas mettre le pays en feu laissez le peuple sexprimé
Damel
En Mars, 2011 (12:51 PM)Diome
En Mars, 2011 (13:35 PM)wa senegal nak kham len sen bopp ! sidi lamine bou amé pb naka reglel bopam ! kou si gnakeu fayda baye manifesté pour sidi lamine nak loula si dal yaaka tekk sa boop !
Weurguedieu
En Mars, 2011 (15:43 PM)Cab
En Mars, 2011 (18:35 PM)que l'autorité prenne toutes ses responsabilités pour un Sénégal de paix
Fangar
En Mars, 2011 (19:18 PM)Observateur
En Mars, 2011 (19:40 PM)Sope Nabi
En Mars, 2011 (00:03 AM)Lectrice
En Mars, 2011 (06:45 AM)Participer à la Discussion