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Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Sport

Aziz Ndiaye, promoteur de lutte: « Je n’ai plus de relation particulière avec Balla Gaye 2 »

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Aziz Ndiaye, promoteur de lutte

Hier, jeune sénégalais de 25 ans, fils d’un grand commerçant, Aziz Ndiaye s’est glissé, par passion, dans le monde musclé de la lutte sénégalaise, en tant que promoteur. Après une période de balbutiement, l’homme avait pris un recul pour mieux sauter. Son retour en 2011 fut gagnant. Mais aujourd’hui, le promoteur est sur le chemin d’un retrait qu’il dit vouloir définitif. Il n’a plus le feeling de la lutte. Aziz est retourné à ce qu’il sait faire le mieux : le business. Trouvé dans les locaux de ABC (Aziz Business Company), sa compagnie orientée dans le commerce, le transport, l’import-export et l’agro-alimentaire, le futur ex-promoteur est largement revenu sur ce qui lui reste dans l’arène, ses regrets, la crise de l’arène, sa relation avec les lutteurs et surtout avec Gaston Mbengue, avec qui il compte organiser un combat, cette saison. 
La saison de lutte 2015-2016 est ouverte depuis le 1er octobre. Les affiches se montent timidement. Et Aziz Production ne s’est pas encore signalée. Comment se porte votre structure ? 
Ça va, Aziz Production se porte bien. On est là. Mais comme dans tout ce qu’on fait, on travaille avec des perspectives et en planifiant. Depuis deux ans, on a annoncé la couleur par rapport à notre position dans la lutte. Depuis l’année dernière, on avait dit qu’on organisera au maximum un combat, cette saison. Le plus important, c’est qu’on veut faire un combat, chaque année. 
Aziz Production faisait le plein, chaque saison. Qu’est-ce qui explique cette nouvelle position de vouloir faire un combat par saison ? 
Actuellement, Aziz Production a atteint ses objectifs dans l’arène. Notre objectif au départ, était, en tant que jeune, de jouer notre partition dans le développement de la lutte. On voulait faire le maximum pour montrer qu’étant jeune, on pouvait être leader dans ce qu’on entreprend. Quand je me lançais dans le métier de promoteur de lutte, j’étais très jeune. Je n’avais que 25 ans. C’était en 2005. On a progressé jusqu’à atteindre un niveau où on ne peut plus parler de la lutte sénégalaise sans citer Aziz Production. C’était notre objectif. Et quand on atteint ses objectifs, on n’a plus rien à prouver. Quand on arrivait dans ce milieu, on était des petits, on nous appelait même les benjamins. Aujourd’hui, si on n’est pas leader, on n’en est pas très loin. 
Un combat par saison, n’est-ce pas une manière de quitter progressivement l’arène ? 
Je le dis franchement. Maintenant, je ne me sens plus comme un promoteur de lutte. Quand je l’étais vraiment, j’étais très actif, comme je l’avais fait en 2011, 2012 et 2013. J’étais un promoteur actif qui organisait des combats et qui ne vivait que de la lutte. J’y avais concentré toutes mes activités. Maintenant, ce n’est plus le cas. A l’époque, j’avais un challenge : être leader ou organiser les plus grands combats. Je l’ai fait et je l’ai réussi. Donc, il ne reste plus rien. 
Est-ce que, par ailleurs, le business d’organiser des combats de lutte qui bat de l’ail, comme on dit partout, n’explique pas, en partie, votre retrait ? 
Pour dire la vérité, le business de la lutte ne marche plus comme avant. Honnêtement, ça ne marche plus. Je le dis depuis deux ans. J’avais dis que j’allais me retirer d’ici deux ans. Je savais où allait la lutte, quand je prenais cette décision. Qu’on le dise ou pas, la lutte a perdu de sa superbe. Elle n’a plus sa valeur d’avant. La lutte drainait beaucoup de foule, beaucoup de sponsors, beaucoup de passion et beaucoup de suspense. Ce n’est plus le cas. La lutte a perdu tout ce qui faisait son charme. Un événement de la lutte, ça se préparait. Ça s’internationalisait même. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Le véritable business de la lutte ne marche plus. On l’avait senti et pris notre décision. 
Quelle est la racine du mal de la lutte, à votre avis ? 
On peut dire que la lutte avait pris une vitesse de croisière qu’elle ne supportait pas. C’est comme dans la vie. Prenez une pierre que vous lancez en l’air. Après avoir atteint une certaine hauteur, elle va retomber. La lutte aussi avait atteint son sommet et là, elle est sur une pente descendante. 
Vous êtes certainement du lot des promoteurs qui ont fait atteindre à la lutte cette vitesse de croisière, source de problème aujourd’hui. Reconnaissez-vous être à l’origine du développement comme du blocage de la lutte ? 
Lorsqu’on payait de gros cachets, la lutte se vendait très bien. Les sponsors accouraient et nous fabriquions du spectacle avec beaucoup de suspense, parce que les combats étaient de haute facture. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Beaucoup de facteurs plombent la lutte. Les cachets dépendaient du contexte. Avec des partenaires, de bons sponsors, de bons produits, on peut faire de très bons combats et payer n’importe quel cachet. Maintenant, il n’y a que des combats revanche. Il n’y a plus de combats vedette. Actuellement, toutes les probables affiches n’ont pas ce challenge qui fera courir. Depuis la chute de Yékini, la lutte a chuté. Le challenge avec Yékini, c’est qu’il était le seul invaincu pendant 15 ans. Tout le monde voulait être comme lui. Aujourd’hui, il n’y a plus un lutteur qui puisse tenir haut le flambeau et dont les combats peuvent alimenter du suspense. 
Ne pensez-vous pas que certains sponsors se sont retirés, parce qu’ils ont atteint leur objectif ou tout simplement, qu’on ne leur propose plus de bons produits ? 
Pour les sponsors, il y a beaucoup de paramètres. A chaque sponsor, son intérêt. Il y en a qui cherchent la visibilité, d’autres un retour sur investissement, d’autres, la rentabilité. Chaque promoteur a aussi un produit à proposer aux sponsors. Il y a des sponsors qui mettent le paquet, quand ça vaut le coup. Je prends l’exemple de Sentel. Au moment de passer à Tigo, Sentel a mis le prix pour la communication. A ce moment, en 2006, j’avais bénéficié de ce passage de Sentel à Tigo. Chaque sponsor a son objectif. Et tous les sponsors qui ont atteint leur objectif ont quitté l’arène. Quand ils n’ont plus rien à prouver, quand ils ont la position commerciale cherchée, ils tournent le dos à la lutte. 
Est-ce qu’il y a des combats de lutte qui peuvent faire courir des sponsors ou ce sont les sponsors qui dictent les combats qu’ils souhaitent financer ? 
Personnellement, jamais un sponsor ne m’a dicté un combat. Je monte mes propres combats, avant d’aller démarcher des sponsors. On avait des stratégies pour vendre nos événements aux sponsors. Autant il y a des combats intéressants, autant il y a aussi des lutteurs dont l’image jouait sur les sponsors. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Tous les lutteurs sont, aujourd’hui, utilisés à outrance par les sponsors. Et comme on dit, trop de communication tue la communication. Cela dit, les lutteurs n’ont plus aucune valeur marchande. 
Et jusqu’où ira cette chute de la lutte ? 
Seuls les lutteurs peuvent redresser la barre, à condition qu’ils acceptent de réduire leurs cachets, pour que la lutte redémarre sur de nouvelles bases. Le contexte actuel ne permet à aucun promoteur de faire des folies. La preuve, les promoteurs ne s’arrachent plus de combat. Il n’y a plus de surenchère. Tout est retourné à la case départ. Les gros cachets et toutes les folies qui allaient avec ne peuvent plus continuer. Les lutteurs ne veulent pas comprendre la situation actuelle. Mais, s’ils se réfèrent au nombre de leurs pairs qui font une année blanche, ils comprendront que la situation est critique. La saison passée, par exemple, beaucoup de combats n’ont été sauvés qu’à la dernière minute. D’autres ont été reportés. Des promoteurs doivent de l’argent à des lutteurs. Il y a eu beaucoup de signes qui montrent que le problème est réel, mais les gens ne les décryptent pas. Il faut revoir les cachets à la baisse, sans quoi, il n’y aura plus de combats. Aziz Production a pris les devants depuis 2 ans. En 2013, on avait signé des contrats qui avoisinaient le milliard. En 2014, on a fait la moitié. En 2015, on a juste fait un combat de rattrapage Gris Bordeaux-Tyson. Il y avait des difficultés, mais le fait d’avoir signé avec beaucoup de partenaires nous a sauvés. Depuis qu’on est dans la lutte, on a eu la chance de s’en sortir. Les sponsors suivaient bien. Ce qui n’est plus le cas. 
Vous est-il arrivé de subir une perte sur investissement ? 
Pour dire vrai, Aziz Production n’a jamais perdu sur une saison. La lutte m’a apporté beaucoup de choses, m’a permis d’avoir beaucoup d’opportunités, beaucoup de relations, beaucoup de privilèges. La lutte m’a ouvert beaucoup de portes. Je n’ai pas de problème avec la lutte. Un promoteur qui a un problème, c’est celui qui doit de l’argent à des lutteurs. Moi, je ne traine aucune dette. Je n’ai pas eu de problèmes avec des sponsors. J’ai honoré tous mes contrats. Il m’arrivait de payer des cachets de plus de 100 millions. J’avais payé à Modou Lô 135 millions pour son combat contre Eumeu Sène qui a touché 115 millions. Balla Gaye 2 a touché plus de 140 millions, face à Tapha Tine. Le combat Gris Bordeaux – Tyson m’a coûté presque 200 millions. Dieu merci, je n’ai jamais eu de retards de paiement ou quoi que ce soit. Je fais tout nettement parce que je planifie tout. Aujourd’hui, je n’ai plus ce challenge. 
Etes-vous poussé hors de l’arène du fait de l’ingratitude dont on accuse certains lutteurs et/ou d’autres coups bas du milieu ? 
Bien sûr. Il y a beaucoup de coups bas, beaucoup d’ingratitude. Nombre de gens ne sont pas sincères. On a vécu ces coups bas comme tout le monde, mais on a géré avec tact. J’ai la tête sur les épaules. Je n’ai pas de problèmes. Avec toutes les déceptions dans certaines relations, j’ai su gérer. Je suis zen. 
Y a-t-il une relation que vous regrettez aujourd’hui ? 
Le comportement de certains… Vous savez, dans la vie, il faut savoir perdre avec dignité. Il y a des lutteurs qui, s’ils perdent un combat, perdent la raison. Certains comportements peuvent me dégouter. Mais comme j’étais préparé à tout ça, j’ai su gérer. J’ai fait deux temps, parce que j’étais là en 2005 et je suis parti en 2006. Je suis allé apprendre la finance, le montage des combats, comment démarcher des sponsors. Quand j’ai été assez bien outillé, je suis revenu en 2011 pour faire le plein. 
Que sont devenues vos relations avec Balla Gaye 2 ? 
Je ne parle pas des lutteurs. Ma relation avec Balla Gaye 2 est, aujourd’hui, la même que j’ai avec les autres lutteurs. Il n’y a plus de privilège pour qui que ce soit. Maintenant, tous les lutteurs sont au même pied, à mes yeux. Nos relations se limitent au business. En dehors de ça, je n’ai plus de relation particulière avec lui.  
Un combat vous tente-t-il présentement ? 
Il n’y a aucun combat qui me tente. On veut faire un combat, Gaston Mbengue et moi. Comme il l’a bien dit. Si je dois faire un combat, ce sera avec Gaston Mbengue. Si les lutteurs sont raisonnables, on peut organiser un combat pour faire plaisir aux amateurs. Ça peut être un Balla Gaye 2-Gris Bordeaux, ou un Balla Gaye-Yékini ou encore Bombardier-Yékini… 
Est-ce à dire qu’aujourd’hui, un promoteur ne peut, à lui seul, monter un grand combat ?
J’ai fait seul tous mes grands combats. Aujourd’hui, j’ai des relations avec Gaston Mbengue qui dépassent le métier de promoteur. C’est un pacte qu’on a signé depuis l’année passée. Notre relation va au-delà de la lutte. On est sur d’autres business, sur des relations d’affaires. Si je dois organiser un combat cette année, ce sera en collaboration avec Gaston. 
Quelles relations avez-vous avec les autres promoteurs ? 
Je n’ai de problème avec aucun promoteur. Samedi passé, j’ai eu Luc Nicolaï au téléphone, parce qu’une certaine presse me disait en train démarcher le combat Modou Lô-Gris Bordeaux, alors que Luc est sur l’affiche Balla Gaye 2-Modou Lô. C’était pour le rassurer que je ne démarche aucun combat. La lutte n’est plus ma priorité. 
Qu’est-ce qui peut alors sauver le sport de chez nous ? 
Que les lutteurs soient raisonnables. S’ils ne le sont pas, je ne crois pas qu’il y aura un promoteur qui les suive sur leur entêtement cupide. Quel cachet estimez-vous raisonnable pour un lutteur estampillé Vip ? II n’y a plus de Vip dans l’arène. D’ailleurs, que veut dire Vip ? Ils ont tous eu deux défaites ou plus. Tous les lutteurs se valent maintenant. Il n’y a plus de véritable Vip. Tout ce qui existe, c’est vouloir trop gagner. Le cachet raisonnable, celui que je peux payer, les yeux fermés, c’est 50 millions. Si je dois dépasser cette somme, je ne vais pas organiser de combat. Gaston et moi ne dépasserons un cachet de plus 50 millions pour n’importe quel lutteur. Si je suis encore là, c’est parce que je suis redevable à la lutte qui m’a beaucoup donné. Je ne veux même plus gagner de l’argent à travers la lutte. Je ne cherche plus d’argent dans la lutte. 
IDRISSA SANE



4 Commentaires

  1. Auteur

    Futurspresidents

    En Octobre, 2015 (17:28 PM)
    DOCTEUR ABDOURAHMANE DIOUF 2017

    PIERRE GOUDIABY ATEPA 2017

    MAGUATTE WADE 2017

    GENERAL ABDOULAYE FALL EX CEMGA 2017

    GENERAL MANSOUR SECK 2017

    AMSATOU SOW SIDIBE 2017

    AUGUSTIN SENGHOR 2017









     :sunugaal:  :sunugaal:  :sunugaal: 
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  2. Auteur

    Anonyme

    En Octobre, 2015 (17:31 PM)
    www.degdeug.com







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    L'Info en toute liberté
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    Auteur

    @futurs Présidents

    En Octobre, 2015 (18:07 PM)
    Et Gaston Mbengue :thumbsup: 
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    Auteur

    Anonyme

    En Octobre, 2015 (10:42 AM)
    Yenna Xex Yekini nak.
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