CONFLIT AVEC LA TUTELLE, LIMOGEAGE D’AMARA TRAORE ET CHOIX DE LECHANTRE : Ces fautes lourdes qui disqualifient la Fédération

Après le faux-bond de Pierre Lechantre, qui a décidé de renoncer à diriger l’équipe nationale du Sénégal, préférant prolonger son contrat avec le club Qatari d’Al Arabi, les responsables de la Fédération sénégalaise de football (Fsf) qui ont limogé Amara Traoré pour «faute lourde», sont définitivement disqualifiés pour gérer la discipline. Eux aussi doivent partir pour avoir commis au moins trois fautes lourdes en l’espace de six mois qui leur ôtent tout crédit, autant aux yeux de la famille du football que de l’opinion nationale et internationale. 

La première faute lourde a été commise par les fédéraux au mois de décembre dernier, alors qu’on était à un mois du démarrage de la Coupe d’Afrique des Nations (Can). Les responsables fédéraux n’avaient, en effet, pas alors hésité à entrer en conflit avec la tutelle pour exiger que le contrat d’Amara Traoré soit renouvelé selon les conditions dictées par le technicien et non pas suivant les intérêts du Sénégal. Ceux-là, alors même que leur rôle n’était pas de mener un combat qui concernait au premier chef le sélectionneur national, qui voulaient revoir ses émoluments à la hausse. Les fédéraux avaient même menacé de surseoir à la participation des «Lions» à la Can, après avoir suspendu la publication de la liste des joueurs retenus pour ladite compétition. 

La deuxième faute lourde est survenue juste après la grande messe du football continental, avec le limogeage d’Amara Traoré. Le motif «faute lourde», que lui a collé la Fsf après l’élimination des «Lions» dès le premier tour pour l’écarter, se retourne aujourd’hui contre cette dernière. Ce, dans la mesure où l’ancien patron de la Tanière qui a attaqué cette décision de l’instance présidée par Me Augustin Senghor devant les juridictions civiles, pour se faire indemniser, a presque eu gain de cause en gagnant le premier procès lié aux deux mois de salaires et aux indemnités de congés qu’il réclamait. Il a même réussi à faire bloquer les comptes de la Fédération. Et donc à la mettre presque à genoux, alors qu’elle avait clamé ne devoir aucun franc au technicien qui, selon elle, n’avait droit à aucune indemnité. 

Pourtant, il a fallu une médiation du ministre des Sports, El Hadji Malick Gakou pour que ces comptes de la Fsf soient débloqués par Amara Traoré. La troisième est dernière faute lourde commise en l’espace de six mois par ces fédéraux, dont l’incompétence ne semble avoir d’égal que l’amateurisme dans nombres de dossiers qu’ils ont eu à gérer jusqu’ici, c’est cette affaire Pierre Lechantre. Le faux-bond du technicien français porte, en effet, un sacré coup à l’image et à la crédibilité du football sénégalais et par ricochet à son instance dirigeante. Certes, Lechantre avait donné son accord de principe à la Fsf. Mais n’aurait-il pas fallu attendre d’avoir un accord ferme et définitif, voir même signer le contrat, avant de claironner à travers le monde que Pierre Lechantre est le nouveau sélectionneur du Sénégal. En tout état de cause, le dénouement de cette affaire Lechantre montre, à l’image de la gestion du dossier du limogeage d’Amara Traoré, que la charrue a été mise avant les boeufs. 

Le résultat étant que, dans l’un comme dans l’autre cas, l’image du football sénégalais a été sérieusement écornée et ses intérêts très mal gérés par une fédération sensée pourtant être là pour remettre de l’ordre dans la maison. Mais, comme si on était tombé de charybde en scylla, voilà qu’on est reparti à la case de départ avec une fédération totalement disqualifiée et en mal de repères qui accumule les fautes lourdes. Jamais personne, en terme de gestion administrative du football, n’avait fait pire que l’équipe actuelle. Amara Traoré Traoré avait réussi une première qui lui a coûté son fauteuil : signer la pire performance du Sénégal en Can avec trois défaites en autant de sorties. Me Augustin Senghor et sa bande ont été tout aussi catastrophiques avec l’affaire Lechantre. Une conséquence doit en être tirée. Et vite.