L’étape d’hier s’est soldée par une annulation pure et simple de la course. Après 146 kilomètres, à deux bornes de l’arrivée, le président des commissaires de la course, Eduardo Margiotta, a stoppé tous les coureurs à cause d’une mauvaise signalisation : le cortège entier s’est trompé de route. Michel Thioub s’est présenté sur la ligne d’arrivée très affecté par l’incident, les coureurs sont arrivés plus tard dans la confusion la plus totale et sans jouer la victoire. Un incident qui cache des problèmes d’organisation criards.
Il est 12h 10 lorsque Michel Thioub, directeur du Tour du Sénégal, franchit la ligne d’arrivée et descend d’une voiture estampillée «Direction» en criant : «C’est fini, ils se sont trompés.» Il secoue rapidement la tête de gauche à droite, ses grands gestes de désespoir et de colère rajoutent au tragique de la scène. «Ils sont passés de l’autre côté de Fatick», lance-t-il d’un air furibond avant de shooter dans une chaise et d’aller s’effondrer derrière les voitures.
Sur l’aire d’arrivée, le silence s’est fait, quelques minutes plus tôt les spectateurs dansaient au son de Malaw de Pape Diouf et le speaker annonçait l’arrivée imminente des coureurs. Dans les faits, il faudra attendre de longues minutes pour voir la cohorte de cyclistes franchir au pas et sans jouer la victoire, la ligne marquant la fin de l’étape.
Trois kilomètres ont suffi à plonger la course dans le chaos. «C’est très difficile dans Fatick, il y a beaucoup d’entrées, de sorties. J’avais compris qu’il y avait un danger», confiait Michel Thioub après la course. Un manque de signalisation a conduit tous les coureurs sur la mauvaise route. Au croisement fatidique, pas de flèches de signalisation, pas d’agent pour orienter les coureurs, logiquement tous ont continué tout droit. Le marché de Fatick a donc vu débouler une horde de coureurs et de voitures perdus.
«Seule solution : annuler l’étape»
La 4e étape, qui reliait Thiès à Fatick via Diourbel, s’est donc conclue sur une incroyable gabegie qui a conduit à sa pure et simple annulation par le président des commissaires de l’Union cycliste internationale (Uci), Eduardo Margiotta. Ce dernier s’est expliqué par la suite : «Quand nous sommes arrivés à la fin de l’étape, j’ai réalisé que les panneaux indicatifs n’étaient pas bons. Le dernier panneau indiquant l’arrivée était à trois kilomètres et nous avons fait cinq kilomètres sans voir l’arrivée. J’ai arrêté les coureurs en prenant les écarts. Lorsque nous avons mis pied à terre, personne ne nous a indiqué la route. J’ai parlé avec les policiers, avec des cadres de la course mais personne ne savait où était l’arrivée. Il est impossible de juger l’arrivée. La seule solution est d’annuler l’étape. Je suis désolé pour les coureurs qui se sont beaucoup fatigués aujourd’hui.»
La sentence est irréversible, quand bien même des organisateurs tentent de trouver une solution. C’est un Eduardo Margiotta tendu qui est descendu de la voiture de course et il n’y a pas de discussion possible. Un rapport sera fait à l’Uci et bien sûr «aujourd’hui [hier], l’organisation n’a pas marqué de bons points».
Michel Thioub, visiblement marqué par cet échec, à su rester stoïque et prendre tout sur lui : «C’est une honte, c’est une grand honte pour l’organisateur que je suis. Je tiens à vous présenter toutes mes excuses.»
Quel rôle pour les commissaires ?
Devant les caméras, le directeur du Tour explique que des commissaires de course étaient malades et qu’il «y a eu une incompréhension entre les commissaires chargés du fléchage et le commissaire principal. Il les a désignés pour surveiller la course à l’arrière. Le dispositif a été ébranlé», affirme-t-il avant d’ajouter que «ce sont des jeunes qui ont été intimidés par le jury international. Quand on a changé les données, ils n’ont rien dit. On était tous dans le flou. C’est pour cela que le problème est intervenu.»
De son côté, Eduardo Margiotta assure que ce n’est pas aux commissaires présents sur la course d’orienter les coureurs, ils «ont la tâche de contrôler sur le plan sportif, la conduite des coureurs», développe-t-il.
Chez Michel Thioub, c’était surtout une «sanction morale, le fait d’avoir honte», qui dominait. Il ne s’en cache pas. On soulignera néanmoins que s’il s’est posé comme seul responsable de cet incident, il est loin d’être le plus à blâmer. La vérité c’est qu’il est bien «seul» pour organiser cette course importante.
Le problème d’hier n’est que la face émergée de l’iceberg de problèmes d’organisation et de manque d’expérience dus d’abord à des manques de moyens humains. La veille, Michel Thioub dénonçait le peu d’implication des acteurs locaux pour le bon déroulement de la course. Il arrive un moment où les organisateurs ont beau courir de partout et dormir quatre heures par nuit, il leur est impossible de tout gérer. Pour preuve, la tentative désespérée de sauvetage de la part du directeur de course hier : «Je suis resté à 10 kilomètres et on m’a dit que les deux gars qui devaient faire la flèche était à l’arrière. J’ai essayé de tout redresser, c’était difficile. On a raté le coup pour moins de cinq secondes.»
10 Commentaires
Anonyme
En Avril, 2016 (13:07 PM)Lamine
En Avril, 2016 (13:08 PM)Gadou ngéne akh dé. Courrir 146 KM pour rien à cause d'un manque notoire deprofessionnalisme. VIVE LE SENEGAL EMERGENT OU ENERVENT
Anonyme
En Avril, 2016 (14:10 PM)Anonyme
En Avril, 2016 (14:32 PM)Anonyme
En Avril, 2016 (14:38 PM)Un tour du Sénégal qui s'arrête à St Louis au Nord et Fatick ou Kaolack au centre, c'est quoi cette histoire? C'est pas le Sénégal ça.
Benn Waay
En Avril, 2016 (15:06 PM)C'est un trop gros risque que cautionne le Sénégal en autorisant le déroulement d'une telle compétition à travers la savane et les routes cahoteuses du Jolof. A tout moment un charretier peut couper la route. Sans compter les Peuls mangane avec leur troupeaux. Les cars et camions sans frein. Tous les ingrédiens sont réunis pour le chaos.
Anonyme
En Avril, 2016 (15:18 PM)Leuz
En Avril, 2016 (16:21 PM)Anonyme
En Avril, 2016 (16:35 PM)Anonyme
En Avril, 2016 (16:43 PM)Participer à la Discussion