Me Babacar Ndiaye, président de la Fédération de basket ; «Je ne suis pas là pour gérer des clans»

Après l’élection, l’installation par le ministère de tutelle et la passation de service, vous avez maintenant pris fonction. Quels sont vos premiers actes à la tête de la fédération ?

Nos premiers actes, c’est la préparation du regroupement de l’Equipe nationale masculine pour demain dimanche (Ndlr : l’entretien s’est fait samedi). Nous sommes sur ce dossier depuis notre prise de fonction. Je profite de l’occasion pour remercier le ministère qui a pris toutes les dispositions pour permettre à l’équipe d’être dans de bonnes conditions de préparation. On n’a pas perdu de temps. Il fallait d’abord nommer les présidents de commission. Ce que j’ai fait. Mais surtout un président de la commission médicale, parce que si l’Equipe nationale rentre en regroupement, il faut nécessairement un médecin. Ça a été fait. Il fallait aussi voir, avec l’intendant Assane Badji, les modalités pratiques. Le regroupement va démarrer dans de bonnes conditions.

Dans quel état d’esprit vous engagez-vous dans cette mission ?

L’état d’esprit, c’est la confiance et la responsabilité. Je suis confiant parce que, quand vous êtes élu par 80%, vous ne pouvez être confiant qu’il y a des gens qui sont derrière vous pour ne pas vous combattre. Mais ça rend également la tâche plus difficile. On n’a pas le droit de décevoir. Je dis qu’on n’a pas le droit parce que je ne peux pas, à moi seul, régler le problème du basket. Une équipe a été mise en place, un Comité directeur aussi, si tout le monde se met au travail, s’il plait à Dieu, on pourra réussir les missions. J’ai la chance d’être un président de club, d’avoir géré le Cadre de concertation des clubs et au-delà j’ai des rapports personnels avec les clubs et leurs présidents. Ça peut aider. La campagne électorale m’a aidé, effectivement, à découvrir la famille du basket dans l’intérieur du pays. Je peux vous rassurer qu’au moment où je vous parle, je connais la situation du basket dans le Sénégal des profondeurs. Mais ce qu’il faut surtout faire, c’est de travailler. Ce qui fera notre force, c’est le travail bien fait.

L’ensemble des clubs ou presque ont porté le même combat pour le retour de la fédération. Maintenant que vous êtes au poste, est-ce que le partage du gâteau ne va pas poser problème ?

Ce n’est pas un gâteau. Les textes me permettent de proposer un bureau. Ce que j’ai fait. Le bureau que j’ai proposé a été élu et adopté par 27 voix contre 2. C’est un plébiscite. Des commissions ont également été mises en place. Maintenant, on va au travail. Tout le monde ne peut pas aller à la fédération. Il y a les Ligues où on peut également servir le basket. C’est toute une chaîne, des clubs à la fédération. Tout le monde peut aider pour le développement du basket. Je n’ai jamais soutenu que tous les clubs étaient avec moi. J’ai toujours dit que la quasi-totalité des clubs étaient avec moi parce que j’ai été élu par 76 voix contre 16. D’ailleurs, je vais réserver ma première visite à la région de Louga où j’ai obtenu 0 voix lors de l’élection. C’est pour montrer que je ne suis pas là pour gérer des clans. Je suis là pour gérer toute la famille du basket. Je projette aussi de faire une tournée nationale de remerciement, mais surtout de prise de contact. Il est évident que compte tenu des urgences, notamment le championnat à terminer, la Coupe du Sénégal à organiser, les préparations des Equipes nationales…, je ferai peut-être la tournée en début de saison.

Vous avez hérité d’une famille du basket divisée. Qu’est-ce qu’il y a lieu de faire pour la réconciliation au vrai sens du terme ?

Vous ne m’avez jamais entendu dans les polémiques lors de la campagne électorale. J’avais préféré aller sur le terrain rencontrer les acteurs, les électeurs, parce que c’est ça l’essentiel. Une élection a eu lieu. On peut même considérer que la famille s’est déjà réconciliée. Si on analyse les résultats, 82% m’ont élu président. La liste proposée par le président pour le Comité directeur a été adoptée à 100% et le bureau élu par 27 voix sur 31 possibles. La famille s’est déjà réconciliée en élisant une équipe. Personne n’a plus le droit de se marginaliser de cette volonté librement exprimée. Il faut simplement panser les plaies. J’ai l’idée de créer une Commission des sages. Cette commission va parfaire le travail déjà entamé.

Vous avez hérité du Cnbs environ 56 millions de FCfa dont près de 50 millions attendus des sponsors. Est-ce que vous avez les détails des 50 millions ?

Effectivement, on nous a laissé 5 900 000 FCfa dans le compte et 80 500 FCfa dans la caisse de fonctionnement. Il y a également de l’argent qui est attendu. C’est le contrat de Orange où il reste 20 millions à encaisser et le contrat de Nike qui est de 30 millions. Il y a aussi un dossier sur la coopération avec la Fédération française de basket. Il y a également le dossier du tournoi de Dakar. C’est un tournoi qui aura lieu du 4 au 10 août dans le cadre de la préparation de l’Equipe nationale masculine. Ce tournoi sera financé, en principe, par Orange. Nous allons accueillir le Mali, le Cap-Vert et une autre équipe. Ce sera un tournoi à 4 équipes pour permettre à notre équipe de préparer l’Afrobasket. Les Lions sont également invités au tournoi de l’Espagne avant d’aller en Tunisie. Il y a aussi un dossier de coopération avec la Fédération espagnole.

Avez-vous les assurances que la défunte fédération et le Cnbs ne traînent aucune ardoise au niveau de la Fiba, pace que souvent, à la veille d’une compétition, on entend dire que le Sénégal doit payer pour participer ?

La seule dette qui m’a été notifiée c’est celle due aux clubs. C’est l’argent pour les récompenses dues au titre des saisons écoulées. Il y a une partie de cet argent qui n’est pas encore payée. Au niveau de la Fiba, on est en règle. Il n’y a pas de problème à ce niveau. On ne nous a pas parlé de dette au niveau de la Fiba. Cela suppose que nous sommes en règle.

Comment trouver les moyens de vos ambitions sans dépendre de l’Etat ?

Il faut rendre le basket attractif pour pouvoir le vendre. Si on veut des moyens, il nous faut de bons matchs. Je vais voir avec les clubs. Il faudra concerner les supporteurs des différents clubs pour faire revenir le public. C’est possible. Les clubs on un rôle à jouer. Pour moi, le niveau de notre basket local n’est pas mal, aussi bien chez les filles que chez les garçons. Mais, il peut être amélioré. On va s’y mettre. On verra comment relever le championnat par la formule à adopter, l’organisation des matchs… Une commission de marketing a toujours existée pour la recherche de moyens. On a déjà commencé à dresser des dossiers destinés à des sociétés de la place. Nous voulons bien vendre les deux Coupes d’Afrique et les Jeux africains. On est en train de voir également comment trouver des ressources additionnelles. Les dossiers qui seront déposés dans les différentes sociétés, tels qu’ils sont présentés, vont convaincre les dirigeants des sociétés commerciales à soutenir le basket qui est une discipline qui gagne. Je suis vraiment optimiste. Il reste évident que je vais utiliser mes relations. Mais ce qu’il faut, c’est faire un bon produit et le vendre. Un produit qui va intéresser les annonceurs. On travaille sur ça parce que l’Afrobasket est transmis au-delà du continent.

Il est aussi question de redorer le blason du Sénégal après les cas de fraude. Qu’est-ce qui va être fait à ce niveau ?

Il y a une sanction qui a été exécutée. C’est fini. On ne peut pas continuer à porter ce fardeau. Il y a eu des erreurs qui ont été commises. On a payé. Maintenant, il faut se tourner vers l’avenir.

Il y a aussi une discrimination dont est victime le basket-ball qui est pourtant la discipline qui a valu plus de satisfaction au Sénégal. A quel niveau comptez-vous porter le combat pour que justice soit faite ?

Je vais porter le combat pour que le basket soit aidé par les autorités. Ce que le basket a apporté au Sénégal, aucune discipline collective ne l’a fait. Nous avons toujours porté le flambeau du drapeau national le plus haut possible. Avec tous les trophées que le basket nous a donnés, nous méritons mieux. Je demande à l’Etat de faire une discrimination positive. Parce que dans tous les pays du monde, les sports qui gagnent sont soutenus par les autorités étatiques. Avant, il y avait une subvention étatique de 50 millions dont la fédération bénéficiait. C’était sous le magistère de Ousmane Paye (ancien ministre des Sports). C’est durant cette période que le Sénégal a gagné son dernier trophée chez les Hommes en 1997. On nous demande de rivaliser avec les grandes nations où les équipes sont soutenues par l’Etat. En Angola, le budget de la fédération de basket est voté par l’Assemblée nationale. Ça ne fait même pas parti du budget du ministère des Sports. La Côte d’Ivoire bénéficie d’une subvention. On ne participe plus aux compétitions des clubs africains, faute de moyens. C’est dommage. Le Cadre de concertation avait porté ce combat et on avait exposé au ministre des Sports la nécessité d’aider les clubs à participer aux compétitions africaines en prenant en charge les frais de transport comme cela se fait au football. Il avait donné son accord de principe, maintenant on va voir les modalités pratiques. L’objectif, c’est de permettre aux clubs de revenir sur la scène africaine. Pour cela, il faut les aider sur le plan moyen et financier, mais également permettre à ces équipes d’avoir le niveau de jeu des Coupes africaines. Ça ne sert à rien de participer pour participer.

Quid de la Direction technique nationale ?

Pour le Directeur technique national, un appel à candidatures a été lancé. Les personnes intéressées ont cinq jours, donc jusqu’à vendredi, pour déposer leur dossier et après, je choisirai en fonction des CV et aussi les autres critères qui vont déterminer le meilleur profil. En ce qui concerne les entraîneurs, on va les conserver parce qu’on ne peut pas les changer à moins d’un mois des compétitions. La commission médicale est confiée à Charles Valérie Alain Kinkpé. Il est spécialiste de l’orthopédie. C’est  un choix fondé uniquement sur la compétence. C’est quelqu’un qui est connu du monde du basket. Il va apporter un plus. Il a le meilleur plateau en termes d’orthopédie au Sénégal.

Certains ont un peu peur que vous fassiez de la fédération une affaire du Duc, votre club…

Non, je ne ferai pas de la fédération une affaire du Duc. Ce n’est pas possible. Je ne veux pas non plus que mon appartenance au Duc porte préjudice à ce club. Je vais privilégier la compétence, le sérieux et la rigueur.