MODOU LÔ AU LENDEMAIN DE SA VICTOIRE SUR GRIS BORDEAUX :« Il n’existe pas un lutteur qui me fait peur »

Comment Modou Lô, vainqueur de Gris-Bordeaux sur décision arbitrale revit cette victoire ?

 

Modou Lô :

On rend grâce au bon Dieu. Je remercie également mes parents et mes supporters. Cette victoire est comme toutes les autres que Modou Lô a remportées. Bien que celle-ci ne soit pas consécutive à une chute. Une victoire reste une victoire. Mon souhait était cependant de le battre et monter sur lui. Mais le bon Dieu en a décidé ainsi. C’est mieux. On le remercie encore. Durant le combat on a vu que vous avez tenté un croc-en-jambe un peu risqué. Est-ce parce que vous vouliez en finir une bonne fois pour toute ? Je voulais certes en finir. Mais quand on parle de lutte, c’est parce qu’il s’agit de deux personnes. Une seulement personne ne peut pas lutter. Gris-Bordeaux est un grand lutteur, il pratique depuis longtemps la lutte. C’est un grand lutteur. Mais, il n’a pris aucune initiative. S’il faisait comme moi, le combat aurait fini très tôt. Si j’ai pris ces risques c’était pour en finir.

 

Pour vous Gris n’a pas lutté ?

 

Non, il n’a pas lutté vraiment.

 

Comment analysez-vous le combat ?

 

L’arbitre a sifflé. Nous avons procédé au balancement de bras. Tantôt je mime pour le provoquer. Tout le monde sait que c’est un bagarreur. Mais il n’a voulu rien faire malgré mes appels. S’il attaque aussi, c’est que je l’ai provoqué. Mais, il n’a rien fait, c’est un grand gaillard mais il ne voulait pas lutter.

 

On remarque que vous prenez souvent des risques dans vos combats ; on se souvient encore de votre duel contre Lac 2. Qu’est-ce qui vous incite souvent à prendre de tels risques devant de grands gabarits de la trempe de Gris ?

 

On prépare nos combats des mois durant Il y a beaucoup de monde derrière nous. Alors nous devons faire quelques choses durant les combats. C’est pourquoi, je vous ai dit qu’une seule personne ne peut lutter. C’est juste ça. J’ai toujours tenté.

 

Depuis votre victoire sur Baye Mandione, on a remarqué que Modou Lô n’a décroché aucune victoire par la lutte pure. Est-ce à dire que vous peinez encore devant les lourds ?

 

Je vous dis qu’une victoire reste toujours une victoire. Et quelqu’un comme Baye Mandione, je l’ai terrassé et je suis même monté sur lui. Où bien ? (rire). Après, je n’ai fait que deux combats dont un nul contre Lac de Guiers 2.

 

Est-ce que vous n’êtes pas aussi handicapé par votre poids et votre taille face aux lourds ?

 

C’est moi qui constitue un danger pour eux. Si c’est un handicap pour moi, ils allaient pouvoir me battre. Mais ce n’est pas le cas.

 

D’où avez-vous puisé votre assurance et votre confiance du dimanche dernier face à Gris Bordeaux ?

 

Je n’ai jamais eu peur devant un lutteur. Il n’existe pas un lutteur qui me fait peur. Quand je viens, devant n’importe quel lutteur, mon principe de croire en moi, ce que j’ai dans la tête. Je me dis tout simplement que je peux battre mon adversaire.

 

Maintenant que vous avez gagné ce combat, quel est le prochain lutteur dans votre viseur ?

 

Je suis jeune, la lutte est ma profession. Quiconque qu’un promoteur me propose, et y met le prix de l’affiche, je l’affronte.

 

Vous considérez-vous comme ce lutteur jeune champion aguerri qui hante la conscience des lourds de l’arène ? Parce qu’hier on dirait que vous avez posez une équation insoluble à votre adversaire ?

 

N’est-ce pas les gens disaient qu’il est plus fort que moi ? Il devait tout simplement le prouver en me soulevant. Parfois, il était dans une bonne posture dans le combat, mais il n’a rien fait.

 

Eumeu Sène a battu Gris. Vous l’avez battu, que vous inspire un combat Eumeu Sène-Modou Lô ?

 

L’avenir et la lutte sont devant nous. Nous sommes jeunes et la lutte est notre profession. Je vous le répète. Aujourd’hui, ce ne sont plus les promoteurs qui concoctent les affiches mais l’arène elle-même. Deux lutteurs font chacun son chemin et en un moment donné tous les amateurs sentent que ces deux là peuvent se frotter. Voilà comment ça se passe dans l’arène aujourd’hui. Si je dois lutter contre Eumeu, je le prends. 

Et la revanche contre Balla Gaye2 ?

 

(Il pouffe de rire) Tout est possible.

 

Modou vous faites parties des lutteurs les plus populaires de l’arène ; on croit même vous pouvez hisser les cachets jusqu’à deux cent millions.Quel est votre point de vue sur la décision des promoteurs de plafonner les cachets à un montant réaliste ?

 

(Rire encore).Vous savez la lutte est une affaire d’intérêt personnel. Les promoteurs le disent, mais ils n’ont pas les mêmes intérêts que nous lutteurs. On n’en est pas arrivé là. Mais si on doit lutter contre n’importe qui, le promoteur va payer, c’est tout.

 

Quel est votre sentiment d’avoir battu trois lutteurs d’une même écurie ?

 

Je disais tout à l’heure que je considérais que Gris Bordeaux est mon premier adversaire à Fass. C’est que je blaguais juste en disant que « jamais deux sans trois ». C’est vrai qu’hier, j’ai constaté que mon adversaire ne pouvait me terrasser en aucune façon. Je ne voyais que la victoire. Ce n’était pas un jour de défaite.

 

Qu’est-ce que vous dites à vos supporters, aux amateurs qui ne sont pas contents de la manière dont vous avez gagné ?

 

Je présente mes excuses, (il arrête et prête une oreille au commentaire de son combat sur la télé, oubliant même la question. Il revient ensuite). Excuse. C’est parce que je n’ai pas revu le combat. On ne peut pas remercier assez les supporters et les amateurs. Si nous avons atteint ce niveau, c’est parce que le Bon Dieu en a décidé ainsi, mais aussi c’est grâce à eux.

 

Quel a été l’enjeu de ce combat à ton égard ?

 

L’enjeu c’était de leur côté et non du mien.

 

Pourquoi ?

 

Parce qu’ils ont peut-être vu que j’ai vaincu deux des leurs. Et, il ne voulait pas je batte un troisième lutteur de leur écurie. C’est ça. 

Êtes-vous prêt à donner une chance à vos frères lutteurs qui vous talonnent ?

 

Quel frère ? Ne sont-ils pas plus âgés que moi d’ailleurs ? Ces lutteurs dont vous faites allusion son mes aînés.

 Je viens de faire six ans dans l’arène. On est là pour travailler. Si je dois lutter contre eux, je n’hésiterais pas.

 

Le secret de Modou Lô ?

 

Les entraînements, mes parents, mes proches. Ils m’accompagnent et me soutiennent. Je respecte également mes entraînements.

 

Le Khalifa Niassène, lit-on dans la presse, aurait prédit votre victoire dans la presse. Êtes-vous allez le voir ?

 

L’avez-vous entendu parler de ça ?

 

On l’a lu dans la presse…

 

Dieu merci. Il a dit, j’ai gagné.

 

Êtes-vous allé chez lui pour des prières ?

 

Dieu nous accordé la victoire. On le remercie.

 

Je demande si vous êtes allé chez lui…

 

Je dis que Dieu nous a donné la victoire, c’est bien. J’ai été chez lui lors du dernier Maouloud pour des prières. Comme je le fais habituellement dans toutes les confréries.

 

Quels sont les rapports qui vous lient ?

 

Je suis musulman. (Rire). Je pars partout chez tous les chefs religieux pour des prières. « Yalla molène cërël » ils sont des chefs religieux. Je pars les voir souvent pour des prières.

 

En dehors de la lutte, sur quoi s’active Modou Lô ?

 

A part la lutte, je ne fais pas autre chose.

 

Mais, on est en vacances, ne me dites pas que vous ne faites rien pour vous procurez du plaisir ?

 

Je jure que depuis que je suis Modou Lô, je ne me rappelle pas avoir fait une semaine sans m’entraîner.

 

Vous aviez révélé une blessure à la veille de votre combat qu’en est-il ?

 

Oui, je me suis blessé aux côtes. C’était sur mon côté droit. Heureusement que Gris me donnait des coups sur le côté gauche.

 

N’est-ce pas un risque ?

 

Non, l’ampleur de cette affiche a atteint un niveau tel que je ne pouvais pas ne pas lutter. J’ai contracté cette blessure lors des derniers entraînements. Je ne pouvais pas reculer, à quelques jours du combat. Dieu merci, j’ai gagné.

 

En six ans dans l’arène vous avez atteint ce niveau. Quel est le fondement d’une telle ascension ?

 

C’est seulement le travail. On remercie le bon Dieu. On est toujours sur le bon chemin. Il faut être serein et prendre des risques. Ma première année dans l’arène j’ai fais cinq combats. Et Dieu a fait que nous sommes arrivé à ce stade.

 

Quel est le montant dépensé dans le mystique dans ce combat ?

 

Ça il faut le demander à mes encadreurs. Je n’en sais rien. Ils gèrent tout. 

Mod’ Lô a une copine ?

 

Lambji mon ngimb est ma copine. (Dans l’arène c’est mon « nguimb » ma copine)

 

Votre dernier mot ?

 

Je remercie encore tous mes supporters. Je leur dédie cette victoire. Ils ont tout fait pour moi.

 

Amadou Ahmeth Seck