La vidéo de 5 minutes publiée le 20 mars sur le Sri Lanka Guardian, un site d’opposition censuré au Sri Lanka, est filmée avec un téléphone portable, vraisemblablement par un autre soldat. Huit femmes y sont humiliées lors d’exercices d’entraînements militaires. Celles qui ne parviennent pas à faire des pompes ou ne rampent pas assez vite sont notamment frappées.
ATTENTION
CERTAINS PASSAGES DE LA VIDÉO PEUVENT CHOQUER LES PLUS SENSIBLES
L’armée sri lankaise a officiellement reconnu,
deux jours après sa publication, l’authenticité de cette vidéo. Selon
son porte-parole, la scène aurait été filmée en octobre 2012 dans le
district d’Anuradhapura, dans le centre du pays. Les instructeurs
auraient puni ces femmes pour avoir "violé la discipline militaire",
mais selon le porte-parole militaire, les méthodes employées n’étaient
"pas adaptées à la procédure habituelle". Il affirme que des "sanctions
strictes seront prises contre les auteurs".
"Si l’armée admet l’authenticité de cette vidéo, c’est juste une concession envers la communauté internationale"
Harshi Perera est avocate et militante des droits de l'Homme. Elle a fondé Janasansadaya, une association qui milite pour la fin de la torture au Sri Lanka.
Ces brutalités gratuites envers des femmes sont insoutenables, mais
elles ne sont malheureusement pas nouvelles. Depuis la fin de la
guerre, des informations sur des actes de torture et de harcèlement
étaient souvent évoqués.
Le Sri Lanka est une société patriarcale où les violences
domestiques faites aux femmes sont quotidiennes. Nous avons fréquemment
des plaintes de femmes de ménage battues, d’autres torturées par la
police, ou des cas de viols dans les prisons. Mais notre association n’a
jamais reçu aucune plainte directe concernant des violences ou tortures
dans l’armée.
Dans la vidéo ci-dessus, les femmes sont forcées à faire des pompes. Celles qui ne tiennent pas la position sont fouettées.
"Cette vidéo ne changera pas grand-chose à l’état des droits de l’Homme au Sri Lanka"
C’est une excellente nouvelle que l’armée reconnaisse
l’authenticité de cette vidéo. Elle avait jusque là balayé les preuves
de harcèlement, de tortures ou d’exécution dans les camps militaires
présentées par des opposants politiques. Le fait que les victimes soient
des femmes a sûrement joué car le gouvernement sait que la communauté
internationale est beaucoup plus sensible à cette question. Pourtant,
beaucoup d’autres vidéos montrant des scènes de violence existent [après
la publication de la première vidéo, le Sri Lanka Guardian a posté le 3
avril une nouvelle vidéo montrant des scènes de brutalité envers des hommes soldats. L’armée n’a pas communiqué sur cette seconde vidéo].
Mais pour être honnête, je crois qu’il s’agit davantage d’une
concession de la part de l’armée. C’est lié au contexte international
avec l’ouverture de cette enquête par les Nations unies [le Conseil des
droits de l’Homme des Nations unies a lancé, le 27 mars, une enquête sur
les allégations de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité
durant la guerre au Sri Lanka entre 1983 et 2009]. Je ne pense pas que
cette vidéo changera grand-chose à l’état des droits de l’Homme au Sri
Lanka dans l’immédiat. Les récentes déclarations du gouvernement le
montrent bien : elles continuent de mettre la pression sur les
associations pour qu’elles ne collaborent pas avec le Haut Commissariat
aux droits de l’Homme.
Les soldats frappent parfois sans sommation les femmes soldats.
L’enquête ouverta par les Nations Unies vise l’armée sri lankaise
mais également les rebelles tamouls, une organisation séparatiste
hindoue qui revendique l’autonomie de l’est et du nord du Sri Lanka. Le
gouvernement a refusé de participer à cette enquête internationale et
menace de poursuivre en justice toute personne qui accepterait de témoigner
auprès des Nations unies car leur collaboration violerait la
Constitution du pays et la souveraineté de l’État : le climat est donc
extrêmement tendu et les activistes des droits de l’homme sri-lankais,
déjà régulièrement harcelés ou accusés de "terrorisme", sont sous
pression.
La guerre au Sri Lanka a fait 22 000 morts du côté des soldats sri
lankais, 28 000 du côté des rebelles tamouls et 40 000 victimes civiles selon une estimation des Nations unies.
18 Commentaires
Abou
En Avril, 2014 (20:35 PM)Feep
En Avril, 2014 (20:42 PM)Thiessois
En Avril, 2014 (20:55 PM)Boyethies
En Avril, 2014 (21:17 PM)Things
En Avril, 2014 (21:23 PM)Algore
En Avril, 2014 (21:52 PM)Deuggui
En Avril, 2014 (21:53 PM)boudé lou goor déeff ngène deéff sène gatt moye dokk
Ame
En Avril, 2014 (22:30 PM)Fondant
En Avril, 2014 (22:44 PM)Soldat
En Avril, 2014 (22:50 PM)Lou touti galakhtaan la par rapport louma dathie bango.
Sadixis
En Avril, 2014 (23:25 PM)Attend
En Avril, 2014 (01:11 AM)Sambaar
En Avril, 2014 (07:25 AM)Sambaaar
En Avril, 2014 (07:41 AM)Question
En Avril, 2014 (08:43 AM)Mossanne
En Avril, 2014 (14:14 PM)Pv
En Avril, 2014 (14:31 PM)Moi
En Avril, 2014 (19:16 PM)Participer à la Discussion