COMPRENDRE LE CONCEPT DE GOUVERNEMENT SCOLAIRE ET LE METTRE EN OEUVRE

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  • Article ajouté le : 23 Mercredi, 2015 à 10h12
  • Author: Baidy DIA

COMPRENDRE LE CONCEPT DE GOUVERNEMENT SCOLAIRE ET LE METTRE EN OEUVRE

1. Historique En Octobre 2012, le Ministre de l’éducation d’alors, M. Kalidou Diallo, a sorti une circulaire N° 04545 relative à la création de Gouvernements Scolaires dans les lycées et collèges du Sénégal après avoir constaté que « les Foyers Socio-Educatifs (FOSCO) des établissements fonctionnent au ralenti et n’intéressent qu’une infime partie des élèves. Les élèves travailleurs qui devraient servir de modèles sont ignorés au profit d’élèves peu performants et qui, le plus souvent, n’excellent que dans l’animation du groupe ». L’objectif d’un tel changement paradigmatique, selon le Ministre, est de « contribuer efficacement au développement de la culture générale et des aptitudes pratiques particulières des apprenants ». 2. Quelle est aujourd’hui la situation ? Cette initiative, que l’on pourrait qualifier de révolutionnaire dans le fonctionnement des structures-élèves, n’est malheureusement pas toujours bien comprise dans certains établissements du pays où les anciennes pratiques continuent toujours d’avoir cours. Les enseignants, souvent démotivés, évitent même de s’engager dans l’encadrement des structures-élèves. Cela impactent négativement sur la vie scolaire. 3. De l’importance d’un Gouvernement Scolaire Dans la loi d’orientation 91-22 du 16 février 1991, il est clairement défini les missions que s’assigne l’école sénégalaise et que je rappelle ci-dessous : L’Education nationale, au sens de la présente loi, tend : ? à préparer les conditions d’un développement intégral, assumé par la nation toute entière : elle a pour but de former des hommes et des femmes capables de travailler efficacement à la construction du pays ; elle porte un intérêt particulier aux problèmes économiques sociaux et culturels rencontrés par le Sénégal dans son effort de développement et elle garde un souci constant de mettre les formations qu’elle dispense en relation avec ces problèmes et leurs solutions. ? à promouvoir les valeurs dans lesquelles la nation se reconnaît : elle est éducation pour la liberté, la démocratie pluraliste et le respect des droits de l’homme, développant le sens moral et civique de ceux qu’elle forme, elle vise à en faire des hommes et des femmes dévoués au bien commun respectueux des lois et des règles de la vie sociale et œuvrant à les améliorer dans le sens de la justice, de l’équité et du respect mutuel. Recueil des textes relatifs aux droits de l’enfant au Sénégal ? à élever le niveau culturel de la population : elle permet aux hommes et aux femmes qu’elle forme d’acquérir les connaissances nécessaires à leur insertion harmonieuse dans la communauté et à leur participation active à la vie de la nation ; elle leur fournit un instrument de réflexion, leur permettant d’exercer un jugement ; participant à l’avancée des sciences et des techniques, elle maintient la nation dans le courant du progrès contemporain. Il va sans dire que le cadre trop étroit des salles de classes ne permet pas d’atteindre cette vision. En effet, en plus des enseignements-apprentissages en ces lieux, qui ne sont que théoriques, il faut un cadre d’opérationnalisation et d’expression de ces enseignements-apprentissages, dans lequel les élèves prennent le leadership et brillent de mille et un feux. Pour moi, ces clubs, Gouvernement Scolaire et autres structures-élèves, sont aussi importants que les enseignements dispensés en classe. Ce sont, tous les deux (intra muros et extra muros), des lieux d’apprentissage pour l’élève. Les deux entretiennent une relation dialogique. Le Gouvernement Scolaire a donc l’avantage de « permettre à l’apprenant d’exercer ses responsabilités de citoyen qu’il sera appelé à exercer plus tard », c’est-à-dire tel que déclinée dans les missions exprimées par la loi d’orientation 91-22. C’est parce que nous nous éloignons de plus en plus de cet idéal que tout le monde est d’accord pour dire que l’école instruit mais n’éduque plus ; que l’école forme de plus en plus des citoyens irresponsables. Par ailleurs, cette loi d’orientation de 1991, qui date de plus de 20 ans, devrait être revisitée pour mieux prendre en compte la dimension internationale de l’éducation. Car, alors que nous vivons dans un monde globalisé, « l’éducation voulue par le Sénégal est nationale », ratant par la même occasion l’opportunité d’initier les élèves et enseignants à la citoyenneté mondiale (on n’en parle même pas dans les écoles !). C’est cela le concept visionnaire d’enracinement-ouverture prôné par le chantre de la négritude. 4. Elections d’un Gouvernement Scolaire Il est d’abord capital de savoir que ces élections sont un moment privilégié dans la vie de l’école. Il faut alors leur donner toute l’importance et la solennité requises. C’est montrer aux élèves qu’ils sont le centre d’intérêt. Cela est non seulement un signe de respect, mais une manière de les mettre au-devant de la scène et de les responsabiliser. En effet, n’oublions pas que concept de Gouvernement Scolaire parodie celui de Gouvernement de la République où des responsabilités sont confiées à des adultes et exécutées dans la pure tradition républicaine. C’est à ce jeu que s’apprêtent à se lancer les élèves : une éducation à la citoyenneté et à la vie. Aussi l’Administration de l’école, avec à sa tête le chef d’établissement, doit s’impliquer activement du début à la fin. Pour ces élections, il s’agit d’élire un Président et un Vice-Président, celui ou celle qui vient en deuxième position. 4.1. Avant les élections ? Commencez par diffuser l’information au sein de l’école. Le chef d’établissement accompagné de quelques membres de son staff doit faire le tour des classes. Rappelez-vous que plus vous donnez l’impression que c’est important, plus les élèves auront tendance à prendre la chose au sérieux ; ? mettre sur pied l’Assemblée Scolaire qui est formée de 02 délégués par classe. Mettez en avant des critères de moyenne et de discipline et respectez la parité autant que possible ; ? Fixez le calendrier électoral par affiche: date dépôt de candidature, date proclamation des candidatures validées par le Conseil Constitutionnel Scolaire (l’Administration de l’école), durée campagne, date scrutin, date proclamation des résultats ; ? Après l’élection des délégués, déclarez que la Campagne Electorale est ouverte. Il n’est nullement besoin d’arrêter les cours pour cela ; les candidats peuvent battre campagne pendant la récréation et en dehors et des heures de cours. S’ils ne sont pas nombreux, ils peuvent même passer dans les classes pour décliner leur programme. Pour cela, ils devront mettre sur pied un Directoire de Campagne. ? Ceux ou celles qui voudraient concourir pour la Présidence devront nécessairement déposer au Conseil Constitutionnel Scolaire un dossier de candidature composé comme suit : - Une demande manuscrite adressée au Chef d’établissement. Pour cela, l’école peut préparer un formulaire de déclaration de candidature à renseigner par le candidat; - Une photocopie des bulletins du 1er et 2nd semestre de la classe précédente ; - Trois lettres de recommandation rédigées par des enseignants qui connaissent le candidat. ? Le Conseil Constitutionnel Scolaire, avec à sa tête le chef d’établissement, nomme par « décret » publié les membres de la Commission Electorale Scolaire chargée du processus électoral ; ? Le Conseil Constitutionnel Scolaire imprime des bulletins de vote comme le modèle suivant : ? Le CCS devra aussi préparer les imprimés des PV pour recueillir les suffrages. En voici un modèle : 4.2. Le jour du scrutin ? Cela dépend de vous, mais vous n’êtes pas obligés d’arrêter les cours pour voter. Pour cela, il faut faire de chaque classe un bureau de vote. Les élèves pourront ainsi voter en masse, alors qu’en arrêtant les cours certains en profiterons pour s’éclipser. Mais retenez qu’avec ce schéma, le vote peut durer deux jours car il se pourrait que toutes les classes n’aient pas cours dans la même journée. ? Choisissez parmi les élèves de la classe les membres du bureau de vote : - Président - Un assesseur - Un secrétaire L’enseignant de la classe se constitue en superviseur du vote. Il peut céder son bureau aux membres du bureau de vote. L’enseignant distribue les bulletins de vote à toute la classe et leur expliquer qu’il faut cochez un seul nom. Un bulletin non coché ou avec deux noms cochés constitue un bulletin nul. L’enseignant ramasse individuellement chaque bulletin, rangée après rangée, pour éviter la confusion ou la fraude. Ou alors, s’il y a une urne, les élèves peuvent individuellement, rangée après rangée, venir y mettre leur bulletin. ? Après le vote, le Président du bureau passe au dépouillement - L’Assesseur compte et totalise le nombre de voix - Le Secrétaire remplit le procès-verbal en 02 exemplaires - Le Président fait la lecture finale du procès-verbal ? L’un des PV est affiché devant le bureau de vote pour la transparence, et l’autre est acheminé à la Commission Scolaire Electorale pour le décompte final. ? Ensuite, la Commission Scolaire Electorale transmet les dossiers au Conseil Constitutionnel Scolaire pour la validation et la proclamation des résultats finaux du scrutin. 4.2.3. Après le scrutin ? Le Président et le Vice-Président élus convoque l’Assemblée Scolaire pour former leur Gouvernement. Il s’agit ici de désigner parmi les délégués ceux qui seront ministres et quelles seront leurs prérogatives. ? La circulaire ministérielle indique à titre suggestif un certain nombre de ministères. Mais ce qui est important ici, c’est d’avoir des ministères fonctionnels ; le nombre importe peu. ? Le Président fixe une date avant laquelle chaque ministre devra décliner sur papier son plan d’actions annuel. Il est libre de chercher parmi les élèves de l’école ceux qui pourront l’aider à accomplir sa mission. ? Ensuite une autre rencontre est prévue pour synthétiser et programmer tous les plans d’actions avec des dates qui ne se chevauchent pas et qui tiennent compte des autres évènements scolaires. ? Le Président et son gouvernement sont des officiels de l’école. Ils prennent part à tous les évènements scolaires, sont invités à rencontrer les personnalités qui visitent l’école. ? Ils pourront aussi choisir parmi les enseignants de l’école ceux qui vont les encadrer. Ou alors, le chef d’établissement choisit les encadreurs. Il devra aussi les motiver pour un encadrement réussi. Conclusion Toutes les grandes écoles du monde, ces écoles-là qui réussissent tout ce qu’elles entreprennent, cherchent à développer le leadership élève. La centralité de l’élève ne doit pas être de vains mots ; elle doit se traduire par des actes concrets. L’expérience a montré, partout dans le monde, que les écoles qui développent ces genres d’initiatives réussissent mieux : elles font de meilleurs résultats et forment le type de citoyens que le pays attend du système. Il sera difficile à notre système ne décollera pas tant que nos élèves n’ont pas l’esprit à cet apprentissage et éducation à la citoyenneté. « Ndap ba la nga thiy def, ndang koy raxas ». ***************** Baidy Dia, Formateur en Leadership et en Citoyenneté Mondiale pour le British Council de Dakar. **************** S’il vous plaît, n’hésitez pas à me faire part de vos remarques pour améliorer ce document.
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Macky Je T' Adore Je Te Veux Toujour; Mais Noullons Le Changement On A Rien Vue; Faites Nous Plaisir Pour Nous Aussi On Leve La Tete Devant Les Oposants

le Mercredi 27 Mars, 2013 à 01:35:25RépondreAlerter

Doudie - #2

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le Mercredi 29 Mai, 2019 à 21:05:44RépondreAlerter

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