4 AVRIL 1960 4 AVRIL 2019 : 59 ANS D’INDIGNITÉ NATIONALE !

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4 AVRIL 1960 4 AVRIL 2019 : 59 ANS D’INDIGNITÉ NATIONALE !

Je dédie cet article à Monsieur Amath Dansokho, ancien secrétaire général du PIT SENGAL, apôtre, combattant incontesté et incontestable de l’indépendance nationale véritable. 

A ses côtés, j'ai appris ce que veut dire se battre pour la dignité humaine !
Les états, modernes ont, presque, tous un jour de commémoration d’une date importante dans leur histoire collective appelée fête nationale.

Pour notre part, au Sénégal, cette date, là, est le 4 avril qui représente l’anniversaire de "l'accession" de notre peuple à la souveraineté nationale.

En effet, le 4 avril 1960 notre pays, à travers ses dirigeants de l’époque, avaient négocié et obtenu de la France, l’envahisseur, le "droit" de décider, lui-même, de son sort et de sa destinée.

Années après années, 59 ans après, notre pays célèbre, avec plus ou moins de fastes, cette date symbolique.

Mais, suis-je tenté de me demander et de vous demander, quelle est la signification d’un tel cérémonial ? A quoi peut bien servir tous ces défilées militaires et civils, ces déclamations de l’hymne nationale, ces réjouissances ou, encore, ces fanfares et symboliques si étranges à nos sens?

Me vient en mémoire une autre date, d’ailleurs, au-delà de l’océan atlantique, le 4 juillet 1776 quand treize colonies anglaises d’Amérique proclamaient leur indépendance, par un vote du congrès, vis-à-vis de l’empire britannique. L’ébauche du texte de la déclaration d’indépendance fut écrite par le Président Thomas Jefferson, retravaillé par le congrès et amendé (notamment en ses points relatifs à la condamnation de l’esclavagisme pour ne pas fâcher les représentants sudistes au Congrès). Cet acte d’indépendance résulte d’une lutte intellectuelle (qui a commencée avec l’ouvrage de Thomas Paine dénommé « Common Sense» qui connut un succès de librairie impressionnant) et se poursuivit par de violents combats contre les exactions de l’empire britannique.

Qui a pensé l’indépendance du Sénégal ?

Qui a discuté des termes de l’indépendance du Sénégal ?

Qui a versé du sang pour l’indépendance du Sénégal ?

Qu’avons-nous réussi à arracher aux envahisseurs ?

Qu’avons-nous obtenu de notre déclaration d’indépendance ?

Ces questions sont plus importantes que les réponses que l’on peut leur apporter au regard du folklore auquel les différentes célébrations intervenues depuis plus de cinquante ans nous donne, si désespérément, droit.

Au moment où les autorités actuelles de notre pays se gargarisent de mots creux sur le sens civique des citoyens, je constate que nous continuons d’enseigner à nos enfants une histoire écrite par ceux qui n’avaient que mépris et commisérations pour nous.

Les héros que nous célébrons de NGalandou Diouf aux tirailleurs, en passant par Blaise Diagne, Lamine Guèye ou Senghor sont, tous, des collabos, de vils serviteurs des envahisseurs.

Nos rues, nos boulevards, nos places, nos édifices nationales portent, encore et toujours, les noms et les symboles des esclavagistes et colonisateurs d’hier.

L’armée coloniale est toujours sur notre sol, notre monnaie est toujours la propriété de l’ancien colonisateur, nos élites sont et restent, toujours, asservies et aplaties devant l’oppresseur d’hier.

Nos héros, les vrais, de Samory Touré à Cheikh Anta Diop ou Seydou Cissokho, en passant par Lat Dior NGoné Latyr, El hadji Omar Tall, Alboury Ndiaye, Abdoulaye Wade ou Cheikh Ahmadou Bamba MBacké sont relégués au rang de simples curiosités historiques.

Au lieu de réfléchir et d’agir pour donner du sens à ce jour qui peut, malgré tout, devenir important pour la nation, nos dirigeants se contentent de rituels, de discours aériens et fades.

C’est pourquoi, en tant que citoyen sénégalais, fier de ce que je suis, je ne me retrouve pas dans la forme actuelle de célébration du 4 avril. Je ne vois pas quel sens peut-on donner à un défilé militaire ou à des décorations dans un pays où l’armée n’existe que de nom, tellement elle végète dans l’indigence matérielle et morale absolue, tellement ses missions et ses priorités sont mal définies.

A l’heure où j’écris ces lignes, une patrouille espagnole s’apprête, à l’intérieur de notre territoire, à prendre le large ou en revenir. Eh oui, dans le cadre du FRONTEX, notre gouvernement a vendu notre souveraineté en permettant à des forces étrangères de contrôler nos frontières maritimes et en laissant à la France le droit de garder ses soldats dans notre pays sans aucun droit de regard de nos forces nationales sur leurs mouvements.

Et que dire de nos policiers ou gendarmes qui continuent, en toute impunité, d’opprimer leur propre peuple, d’humilier, au quotidien leur propre peuple à la manière, hier, des colonisateurs et esclavagistes français. Mon propos se nourrissant de ce spectacle hallucinant où des « blancs » sont laissés libres de circuler sur les plages de Saly portudal ou au sein des ministères alors même que des policiers ou des gendarmes vous barrent la route, sur ces mêmes lieux, parce que vous êtes …noir...

Comment comprendre que 59 ans après les indépendances, la justice soit, toujours rendue, comme à l’époque coloniale, dans le sens d’humilier les simples gens et de courber l’échine devant les puissants, les dominateurs d’hier et leurs suppôts d’aujourd’hui ?

Le 4 avril pour qu’elle soit une fête vraiment nationale devrait être le moment d’une remise en question profonde sur ce que veut dire être sénégalais. De ce point de vue, la fierté nationale devrait commander, par exemple, que nous renoncions définitivement à l’aide au développement qui continue de peser, dangereusement, sur notre indépendance. A quoi nous sert-il de nous endetter, chaque jour davantage, si les dettes que nous contractons ne peuvent servir à résoudre les problèmes qui sont prioritaires pour notre peuple, une dette qui ne nourrit que les entreprises étrangères ?

La fête nationale qui devrait être un moment fort d’exaltation de valeurs communes, de la fierté nationale tombe dans la frivolité dès lors que les dirigeants restent confinés à la résolution de problèmes non essentiels ou non prioritaires pour l’avenir commun.

En ce 3 avril 2019, je vais me coucher, sans dormir, pensant et repensant au sens du sacrifice des femmes de NDer et à la grande Aline Sitoe Diatta, au moment précis où l’armée coloniale, là-bas à Dekheulé, assassinai, lâchement, Lat Dior NGoné latyr Diop ou encore à la solitude des compagnons du parti africain de l’indépendance, sacrifiant leur vie, à servir une idée noble du Sénégal.

Cette nuit, je le sais, mes rêves seront des cauchemars, car demain je devrais me réveiller pour suivre un défilé sur un boulevard qui porte, toujours, le nom d’un colonisateur, pour suivre des manières de faire qui ont été laissé par les bourreaux de mon peuple.

Quand serons-nous assez forts, assez unis, assez lucides pour exercer, ensemble, notre indépendance politique, économique, culturelle, jouir de notre souveraineté?


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Anonyme - #1

Pas Trop Pertinent...

le Jeudi 04 Avril, 2019 à 11:04:45RépondreAlerter

Mayday - #2

Mamadou Dia A Essayé , On L'a Trahi Wade A Tenté , On A Comploté Contre Lui La Mafia Politico Religieuse A De Baux Jours Devant Elle

le Jeudi 11 Avril, 2019 à 09:04:38RépondreAlerter

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