Le Blogs de : Tamba Danfakha

Le Dictionnaire Larousse nous dit du mot "intellectuel" ceci : "vient du bas latin intellectualis, du latin classique intelligere, connaître" et il ajoute "quelqu'un chez qui l'activité de l'esprit occupe une place importante". Plus simplement, je dirais que l'intellectuel est une personne qui se soucie de vérité, de clarté et de compréhension. Pour ce faire, l'intellectuel a besoin, lui même, de savoirs et de connaissances. Certes, comme je l'ai, déjà, clarifié dans certaines de mes publications, il faut faire la différence entre le savoir (qui est une description du réel ou de l'imaginaire) et la connaissance qui est une explication du réel et de l'imaginaire).  Pour décrire le réel ou l'imaginaire on peu se fier à nos croyances (cela donne un savoir ésotérique et irrationnel) ou on peut se fier aux regards et aux instruments d'observation (ce qui donne un savoir scientifique et rationnel). Pour expliquer le réel on peut se fier à nos pratiques culturelles (ce qui donne des connaissances autocentrées) ou se fier à un raisonnement logique et cohérent (ce qui donne des connaissances universelles). Puisque l'activité intellectuelle est centrée sur la description du réel ou sur son élucidation, et que cette activité est le fait de, presque tous, il peut paraître difficile, d'identifier, parmi la multitude, ceux qui méritent le titre "d’intellectuel". Je vais, donc, tenter d'introduire un élément discriminatoire qui est celui de ne considérer comme activités intellectuelles que celles qui sont fondées sur une démarche scientifique (qui part de postulats pour proposer des théories qui sont expérimentées et les observations analysées logiquement et avec cohérence). De ce point de vue, on verra que les écrivains, les savants et les enseignants sont, donc, des intellectuels potentiels. Mais, me référant à l'histoire, je vais introduire la notion, arbitraire, d'engagement pour encore réduire le nombre des intellectuels. Historiquement, en France, le mot intellectuel a vraiment émergé dans l'affaire Dreyfus (un officier juif qui a été jugé et condamné pour des faits gravissimes d'espionnage mais à tort dans les années 1894). Cette distinction, certes arbitraire, de considérer comme intellectuelle, toute personne qui est capable de prendre position pour la vérité me convient, personnellement. A quoi peut servir une description et une explication abstraites du réel si on ne peut pas prendre la parole ou une plume pour la défendre, en toute circonstance et quel qu’en soit le prix ? Le professeur Mamadou Diouf, historien émérite, qui fait parti de ma liste des intellectuels sénégalais que le monde nous envie, a dit, un jour en 1988 sur le plateau de la télévision nationale, pour répondre aux reproches à lui faites de défendre l'opposition, "je fais mon job d’intellectuel, c'est un job ingrat..". Galilée, le premier vrai physicien de l'histoire humaine n'aurait -il pas été assassiné pour avoir refusé de dire que la terre ne tournait pas autour du soleil pusiqu'il était arrivé à la conclusion que tel était le cas ? Que ce soient, le savant Cheikh Anta Diop, les écrivains Fatou Diome ou Boubacar Boris Diop, les sociologues Fatou Sow ou Ndukur Kacc Essiluwa Ndao (Abdou Ndao de son vrai nom), l'économiste Cherif Salif SY ou l'historien Mamadou Diouf, ma définition, non seulement peut leur être appliquée mais parce qu’elle peut leur être appliquée, ces sénégalais de valeur et pétris de talents de dignité, travaillent ou ont travaillé pour que notre dignité collective restent intacte dans le concert des concerts nations. Ils méritent, eux et tous ceux que je n'ai pu cité dans cette liste si sommaire, notre reconnaissance et notre admiration sans limites.