Entretien avec BAAGNE le fromager et bibliothèque de Lam-Lam

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Entretien avec BAAGNE le fromager et bibliothèque de Lam-Lam

Elle doit avoir entre 95 et 100 ans selon les estimations ou même plus. D’une grande mémoire, Baagne parvient à se rappeler des prénoms et noms de ses ancêtres des villages de lam-lam, Baliga, Diassa et Thiafathie, la venu du christianisme dans la région et de l’islam dans les moindres détails. Sœur au papa de Thérèse Dominique, Joseph et Ernest entre autres, on a oublié son nom de baptême et son prénom sérère car imitant ces neveux qui l’appellent Baagne (contraction de Badiane), tous les gens l’appellent ainsi.

J’ai trouvé Baagne dans sa chambre assise tranquillement entrain de méditer un petit transistor sur le lit diffusant la mess du dimanche car elle ne peut plus se déplacer jusqu’à l’église qui est à 1 km de la maison.. En compagnie de Joseph son neveu, on a eu la chance de tout connaitre sur les origines de nos parents.

Que savez vous de l’origine des villages de lamlam, Diassa ; baliga entre autres ?

Baagne : Au début, a l’époque des Bour, il y avait un seul village perdu dans la forêt vierge entre les palmiers, les lianes épineux (Doutouk) et les baobabs géants. Tellement mystique que personne n’osait si aventurer ni les colons, ni les rois. Le village servait de refuge a toute personne persécutée ; chassé de son village ou fuyant le service militaire des années 14-18 ou l’esclavage Maure. Il s’appela Diaa-Saane ce qui veut dire étymologiquement en sérère none ‘’ courir- réfugié’’ et avec les déformations il fini par devenir Diassa puis Ndiassane. Il était habité par des THIAW par la suite des Diola vinrent du sud, d’autre Thiaw vinrent du Léhar et du palor puis les Mbaye du nord.

Comment a eu la dislocation de ce gros village?

Baagne : Avec les années, le village devenait grand et les familles venaient de partout. A la mort du fondateur, ses enfants dont l’ainé « Kouli » ne pouvait pas prendre la responsabilité de commander cette diversité de famille. Ainsi les Diola ou Diolé ou Ndioléne se dirigèrent vers le nord a 3km pour l’ainée et 1 km de Diassa pour le cadet c’est la création de Thiafathie et Lam-lam ( Voire la partie origine de Koulam-lam). Et un troisième enfant partit vers l’ouest dans le léhar au village de Dougnane où, après des années de sédentarisation, changea son Nom en Mbaye. Ce sont a présent les MBAYE de Dougnane qui continuent a maintenir leur lien de parenté avec les NDIOLENE de lam-lam. - Mour Ndiaré Diolé créa le village de lam-lam ou Koulam-lam ou Korouk-lam. - A la mort de leur père, Mbagnik et ses frére dont Ali, Bocor, yeuweul, Mbéte les rejoignit et créèrent le quartier de Thiourki. - Le fils adoptif de Mour Ndane THIOMBANE qui venait de Dougounane dans le palor créa le quartier de Pontiol et changea son Nom en THIAW.

Parlez nous du temps des colons.

Baagne : Je vous dis que le village de Diassa était sous l’autorité de Birane Nago. Mais après la dislocation et l’avènement des colons dans la localité dont Massamba SARR installé a Tivaouane et Méissa Mbaye SARR qui était un Guélewar du cayor ils cherchaient par tous les moyens à coloniser ou islamiser le gros village perdu dans la forêt. Mais la capacité mystique de ses habitants le leur empêchait. (Voire la tentative d’annexion du palor et la guerre des abeilles à Diogali avec le roi du cayor). Ainsi, depuis, les villages de Koulam-lam, Diassa et Thiafathie jusqu’à Koudiadiéne restèrent animiste jusqu’au années 1950.

Mais Baagne, comment le village de Baliga, à 100 mètres de Diassa est habité par des musulmans et d’où viennent ils ?

Baagne : C’est Bou KOUNTA qui, venu du Mali avec des fidèles s’installa au nord entre Tivaouane et Diassa car il y avait les Tidiane au Tivaouane et le colon aussi. Il prit le Nom de Diassa pour son village qu’il transforma en Ndiassane pour enlever la teinture animiste d’où maintenant les deux noms : Ndiassane keur Bou et Ndiassane Khaye ou Ndiassane sérère pour les nouvelles générations. Mais Bou Kounta sollicita auprès au chef de diassa un lopin de terre pour créer un Daara et comme il était un Marabout Khadr homme de DIEU ; il guérissait des malades qui venaient de tous les horizons et les recasait dans ce Daara. Alors le Vieux Birane Nago lui donna ce lopin de terre à coté du village sous un arbre appelé « Eubi » ou « Beul » en sérère none d’où le nom de « Beul-gue » devenu Baliga avec les déformations. Ce village était habité par les BA et les autres familles vinrent après. C’est pourquoi c’est eux qui se succèdent comme chef de village.

Si Diassa et ses sous-villages ont résisté à l’islam, comment le christianisme est venu ?

Baagne : Cette religion est venue en territoire Saf-none par trois prêtres : - Père POUCET pour le Léhar actuel Pandiénou. - Père EON pour Padé actuel Fandéne - Père BOURGOUIN pour saafi actuel paroisse de Koudiadiéne. Mais avant que ce dernier ne mis les pieds dans sa zone d’évangélisation, le pére EON lui avait préparé le terrain en formant des jeune catéchistes de fandéne et en leur envoyant comme précurseur car la zone était hostile aux étrangers surtout les blancs. C’est ainsi que : - Couly Ngagne ou Michel Couly, Papa de Bernadette THIAW et grand pére de l’abbé Alphonse Henry NDIONE fut envoyé à lam-lam et Diassa. - Mbatte et Lamane Olou furent déployé à Koudiadiéne. - Matar ou Etienne ira à thiafathie. Tous ces jeunes allaient sous la coordination de Samba GAY ou Clément père d’Augustin TINE actuel ministre des Forces Armées. Ces villageois faisaient 12 km pour aller à la messe le dimanche à Saint Anne de Thiés et à pied mais n’ont jamais accepté de faire les 3 km qui les séparait de Ndiassane ou les 10 km de Tivaouane pour aller a la prière du vendredi.

Quels sont les différents chefs de village qui se sont succédé à Diassa ?

Baagne : Le premier fut Birane Nago THIAW Après la dislocation de l’agglomération Ngouda THIAW pris la couronne c’est le père de Seyni et grand père de Stanislas, rose entre autres. Après Ngouda, vint le règne de Diougoul THIAW c’est le père de Ngoné Diougoul et grand père de Julienne, Margueritte Ndioléne entre autres. Et a présent c’est Diogou Boye qui est sur le trône du village hiérarchiquement.

Avec l’âge, Baagne commençait à sentir la fatigue car elle avait trop parlé. Joseph prenait l’enregistrement Audio car on ne pouvait pas tout noter tellement elle citait les noms de ses ancêtres avec aisance. Merci Baagne, Que DIEU le tout puissant te garde parmi nous afin que les nouvelles générations viennent puiser dans la source et se documenter dans cette bibliothèque humaine pour que l’histoire ne s’éteigne à jamais.

Source: https://www.facebook.com/Koulam-Lam, Therese Dominique Thioaw, Joseph Demba Thiaw


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