Touba, un statut très spécial

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Touba, un statut très spécial

Si Touba est contre, qui sera pour? Celui qui n’est pas avec l’Etat est forcément contre l’Etat.

Le constat est amer. Il ait de ces pays qui comme le Sénégal partagent depuis les temps immémoriaux la croyance en une divinité unique.

En 2001, le président Wade eut l’intention de supprimer le terme laïcité de la Constitution mais le peuple comme hypnotisé, vota à 94% son maintien à l’occasion d’un référendum organisé à cet effet.

L’Assemblée nationale et le Sénat ont adopté successivement les  14 et 19 mai 2010 la fameuse loi sur la parité absolue qui défraie aujourd’hui la chronique en étalant ses incongruités. Ces propos de Monsieur Cheikh Bamba Dioum montrent à quel point le peuple sénégalais seul est souverain.

Aujourd’hui nous pouvons dire sans risque de nous tromper que la république minée par la foi, cette république est entre le marteau de la religion et l’enclume du citoyen ordinaire.

Dès lors, le fait d’accorder à Touba ou une autre ville quelconque un statut assez particulier relèvera toujours de la démagogie et restera une violation grave de notre charte fondamentale.

Aucune confrérie ou obédience religieuse n’est souveraine. Soyons pondérés chers compatriotes, soyons modérés et n’allons pas à la tentation sinon nous rendrons compte demain devant Dieu et devant les hommes.  

Pourquoi admettre l’école française à Tivaouane et non à Touba?, pourquoi respecter la parité à Ndiassane (Chérif Lô) et non à Touba?, pourquoi contraindre un administrateur civil sous – préfet à Ndame de se plier aux diktats d’un marabout?, pourquoi attaquer une personne qui aurait exprimé sa pensée, brûler ses biens et refuser que les auteurs de tels actes ignobles, contraires à toute religion soient relâchés sans condition? Pourquoi s’entêter à croire que Touba est un « état » dans un État, un titre foncier (100 millions de m²)?, Soyons prudent, les interrogations sont loin d’être épuisées.

La constitution sénégalaise précise clairement qu’il n'y a pas de privilège de lieu de naissance, de personne ou de famille au Sénégal. Qu’est ce qui justifierait alors un tel privilège pour Touba ?

Pour reprendre Aliou TALL Président du RADUCC ; « le droit fondamental applicable au Sénégal interdit toute discrimination entre les citoyens basée sur la religion. Les catholiques du Sénégal, même s’ils sont minoritaires, doivent être respectés par la République. Si Touba bénéficie d’un statut spécial, toutes les autres villes religieuses du Sénégal et lieux de pèlerinage pourraient exiger la même faveur : Ndiassane, Tivaouane, Cambérène, Yoff, Popenguine, Gouloumbou, Mont Rolland etc. ».

Faut – il imposer la parité à partir du genre, et non de la compétence du candidat? Touba n’admet pas de rassemblements politiques, il n’accepte pas une pluralité de liste, il ne respecte pas la parité, somme toute, à Touba c’est un référendum sur le pour ou contre la liste du khalife et non une compétition.

Soyons encore une fois attentifs car, de titre foncier on parle de statut spécial et plu tard il sera question de … pensons à la postérité, pensons au legs à laisser aux générations à venir et évitons de verser dans le séparatisme et la division.

Les Sénégalais ont beaucoup souffert de conflit et de futilité, ça suffit. La loi au Sénégal jusqu’à ce jour demeure impersonnelle et pour rappel, nul n’est au dessus.

L’heure est à l’union des cœurs et des esprits pour un Sénégal de paix, prospère et émergent.

Quand un responsable de parti politique dit que la volonté du marabout doit primer sur tout et que le Président de la République doit accorder un statut spécial à Touba, on peut penser que dans sa tête le Sénégal est une islamocratie. Il n’en est rien. C’est juste une recette machiavélique pour préparer la conquête du pouvoir.  

La désastreuse situation géopolitique qui infecte l’Afrique devrait amener nos compatriotes à veiller à l’intérêt commun et la stabilité sociale de notre pays. Évitons de poser les germes de conflits futurs pour nos descendants.  Arrêtons de papoter que le Sénégal est un pays béni par des Saints de l’Islam, qui ne peut pas connaître de conflits sociaux similaires à ceux qui sévissent dans l’Azawad au Mali, au Nigéria avec Boko Haram, ou plus récemment en Centrafrique où Seleka et Anti-Balaka mènent des violences religieuses. Nous ne sommes pas meilleurs que les autres. Notre gage de paix réside dans l’unité de la nation dans une République laïque et unitaire.

Le président de la République est le garant du fonctionnement régulier des institutions et de l'intégrité du territoire. Il se trouvera dans de beaux draps s’il n’a pas le courage de dire fermement  que Touba ne peut pas avoir un statut spécial et qu’une liste électorale faisant référence à une communauté religieuse et excluant les femmes n’est pas légale. Laisser faire, c’est mettre la République sur un volcan dormant qui peut se réveiller à tout moment.


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