Le Blogs de : Charles Thiam

La première chose est de féliciter le Président pour cette décision salutaire. La Bravoure des Jambaar, leur professionnalisme, leur sens du Devoir et du Courage, on peut encore en parler des années et des années encore…Mais là n'est pas la question.

La 1ère Question:

Est-ce que les Bulletins de l'Etat de la Troupe sont décortiqués comme il se doit? Est-ce que ces informations précieuses parviennent au cabinet militaire du Président et au Président lui même? On peut se poser la question quant on constate que de plus en plus des soldats sénégalais sont faits prisonniers sur différents théâtres d’opération. Pour en avoir discuté avec un ancien caporal formateur au 22ème BI, il m’a confié ne pas comprendre ce qui se passe aujourd’hui.

2ème Question:

L'état réel des forces armées, de la motivation à la situation opérationnelle, en passant par l'état de la formation, le plan de carrière, le cantonnement des unités, le déploiement opérationnel national et international, le listing réel des moyens terrestres, aériens et navals, est-ce que ce sont les vrais chiffres qui sont présentés à qui de droit..Si l'on se base sur le conflit en Casamance, le déploiement de contingents lors de l'Opération Gabou en Guinée Bissau, tout récemment en Côte d'Ivoire avec l'unité para commandos affectée à la sécurité de M. Ouattara, ou encore l'esclandre qu'il y a eu en Casamance au sein du Bataillon Commando...Ces problèmes récurrents de fournitures en munitions, ces IJO et autres primes qui sont perçues par la hiérarchie et distribuées au lance pierre, on pourrait en douter…

3ème Question :

Définir la vraie nature de l'impératif militaire pour le Sénégal :

a- Même si tout est fait par le nouveau pouvoir pour amener le MFDC et Atika à la table des négociations, il n'en reste pas moins qu'aujourd'hui, il y a en plus un vrai problème de banditisme en Casamance : à cela s'ajoute le brigandage en hausse de la boucle du Fleuve Sénégal jusqu'au contreforts du Fouta Djalon: ce combat passe par le renseignement de terrain et une aéromobilité permanente, d'autant plus que les Zones Militaires N5 et Spéciale N7 disposent déjà d'unités aguerries pour mener ce combat.

b- La situation au Mali, en Guinée Bissau, les tentatives d’incursion d’AQMI en Mauritanie sont éloquentes pour que nous ne dispersions pas dans un débat puéril et improductif : il faut une réelle montée en puissance des forces armées nationales pour garantir l’intangibilité, l’inviolabilité réelle des frontières, la sécurité des biens et des personnes.

La projection de forces polyvalentes et efficaces doit être la priorité : le transport aérien et l’aéromobilité est réduit : quelques Fokker et  hélicoptères lourds… L’attaque au sol ne peut n’être confiée qu’à quelques Rallye R235 Guerrier et autres MI35 Hind P. Le cas malien, où leurs 4 MI24V n’ont pas pu empêcher les colonnes de Pick-up tecnicals du MNLA/AQMI d’agir, est là pour ouvrir nos yeux.

L’usage d’hélicoptères de combat (Bataille de N’Jaména - Février 2008, à Abidjan, Côte d’Ivoire Avril 2011, en Libye juin 2011, TIGRE HAP et Gazelle SA342 Hot) renseigne sur l’importance de ces vecteurs devant la nouvelle texture de la guerre urbaine et péri urbaine.

Même si les priorités du pays aujourd’hui ne sont pas à l’achat d’armes, vu le contexte socio politique duquel nous sortons, le Sénégal ne doit pas être en reste. Le dernier vrai plan d’armement des FAS date de 1984-88.

La guerre moderne, aujourd’hui, est d’abord technologique, aérienne avant d’être naval ou terrestre.

Quelques pistes de modernisation

La Marine Nationale doit bénéficier de l’ouverture de nouvelles bases aéronavales : le trafic grandissant de drogue, la pêche illicite et le trafic international d’armes justifient aujourd’hui que les sites de Kafountine, Toubakouta et Lompoul puissent pouvoir s’ajouter au dispositif existant.

Cela suppose aussi la création del’Aéronavale Sénégalaise : pour cela des aéronefs de type Diamond DA42MPP pour la surveillance et le renseignement, Casa CN235MPA Persuader, des hélicoptères PZL W3 SAR pour le SAR et la lutte aéronavale seraient les bienvenus. Déployés le long de la façade maritime, ils seront de précieux appoints à la marine.

Nous n’avons toujours pas d’unités de Haute Mer. Les PHM et autres P40, VRC sont vieux et poussifs : des unités de type DAMEN SIGMA 10514 (Le Maroc vient de s’en doter), des OPV classe Holland ou classe DCNS Gowind sont plus que nécessaires vu toute la drogue qui débarquent sur nos côtes. Des FPB classe Shaldag, des vedettes amphibies ou semi rigides doivent permettre un meilleur  maillage des côtes, des fleuves, des deltas et autres bolongs.

L’Armée de l’Air : l’appui aérien aux Troupes Terrestres est aussi à revoir : de nouvelles bases et détachements aériens sont à créer : Dakhar Bango, Podor, Dodji, Koumpentoum, Bakel, Kédougou et Kolda devraient en abriter dans le cadre d’un redéploiement opérationnel. Les MIL MI35P et MI171SH du GOAA sont de bons vecteurs  mais sont en nombre insuffisant : qui plus est ils ne sont ni éclairés au sol, ni du ciel, ce qui pose par la même occasion, le problème de la modernisation de l’artillerie. Il faudrait le doubler  leur nombre, acheter des drones et y ajouter des avions de type Embraer A29A Super Tucano comme ceux que viennent d’acquérir le Burkina Faso,  l’Angola et la Mauritanie.

Ils coûtent environ 10 Millions $ l’unité, sont souples d’emploi et leur entretien à la portée du budget des FA. C’est pour l’instant le meilleur vecteur d’appui-feu et d’interdiction aérienne à petit budget. De plus, la France pourrait aussi nous rétrocéder quelques EMB312F  Tucano, qu’elle a retiré du service actif, et qui pourront toujours servir à Thies Bakao.  

Une escadrille de Chasse doit revoir le jour : jadis, des POTEZ CM170R Fouga Magister se chargeaient de cette mission au sein de l’ESCAFOU basé à Yoff Militaire.

Je suis personnellement partisan de l’EADS L159A Alca qui est un dérivé pas trop cher mais très moderne du L39C Albatros : une solution pas trop coûteuse consisterait, sinon, d’acheter des AMDBA Alphajet E à la France et les faire mettre aux normes NGEA, en sachant que la France pourrait aussi nous en céder.

6 à 8 de ces avions permettraient une bonne couverture du territoire national et un appui-feu de qualité aux troupes.

Pour les Hélicoptères, les Mil MI171SH se déploient en général avec des hélicoptères de reconnaissance et d’appui : l’Eurocopter EC635 SAWS, le PZLW3PL Gluzeck, le Hindustan DRHUV LCH ou encore le Bell OH-58D Kiowa sont les meilleurs candidats. Le Sénégal utilise déjà plusieurs versions de Bell, le B206G et le Huey UH1H.

Le Drone SAGEM Stemme S15 Patroller et le THALES 450 Watchkeeper  sont pour moi, les 2 meilleurs du moment.

En dehors de l’éclairage du champ de bataille, ce sont, de nos jours, de précieux outils de renseignement, de désignation d’objectifs et de tirs ciblés dont se dotent toutes les armées de l’air.

Le Transport aérien garantit l’aéromobilité et la projection. Il faudrait que le Sénégal augmente le nombre des CN235 pour remplacer les F27 qui date du début des années 80 : des avions de Type Casa C295M et quelques Lockheed C130 Hercules que l’Assistance militaire américaine peut fournir ne seraient pas de trop aussi.

Pour l’Armée de Terre, l’usage de plus en plus fréquent de mines anti personnel et des IED font que l’équipement blindé doit être revu : des MDMA Souvim 2 ouvreurs de chemins, avec des MRAP Cougar HE 6x6 Mastiff PPV et des Nyala RG-31 Mk5E seraient très appréciés : ils sont quasiment passe partout et multi rôles. Ils ont aussi fait leurs preuves sur les théâtres d’Irak et en Afghanistan. Les AML 90/60, M3, VAB, Mamba APC, Casspir et autres EE11Urutu recevraient un renfort de taille. L’usage de blindés lourds style T72, Abrams ou Leclerc pour ma part ne semble pas nécessaire.

Des GIAT AMX10RC avec comme éclaireurs des Nexter ARAVIS ARX20 font  très bien l’affaire, surtout en zone sylvo-sahélienne.

Le GIAT CAESAR 155, le Raytheon FGM148 Javelin seraient un plus pour l’Artillerie, augmentant la capacité de précision des frappes de préparation ou d’appui. Enfin le FAMAS FELIN pour nos unités spéciales ne serait pas de trop.

C’est sûr que cette proposition de modernisation semble surréaliste, au regard du contexte national actuel. N’oublions pas qu’il s’agit juste de pistes de réflexion, les membres de l’Etat-major maîtrisant cela mieux que votre modeste serviteur.

« On nous tue, on ne nous déshonore pas! »