BLOG DE NIOXOR TINE, AN XII: RETOUR SUR LE DIXIÈME ANNIVERSAIRE

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  • Article ajouté le : 10 Lundi, 2021 à 08h05
  • Author: Nioxor TINE

BLOG DE NIOXOR TINE, AN XII: RETOUR SUR LE DIXIÈME ANNIVERSAIRE

« Nous n’avons aucun mérite en ayant fait ce que nous avons fait, parce que nous étions seuls à pouvoir le faire quand il fallait le faire … Nous ne nous battons pas pour nous, mais contre un système, certainement au profit d’autres générations ». 

Seydou Cissoko, révolutionnaire sénégalais

PREMIÈRE PARTIE: RAPPEL SUR L’ÈRE WADE

Un tournant décisif qui a marqué le premier mandat de Me Abdoulaye Wade a été cristallisé par le fameux plan Jaxaay élaboré en réponse aux inondations catastrophiques d’août 2005.

La réponse apportée à cette question- report unilatéral en 2007 des élections législatives initialement prévues en 2006 – est révélatrice du malaise traversé par le régime libéral, qui n’arrivait pas encore à trouver ses marques avec une instabilité institutionnelle caricaturale au sommet de l’État (trois premiers ministres en 4 ans).

Elle témoignait aussi de l’absence de rupture dans la gestion du Président Wade ponctuée par des scandales à répétition et d’atteintes itératives aux libertés et qui, sous plusieurs rapports, apparaissait plus désastreuse que celle du régime socialiste précédent.

C’est donc la crainte morbide d’un désaveu populaire et d’une défaite électorale qui explique les fraudes massives observées lors des présidentielles de 2007.

En réaction à la confiscation de la volonté populaire, les  partis de l’Opposition décidèrent de boycotter les législatives et de convoquer les Assises nationales, dont les objectifs phare étaient d’une part la refondation institutionnelle pour mettre fin à l’hyper-présidentialisme obsolète et de l’autre, la responsabilisation citoyenne.

Cette démarche unitaire de l’Opposition et la pertinence de sa plateforme politique allaient bientôt produire des résultats, avec la défaite politique infligée au camp du « Sopi », lors des élections locales du 22 mars 2009. 

C’est au lendemain de ces joutes électorales, que le blog de Nioxor Tine a été porté sur les fonts baptismaux.

Il y eut aussi un accroissement de la conscience citoyenne qui mit en échec les différentes tentatives du président Wade soit de se maintenir au pouvoir en briguant un troisième mandat illégal selon les termes de la Constitution (qu’il avait, lui-même fait voter) ou alors de procéder à une dévolution monarchique du pouvoir au profit de son fils Karim Wade.

C’était sans compter avec l’essor des luttes démocratiques dans l’espace arabo-africain et le fameux printemps arabe, qui vit la chute de plusieurs dictateurs sanguinaires (Ben Ali, Moubarack…).

Malheureusement les mutations positives, dont le projet de renouveau démocratique des Assises nationales était porteur, allaient être plombées par une classe politique frileuse par rapport à des perspectives de véritable libération nationale et sociale.

Bientôt apparurent des dissensions nombreuses et futiles au sein d’une élite politique détachée des masses fondamentales, qui allaient compromettre le programme ébauché par la plateforme des Assises nationales.

De fait, c’est un ancien premier ministre de Wade, reconverti en opposant de la vingt-cinquième heure, qui va évincer son ex-mentor et supplanter les dinosaures socialistes, qui avaient visiblement beaucoup de difficultés à s’approprier des nouveaux concepts véhiculés par les Assises nationales.


DEUXIÈME PARTIE: DÉVOIEMENT DE LA DEUXIÈME ALTERNANCE


De fait, les patriotes et démocrates de notre pays allaient bientôt se rendre compte, que les deux coalitions issues de Benno Siggil Senegaal allaient faire preuve d’une incapacité notoire à négocier avec le Président Macky, un programme commun, dans lequel seraient consignées les préoccupations essentielles des initiateurs des Assises Nationales.

Les alliés du nouveau pouvoir allaient complètement délaisser l’approche programmatique centrée sur l’approfondissement de la démocratie au profit d’une approche pragmatique consistant à se lancer dans une quête éperdue de strapontins et de prébendes. 

C’est ce qui explique pourquoi les premières élections législatives de l’ère Macky, tenues le 1er juillet 2012, furent marquées par un fort taux d’abstention et furent organisées sur la base du même mode de scrutin majoritaire inique, qui avait toujours favorisé les coalitions au pouvoir. 

Pourtant, dans leurs déclarations officielles, la plupart des partis de gauche appelaient à parachever l’œuvre déjà entamée, en maintenant vivante la flamme du 25 mars 2012 et en faisant jouer à Benno Siggil Senegaal son rôle de sentinelle des conclusions des Assises Nationales.

Un an après la victoire de Benno Bokk Yakaar, l’impression générale qui semblait se dégager au sein de l’opinion sénégalaise était que, cette année, qui aurait dû être celle de la transition vers la refondation institutionnelle avait surtout été caractérisée par la prééminence d’actes symboliques (cérémonie hebdomadaire de levée de couleurs) et d’effets de manche politiciens. 

C’est ainsi qu’en lieu et place des ruptures attendues, la coalition Bennoo Bokk Yakaar semblait vouloir se complaire dans un consensus mou et un unanimisme grégaire.

Du côté de l’Assemblée également, la docilité et la soumission à l’Exécutif semblent être les qualités les mieux appréciées chez les honorables députés. Nous n’en voulons pour preuve que le procès fait par le SEN de l’APR à des députés qualifiés de rebelles et la suspension de Cheikh Diop Dionne du groupe BBY.

La grande réforme dénommée acte III adoptée de manière précipitée, à la veille du Magal, loin de poser les jalons vers une véritable décentralisation par la légitimation de l’action publique locale et une véritable territorialisation des politiques publiques, semblait surtout contenir des arrière-pensées politiciennes, caractérisées par une volonté d’accaparement  du pouvoir local par les tenants du Yoonu Yokkute et leurs affidés.

À côté de ces entorses à une vie politique apaisée, on a observé des régressions inadmissibles au sein du mouvement syndical sénégalais, avec une instrumentalisation des cadres organisationnels pour satisfaire les ambitions d’une personne ou d’un groupe, au mépris des normes élémentaires de fonctionnement démocratique.

L’Université a également été secouée par de vives tensions, dues au fait que les gouvernants s’efforçaient, depuis la dissolution des unions nationales en 1988, d’infantiliser le mouvement étudiant, en annihilant toute velléité d’un syndicalisme étudiant progressiste et responsable pour lui substituer un corporatisme étroit, une culture de la violence et l’inféodation à des logiques politiciennes.

Selon I. Sène, le limogeage du Premier Ministre (MIMI TOURÉ) a marqué un renforcement du régime présidentiel, allant à l’encontre des propositions de la  CNRI et a mis en exergue toutes les tares du présidentialisme qui lui ont fait atteindre, au Sénégal d’aujourd’hui, ses limites sociales. »

Pendant que le peuple burkinabé se préparait à chasser l’autocrate  insatiable Blaise Compaoré, l’État sénégalais, désireux d’entrer dans les bonnes grâces de la métropole,  instaure à Dakar,  une sorte “d’état d’urgence francophone”, avec interdiction de toutes les manifestations politiques sur toute l’étendue du territoire régional, entre le 10 novembre et le  5 décembre 2014.

La gauche sénégalaise, dans un dernier sursaut, va mettre sur pied la Confédération des Forces de Gauche les 21 et 22 février 2015, à l’ENDSS, avec la plateforme minimale suivante :

- Adhésion à la plateforme des Assises Nationales du Sénégal

- Bataille autour des conclusions des Assises Nationales du Sénégal

- Application des conclusions de la C.N.R.I

- Adoption par référendum du projet de Constitution proposé par la C.N.R.I 

Amath Dansokho sonna alors l’alerte, en affirmant que notre pays était en danger ! Les secteurs les plus rétrogrades de l’APR s’en prirent à lui ainsi qu’au Président des Assises nationales.

Tout cela était loin d’être surprenant au vu du déficit évident d’éthique qui caractérisait la classe politique sénégalaise empêtrée dans un unanimisme béat, au moment où le peuple se débattait dans des souffrances atroces. 

Finalement, c’est  lors de son message à la Nation du 31 décembre 2015, que le Président de la République est venu annoncer son projet de réforme constitutionnelle, qui va mettre un terme aux illusions des forces de gauche regroupées au sein de la Confédération pour la Démocratie et le Socialisme (CDS), qui rêvaient encore de faire prévaloir leur programme minimum  basé sur les « conclusions des Assises nationales » et le « projet de réforme des Institutions » proposé par la Commission Nationale de Réforme des Institutions (CNRI).

TROISIÈME PARTIE: INSTALLATION D'UNE AUTOCRATIE

https://youtu.be/x92DvTUatSc


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