ŒUVRER POUR UNE GESTION PREDICTIVE DES STOCKS DE MEDICAMENTS ET RÉACTIFS AU SEIN DU SYSTÈME SANITAIRE !

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  • Article ajouté le : 24 Samedi, 2017 à 22h06
  • Author: Nioxor TINE

ŒUVRER POUR UNE GESTION PREDICTIVE DES STOCKS DE MEDICAMENTS ET RÉACTIFS AU SEIN DU SYSTÈME SANITAIRE !

Les clameurs liées à la mort de l’appareil de radiothérapie ne se sont pas estompées et les 3 appareils de radiothérapie promis par madame le Ministre pour la fin du mois de juin se font encore désirer, contraignant des dizaines de malades du cancer à se faire soigner en dehors de notre pays. C’est dans ce contexte délétère que la presse nationale se fait l’écho, ces dernières semaines, de dysfonctionnements dans la chaîne d’approvisionnement de plusieurs médicaments et réactifs utilisés au niveau du centre national de transfusion sanguine, du programme national de lutte contre la tuberculose et dans le cadre de la prise en charge des affections liées au VIH/SIDA…etc.

Soucieux de la sécurité des usagers et des acteurs professionnels du système de santé, le SDT/3S s’insurge contre ces ruptures de stocks qui risquent d’entraver la continuité de l’offre de service au niveau de certains programmes de santé.

En effet, dans cette chaine de carences, qui menace la sécurité des usagers et des prestataires, il a été noté plusieurs alertes. Il s’est d’abord agi de réactifs utilisés pour la confirmation de certains cas de tuberculose commune et le dépistage des formes résistantes. Il y a ensuite eu les réactifs utilisés pour tester le sang destiné aux transfusions. Si pour le cas de la tuberculose la bonne vieille bacilloscopie pouvait encore suppléer à ce manque de prévision, il en est autrement pour le sang qui n’intervient que dans des cas d’urgence et dont l’absence de réactifs ne peut être suppléé. Pourtant la norme OMS de 10 donneurs pour 1000 habitants pourrait être une base de prévision, même si nous sommes loin de l’atteindre. Heureusement pour ces deux premiers cas, la situation est revenue à la normale.

Aujourd’hui les inquiétudes se font jour concernant la disponibilité des médicaments antituberculeux. En effet, au vu des difficultés déjà signalées au niveau de la disponibilité dans certains centres de traitement à Dakar (avec plus de 45% des malades) et Touba, notre pays est menacé par une rupture nationale en médicaments antituberculeux. La situation n’est pas plus reluisante au niveau des médicaments antirétroviraux utilisés dans le traitement de l’infection à VIH/SIDA.

Pour rassurer, les autorités admettent qu’il y a certes des tensions de stocks mais pas encore de rupture. Mieux, les livraisons de médicaments antituberculeux issus de l’Appel d’Offres International (AOI) de la PNA sont attendues fin juin début juillet. N’est-ce pas trop juste quand même pour la sécurité sanitaire de notre pays ?  En attendant les tensions de stocks seraient jugulées grâce, notamment, à un redéploiement de stocks et/ou à la solidarité des pays voisins.

Toutefois, on peut noter que toutes ces tensions de stock ne sont pas sans conséquences sur la situation sanitaire des populations comme par exemple : l’aggravation du déficit national en poches de sang au niveau de notre système de santé et l’apparition possible de formes résistantes de tuberculose, dont le diagnostic est différé et qui entrainerait un risque de propagation accru au sein de la population.

Nos informations mettent hors de cause les fonctionnaires en charge de l’approvisionnement, du suivi des stocks, même si des insuffisances subsistent au niveau opérationnel, d’où l’impérieuse nécessité de mettre en place un système d’information pharmaceutique performant prenant en compte les données des différents niveaux et qui devrait être intégré au DHIS2.

Cette situation pose problème, dès lors que diverses réunions se sont tenues depuis le début de l’année, au cours desquelles, des problèmes d’approvisionnements avaient été signalés et la nécessité d’établir une liste de "médicaments et produits d’urgence", devant être exemptés des procédures de passations de marché avait été acceptée (la liste aurait même été déposée sans suite).

Les lenteurs observées traduisent le plus souvent une absence de coordination entre différents services du Ministère et entre différents secteurs du gouvernement, une déficience du leadership des autorités sanitaires, la lenteur des procédures d’approbation ou d’acquisition aussi bien au niveau du Ministère qu’à celui des Partenaires Techniques et Financiers. À cela s’ajoute la complexité des mécanismes de passation des marchés.

Face à cette situation, qui peut mettre en péril la stabilité du secteur de la santé et la sécurité des populations, il est impérieux que les autorités concernées à quelque niveau qu’elles se trouvent agissent pour :

Améliorer le mécanisme de quantification des besoins afin de réduire les achats excédentaires ou insuffisants, Promouvoir une commande commune au niveau de la sous-région (voire créer une unité de production locale), avec l’appui politique de l’OOAS, ce qui présuppose une harmonisation des protocoles, Mettre fin à la fragmentation des commandes (médicaments essentiels et d’autres spécifiques aux programmes) qui affaiblit le système d’approvisionnement pour aller vers un processus unifié, Renforcer le contrôle sur le suivi des stocks entre la Pharmacie Nationale d’Approvisionnement, la Direction Générale de la Santé et le Cabinet, Sensibiliser les prestataires et communiquer objectivement sur les dysfonctionnements de la chaîne d’approvisionnement en médicaments, qu’on cherche souvent à dissimuler, Soutenir le système national d’approvisionnement, qui fait face à des tâches de plus en plus complexes

Enfin, il urge de poser au sein du gouvernement la problématique des longues procédures de passation des marchés et celles douanières, qui entravent très souvent la disponibilité des médicaments et produits médicaux dans les structures sanitaires.

Les sénégalaises et les sénégalais ont droit à un système de santé sûr, cohérent et performant. 

Le Bureau


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