ENTRE BÉNÉDICTIONS ET MALÉDICTIONS PAR BANDIA

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  • Article ajouté le : 18 Mardi, 2017 à 06h07
  • Author: Nioxor TINE

ENTRE BÉNÉDICTIONS ET MALÉDICTIONS PAR BANDIA

Par Bassirou S. NDIAYE

Assis aux premières loges ou quémandeur de faveurs indues comme il l’a toujours fait et obtenu de ses prédécesseurs qu’il voue à présent aux gémonies, le premier communicateur du royaume vient de déclarer le Gladiateur « un don de Dieu à vénérer ou au moins à respecter ».  Mais de qui se moque-t-il ? De quel Dieu parle-t-il donc ? Celui d’Isaac et d’Abraham, de Dionysos ou d’Eris ? Serait-il Rhadamanthe à coté de d’Éaque et de Minos pour indiquer leurs sièges aux Goorgorlus au purgatoire ? N’est ce pas des déclarations aussi irresponsables et dangereuses qui ont amené des millions de fidèles à déserter les églises, à se « révolter » contre le dieu et les dieux qui leur intimaient l’ordre de se soumettre aux dictatures, et à la misère ? Parce que l’opium du peuple, ce n’était pas tant la parole de Dieu, que l’interprétation des évangiles par un clergé repu allié à la monarchie d’abord et à la bourgeoisie ensuite.

Bien sûr, il serait plus simple de ranger de tels propos au rang de propagande politique émanant de quelqu’un dont le niveau de vie se mesure plus à la quantité des louanges qu’à leurs contenus. Mais le monde est trop complexe pour fournir une explication rationnelle aux errements et à cette sorte de folie collective (même momentanée) des hommes. Un esprit naïf ne peut donc s’empêcher de se demander la part de Dieu et/ou des dieux quand un clown qui a menacé d’accroitre la misère des couches les plus vulnérables est élu chef de la nation la plus puissante de la planète, la terreur imposée au pays du Proche et du Moyen-Orient par une poignée d’illuminés se réclamant de Dieu. Et pourquoi pas la part du diable, quand de puissantes loges d’Occident parviennent à imposer un bouffon adversaire déclaré des travailleurs, au pays de la liberté et des droits de l’homme. Reconnaissons tout de même que ceci n’est pas une raison suffisante pour nous faire admettre que Gengis Khan, Hitler ou Pinochet siègeraient au même parlement que d’illustres serviteurs de l’humanité parce que des puissances ésotériques auraient porté leurs suffrages sur eux bien avant les hommes.

C’est pourtant très certainement la lecture la plus logique qui peut être faite de la posture plus que scandaleuse de la brochette de dirigeants sur le grill du Gladiateur. Les partisans de la grande coalition qui a enfanté de l’Alternance II (ou du moins ce qui en reste), seraient manifestement d’avis que Dieu et/ou les dieux, jouent un air à leur cadence et n’ont plus qu’à danser, ou peut être à pleurer de joie du haut du perchoir de la chambre d’enregistrement. Ceci expliquerait en tout cas leur sage décision de s’en remettre à son bon vouloir pour proposer les candidats au renouvellement du parlement du rire et du « dagasante » de Ndoumbélaan.

Apprivoisés à coup de millions ou domptés et soumis par le glaive sélectif contre « les biens mal acquis », ils prêchent ainsi que notre démocratie ne serait que parodie où les citoyens choisissent les yeux bandés, le cœur conditionné par des forces occultes au-dessus de leur bon vouloir. Mais accepter que le Gladiateur soit autre chose que l’expression consciente de la volonté citoyenne, n’est-ce pas aussi admettre qu’il peut être considéré tout autant comme un don qu’une malédiction, un messie ou un démon. Et parce qu’il l’est effectivement pour les uns ou pour les autres, le bénir ou le combattre comme tel serait plus un choix citoyen indépendamment de nos convictions religieuses.

Etre monarchiste ou républicain, socialiste ou libéral, prendre partie pour le parti répondant à son idéal de vie, fut-il celui de la solidarité ou celui de l’égoïsme, de la dictature ou de la démocratie, reste une option philosophique. Par contre, chercher à l’imposer à tous comme un postulat divin est malhonnête et simplement machiavélique.

N’est-il pas encore temps que nos politiciens (au crépuscule de leur existence), pensent plus sérieusement à l’héritage à léguer à leurs enfants ? Est-il encore possible de les convaincre de travailler pour la postérité en faveur d’un Ndoumbélaan où seront valorisés l’effort et le mérite des individus et des collectifs ? Enfants de Dieu et ou des dieux, les peuples assument seuls leurs destins en choisissant librement leurs dirigeants ou en se soumettant à leurs maitres. C’est pourquoi, l’idéal aurait été que Dieu et/ou les dieux soient laissés en dehors ou tout au moins au dessus de tout ça. Ce n’est certainement pas la volonté de Dieu si les hommes ont crucifié Jésus pour se soumettre au pouvoir hérétique de l’Empereur de Rome. Et ce ne sera pas de la volonté Dieu et/ou des dieux si demain Ndoumbélaan devait sombrer parce que (pour paraphraser Einstein), « non pas à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire ».

LES CHRONIQUES DE BANDIA, JUIN 2017

 
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