ET DIEU LE TOUT-PUISSANT DÉCRÉTA.

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ET DIEU LE TOUT-PUISSANT DÉCRÉTA.

 « Si cela ne tenait qu’à la volonté et au désir  de Macky Sall, Khalifa croupirait toujours en prison »

Dans une interview accordée à RFI, le Président de la république, répondant à une question sur l’éventualité d’une grâce en faveur de Khalifa Sall, avait déclaré que cela dépendait de sa volonté et de son désir. Il semblait ainsi dire que le sort de l’ancien maire de Dakar dépendait de lui. Par cette réponse, le Président Macky Sall fit montre, non seulement d’une prétention exagérée et démesurée par rapport à son statut de simple mortel dont les pouvoirs ici-bas, à lui confiés par les Sénégalais, sont éphémères, volatiles, fugaces et sans consistance, mais aussi d’une désagréable et inappropriée condescendance vis à vis de Khalifa Sall qu’il ne porte pas dans son cœur, et c’est de notoriété publique. Chaque intercession d’un de ses proches en faveur de Khalifa Sall suscitait chez lui une grande colère qui s’exprimait à travers des propos très désobligeants à la limite de l’insulte que la décence m’interdit de répéter.

A ces propos que je trouvais déplacés, inélégants, indignes et irresponsables de la part d’un homme infatué et imbu de sa personne, certainement grisé par l’ivresse du pouvoir, j’avais répondu que sa volonté et ses désirs sont d’une plate et dérisoire insignifiance devant la Toute-Puissance d’Allah. J’avais fait comprendre au Président Macky Sall que Khalifa Ababacar Sall sortira de prison quand Allah Le Tout-Puissant, Maitre de l’univers et de nos fragiles destins d’êtres ignorants et insignifiants en décidera.

 Et, voici qu’en ce jour de dimanche 29 septembre, Dieu Tout-Puissant décréta la libération de Khalifa Sall et de ses codétenus que sont Mbaye Touré et Yaya Bodian. Je remercie, avec toute la vénération requise et toute l’humilité qui y sied, Allah Le Tout-Puissant qui, dans sa miséricorde infinie, nous a procuré cette joie incommensurable de retrouver notre cher Khalifa. Personnellement je ne peux pas associer, et c’est totalement exclu, des mortels, quelque puisse être par ailleurs leur statut, aux remerciements que j’adresse à Allah Le Tout-Puissant, l’Absolu, l’Unique. Seulement, je sais énormément gré et exprime toute ma reconnaissance à tous ceux qui, peu ou prou, de près ou de loin, discrètement  ou publiquement, courageusement ou en cachette, ont intercédé en faveur de Khalifa Sall. Mes félicitations s’adressent particulièrement et avec un profond respect à Serigne Mountakha Mbacké, Khalife général des mourides qui, en toute sincérité et en toute honneteté, considère qu’il n’aura fait que son devoir de guide religieux en réconciliant deux musulmans, deux talibés et surtout un père et son fils. C’est pourquoi, il a cru et estimé nécessaire, judicieux et approprié de le faire dans une mosquée, la maison de Dieu ou tout serment ne devrait souffrir d’aucune trahison. Toutes considérations et interprétations politiciennes devraient donc être écartées dans l’acte de haute portée humanitaire posé par le saint homme, en espérant vivement que les deux concernés feront montre de maturité, de responsabilité et surtout de sincérité, pour ne pas décevoir les nombreux fidèles et talibés témoins de cette réconciliation. La maison de Dieu ne saurait être l’endroit indiqué ni le lieu approprié pour une réconcilier des politiciens ou concilier des divergences politiques. Toujours est-il que c’est un grand pas qui vient d’être franchi qu’il faut encourager tout en ne perdant de vue la duplicité de certains de ces acteurs qui d’habiles politiciens à la parle instable, peu scrupuleux et prompts à se renier et à se délier de leurs serments et de leurs engagements. Moins qu’une véritable réconciliation, il s’agirait plutôt de retrouvailles ;  tant que Karim Wade n’aura pas bénéficié d’une loi d’amnistie, il sera difficile de  parler de réconciliation.

Quant au Président Macky Sall, je ne vois pas en quoi mérite-t-il des remerciements. Il a été sans pitié avec Khalifa Sall envers lequel il semble nourrir une animosité tenace et inexplicable. Le considérant plus comme un ennemi que comme un adversaire politique, il l’a, au mépris des règles de droit et de justice les plus élémentaires, brutalement envoyé en prison simplement sur la base d’un rapport de l’IGE dont les conclusions n’en demandaient pas tant. Macky et ses partisans ont décrit Khalifa Sall sous les traits d’un vulgaire malfrat qui ne mérite rien d’autre que de se retrouver au fond d’un cachot à Rebeuss. Et le seul tort de ce dernier est d’avoir manifesté son ambition plus que normale et légitime de diriger le pays pour offrir aux Sénégalais de meilleures perspectives et un avenir plus radieux. En traitant Khalifa comme il l’a fait, le Président Macky Sall a porté atteinte à la dignité et à l’honneur de tous les Sénégalais aux yeux du reste du monde ; en effet, faire passer le maire de notre capitale pour un bandit de grand chemin, contribue fortement à la dévalorisation de notre élite politique y compris lui-même. Dans cette affaire il faut déplorer le mensonge plus que flagrant d’un ministre de la république qui a osé déclarer que c’est Khalifa Sall lui-même qui a sollicité la grâce ; il a été démenti publiquement. Les propos de ce sinistre et drôle ministre, le plus nul et le plus farfelu que notre pays ait connu, ne fait que confirmer que le mensonge est un élément paradigmatique essentiel dans la gouvernance de l’actuel régime.

Malgré les affres de l’épreuve carcérale, Khalifa Sall a su garder sa dignité, préserver son honneur et conserver sa fierté ; il n’a jamais fléchi et s’est fait un devoir de ne jamais quémander une grâce comme le souhaitait Macky Sall, pour davantage l’humilier. C’est tout à son honneur, lui qui s’était préparé mentalement, psychologiquement, spirituellement et physiquement à purger l’intégralité de la peine qui lui avait été injustement infligée. Le Président Macky Sall a-t-il réellement mesuré la somme de préjudices de tous ordres causés sur la personne de l’ancien maire de Dakar ? Ni la grâce ni l’amnistie ne pourront réparer le  très grand mal et les profonds et graves dommages subis par Khalifa Sall et sa famille. Il y a envers Khalifa Sall un acharnement judiciaire féroce, à la limite bestial qui s’est traduit par un véritable déni de justice à inscrire dans les annales.

Pour l’heure, les séides, les affidés, les thuriféraires, les hommes lige et autres  écornifleurs mettront opportunément à profit ces instants pour faire les éloges de leur mentor ; ils mettront la libération de Khalifa sur le compte de l’esprit d’ouverture et de conciliation de Macky Sall qu’ils ne manqueront pas de décrire comme un homme de dialogue et de consensus. Ils vont nous abreuver avec une littérature fade, insipide, spécieuse et de très mauvais gout sur le génie politique de Macky SALL ; un génie bâti sur la vénalité et la cupidité érigées en principes de gouvernance. Le Président n’a jamais fait preuve de grandeur en aucun moment de son magistère ; au contraire c’est une série d’actes, d’attitudes et de comportements qui n’honorent pas son statut qui exige qu’il soit au-dessus de la mêlée. Un Président de la république doit éviter de se comporter comme un minus habens, il doit toujours faire montre de hauteur et de grandeur.

 C’est Khalifa Sall qui a fait preuve de grandeur en subissant une des plus énormes injustices dans la dignité, en affrontant les rigueurs carcérales sans plaintes ni complaintes, sans la moindre récrimination ni le moindre gémissement. Il nous a été rapporté, et c’est de notoriété publique, que se sentant menacé d’emprisonnement par le Président Abdoulaye Wade, Macky Sall se serait rendu nuitamment, tout en pleur et en sueur, auprès d’un célèbre chef religieux pour une intercession, déclarant qu’il préférait mourir que de séjourner en prison. Cet anecdote est suffisamment illustratif de la différence de caractère et de personnalité entre les deux hommes ; « Khalifa Sall fou mou diar kou fe diar tak banne ».

Je ne saurais terminer sans rappeler à son Excellence, Macky Sall que les dispositions de notre constitution sont claires et ne souffrent d’aucune ambiguïté « Nul ne peut exercer plus deux mandats successifs ». C’est du français facile, clair et limpide. Alors, si je puis me le permettre et autant que je puisse vous conseiller, monsieur le Président de la république, ne soyez point tenté de violer notre constitution.

Dakar le 1er Octobre 2019                        

 Boubacar  SADIO

Commissaire divisionnaire de police de classe exceptionnelle à la retraite.


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