LA GOUVERNANCE DU SENEGAL : le pathos contre le logos ou la course vers l’abime.

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LA GOUVERNANCE DU SENEGAL : le pathos contre le logos ou la course vers l’abime.

Regrettable ! Regrettable ! Regrettable ! C’est le triptyque avec lequel je fais l’exorde de mon propos sur l’actualité politico-judiciaire du pays dominée par l’affaire dite « Sonko-ADJI Sarr ».

Notre mal est d’autant plus grand que la flagrance avec laquelle l’opinion publique est envahie par une mise en scène de viol aussi basse que sordide. Tout semble attester que ce feuilleton est orchestré par une bande ou une racaille politique que ne méritent que les peuples damnés pour avoir mécru ou renié les valeurs ancestrales fondant le piédestal sur lequel repose un Etat stable. La gravité et l’acuité avec lesquelles ce scénario est organisé se justifient par le fait qu’il est commandité par une classe politique en perte de repère, une coterie en disgrâce, un conglomérat de goujats et de gladiateurs aux abois, contre un leader, un porteur de projet, un personnage charismatique qui, pour cela, incarne l’espoir, l’entrain et le changement idéologique de toute une génération.

Les Sénégalais, dans leur écrasante majorité, sont déçus car ils sont aujourd’hui confrontés à un problème criard survie économique, de prise en charge sanitaire à la suite de la pandémie de la COVID-19 qui périclite l’économie, lacère les cœurs, disloque les familles, les clans et les tribus et éprouve la foi des uns et des autres. Les attentes sont ailleurs et si l’on n’y prend pas garde, cette crise aux facettes multiples et multiformes risque de précipiter irréversiblement le pays dans le précipice. Et c’est même à voir si nous n’y sommes déjà pas.

Si la thèse du complot et de la conspiration est avérée, je me résoudrais à consentir à la prémonition que nos hommes politiques sont hélas gouvernés par le moi égocentrique au grand dam du moi épistémique. Autrement dit, nos autorités auront fini de prouver urbi et orbi que leur pathos a malheureusement pris le dessus sur le logos, que la raison a cédé la place aux passions, et au cas échéant, elles ne sont plus légitimes à nous gouverner à la tête de l’Etat qui obéit au principe de rationalité. Ha ! Je ne veux pas l’imaginer, afin de me donner bonne conscience. Il faut encore tenir la barque car, le gouvernail et l’étambot furent brisés, mais il suffisait à Mikkelson que le bateau flottât.

Toutefois, que le réalisme politique de Machiavel dont vous faites du Prince un bréviaire et qui consiste à sauvegarder sa vie et à conserver le pouvoir ne vous amène pas à vouloir réaliser ce but sans scrupule. La noblesse, la grandeur et la loyauté du chef résident dans sa ferme détermination à mourir pour son peuple les armes à la main. Les armes à la main, c’est ici une métaphore qui consiste à avoir avec soi et devant soi ses adversaires et d’accepter de livrer avec eux le mortel combat pour le peuple. C’est en cela que réside la grandeur, la noblesse, mais aussi l’élégance. Tout le reste n’est qu’opprobre, mépris, bannissement et déshonneur. Acceptez dignement votre abdication au lieu de s’agripper honteusement et désespérément sur les frêles brides de l’attelage afin de prouver au devancier patriarche que ses propos au rythme de diatribe n’étaient que médisance haineuse dictée par une jalousie et une nostalgie du pouvoir.

Le Sénégal que vous dirigez est le legs solide de personnalités politiques telles que Léopold Sédar Senghor, vrai catholique, et pour cela ouvert à l’adversité, Waldiodio Ndiaye, un sénégalais digne et authentique, Mamadou Dia, alias Maodo, intègre, sobre et pieux, Abdou Diouf, un vrai homme d’Etat, Abdoulaye Wade, le mouride, le généreux, le démocrate, l’intellectuel…vous n’avez donc pas le droit de faire autrement à moins d’écrire tristement l’histoire.

« LES SENEGALAIS SONT FATIGUES », pour reprendre les termes de feu Kébé Mbaye. Aujourd’hui, même les bras armés de l’Etat, en l’occurrence la police et la gendarmerie se confient auprès du journaliste investigateur Pape Aly Niang, pour lui dire de les aider à dénoncer la situation qui prévaut actuellement. Ce n’est pas de gaité de cœur qu’ils se positionnent sur la rue à longueur de journée prêts à l’affront.

Le président Ousmane Sonko a toujours alerté les Sénégalais sur la mauvaise gestion des ressources du pays. Il a en sus toujours invité les autorités à un débat contradictoire, mais ces dernières ont souvent trouvé les moyens fallacieux de se dérober et d’occulter les véritables enjeux. Quelle honte ! Quel gâchis ! Qui l’aurait cru ?

Aujourd’hui, ce sont des affaires de mœurs et de pratiques contre nature qui polluent l’atmosphère politique comme pour corrompre (Aristote) la jeunesse aux âmes crédules délébiles et malléables. A ce rythme où vont les choses, comment pouvons-nous oser espérer un Sénégal définitivement assis sur les rampes de l’émergence tant chantée tel un leitmotiv ? Désillusionnons-nous.

 

Mamadou CIRE SY, Professeur de Philosophie au lycée CALD/MBOUR.


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