Servitude volontaire ou conspiration entre l'État, les organisations syndicales et la France contre les enseignants : le cas des écoles franco-sénégalaises

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Servitude volontaire ou conspiration entre l'État, les organisations syndicales et la France contre les enseignants : le cas des écoles franco-sénégalaises

 

Du jamais vu dans un pays indépendant. Notre pays est-il réellement un État ou un département français ? La France a-t-elle vraiment desserré l'étau ? Nos dirigeants sont-ils conscients de la mission régalienne dont ils sont investis? L'obéissance de nos autorités politiques au diktat occidental est-elle l'œuvre d'une ignorance ou d'une incompétence ? Nos organisations syndicales sont-elles dignes de représenter les enseignants? Les servent-elles ou se servent-elles d'eux?

 

Voilà autant de questions qui fondent la problématique essentielle que nous nous essayerons d'élucider sans éluder les détails. Les écoles franco-sénégalaises comme l'indique l'acronyme, sises à Dakar Plateau et à Fann, sont implantées au Sénégal depuis 1974, dans le cadre d'une coopération bilatérale entre l'État du Sénégal et celui de la France. Elles déroulent deux programmes relatifs aux besoins nationaux en matière d'éducation des deux pays. Elles reçoivent les fils et filles de chefs tels que président, ministres, députés, directeurs généraux, autorités plénipotentiaires ou diplomatiques, hauts fonctionnaires, hauts gradés des Armées...

 

Cependant, dans le cadre de la mise en œuvre de sa politique d'austérité, l'État français, sous prétexte qu'il ne pouvait plus honorer son engagement à payer ses employés suivant le régime salarial public en vigueur, a intimé l'ordre à la partie sénégalaise à consentir au désengagement des États au profit d'une administration privée. A cet effet, il mettra en place une association dénommée ACDEFS (Association Culturelle pour le Développement des Écoles Franco Sénégalaises) dont la mission sera de collecter les fonds générés par les frais scolaires des élèves estimés à 660.000 francs CFA. Il est important de préciser que parmi les élèves "privatisés", c'est-à-dire soumis à un régime privé, il y a certains qui sont dans les classes tenues par les enseignants sénégalais.

 

Autrement dit, il y a des élèves français qui payent leur scolarité et qui se trouvent dans les classes dont les enseignants sénégalais sont titulaires. Mais malheureusement, ces enseignants n'ont pas le droit de revendiquer une quelconque contrepartie de cette manne financière dont quelques uns de leurs élèves sont les générateurs. Et gare à cet infortuné enseignant sénégalais qui voudrait, malgré tous ses sacrifices pédagogiques ou même surhumains, en demander quoi que ce soit, fût-il des miettes ou que sais-je encore.

 

D'emblée, le Sénégal n'a pas adhéré à ce funeste, mercantile et vagabond projet. Il a tenté de faire voir à la partie française que les écoles étant publiques ne pouvaient pas exiger des enfants de l'argent en échange à l'éducation dont ils ont naturellement droit comme ça a été clairement défini dans le préambule conjoint des textes statutaires régissant les deux établissements. En d'autres termes, le Sénégal a, au début, opposé son véto sur un quelconque dessein de privatiser les écoles publiques franco-sénégalaises. Quel est ici le principe moral qu'il insinuait sans en avoir la poigne encore moins le charisme de défendre ? Un Etat qui vend une marchandise publique à un particulier n'est ni plus ni moins qu'un État voyou. Aucune éthique, aucune déontologie encore moins de morale. On pouvait chanter aussitôt qu'on savait que notre pays avait enclenché le bras de fer. Mais là aussi, malheureusement, il faut le reconnaître, c'était sans compter sur le caractère fantoche et inefficace de nos autorités. Elles ont cédé finalement à la pression métropolitaine.

 

Que reste-t-il maintenant aux enseignants sénégalais à qui l'Etat français a clairement signifié qu'ils ne sont pas des fonctionnaires français, mais sénégalais ? A mon humble avis, rien que se considérer comme tels : enseignants sénégalais et participant comme tous les enseignants sénégalais syndiqués à des mouvements de grève et à toutes autres formes de revendications d'amélioration des conditions matérielles d'existence de ses membres.

C'est là où les problèmes vont commencer, car les chefs dont les fils sont dans lesdites écoles ne pourront jamais tolérer à ces enseignants ce qu'ils tolèrent à ceux de l'école sénégalaise où les bénéficiaires ne sont rien d'autre que les fils des pauvres badola. C'est-à-dire dans l'école publique on peut regarder atone, aphone et aphasique que les cours soient régulièrement perturbés par les enseignants fidèles aux mouvements d'humeur, mais quand il s'agit de rater une seule journée dans les écoles des privilégiés, l'État ne tarde jamais à prendre promptement des mesures aussi draconiennes que coercitives les unes les autres.

 

C'est dans ce cadre que ces enseignants, victimes d'un régime à la solde de la France, ont vu tomber à l'eau toutes leurs tentatives allant de la transmission de missives et correspondances épistolaires aux autorités françaises (ambassadeur, premier ministre) et sénégalaises (ministre de l'éducation nationale, Président de la république, etc.) à la rencontre effective de ces autorités et de quelques organisations syndicales. Ils ne savent plus à quel saint se vouer. Quelques syndicats qui avaient été informés de la question, en connivence avec le ministère, ont laissé les fonctionnaires sénégalais sombrer seuls. Aucune défense, aucun rempart n'a été à leur chevet. Au demeurant, ne pouvons-nous pas légitimement nous poser la question de savoir si ces enseignants n'ont pas tort de s'acquitter régulièrement de leurs cotisations syndicales, si l'on sait que les syndicats, en tout cas la majorité d'entre eux, ne sont là que pour sauver leurs arrières à la quête sournoise, immorale et inhumaine de strapontins.

 

A l'heure où nous écrivons ces notes, ces enseignants sont déjà remplacés par d'autres qui ont accepté de quitter temporairement la fonction publique sénégalaise aux fins de jouir d'anodins privilèges, mais en s'acquittant tels des automates, de leur mission qui est de toujours enseigner, encore enseigner et beaucoup enseigner sans aller en grève ni revendiquer quoi que ce soit, car il sont dans une école qui doit mordicus garantir l'éducation, l'instruction et le savoir à des fils et filles de chefs. Vassalisation ou assujettissement nouvelle version.

 

Le fait que ces enseignants remplaçants aient été recrutés dans un territoire étranger par des étrangers montre notre indépendance n'est ni plus ni moins qu'une indépendance de drapeaux comme le disait André Mbata Mangui. Le fait que, malgré leur opposition à ce changement de statut, les autorités sénégalaises ont fini par céder face à la pression de la France, montre que notre pays n'est pas politiquement aussi autonome qu'on nous le fait croire. Le fait que nos vaillants et dignes enseignants dont le seul tort est de revendiquer leur droit aient été supplantés par leurs collègues sénégalais qui ont accepté de jouer le sale jeu en piétinant les règles les plus élémentaires de la morale, de l'éthique, de la décence, de l'élégance fraternelle et corporative, montre que l'homme est par essence mesquin, égoïste et méchant.

 

Le fait que les organisations syndicales aient laissé l'État faire en défiant leur force et capacité de mobilisation et de persuasion, et en abandonnant les enseignants à eux-mêmes, face à leur responsabilité et à leur destin, montre que certains syndicats n'existent que pour assouvir leurs désirs naturels de diriger et de sucer comme une sangsue le sang des plus profanes et des plus crédules dont l'existence ne se réalise que dans l'adhésion. JEAN Cocteau a raison de dire que « seuls les imbéciles adhèrent. »

 

Alors soyons moins imbéciles pour, que ce soit l'État ou les organisations syndicales, nous soyons gouvernés démocratiquement. Pour ce faire,  nous exigeons qu'on nous gouverne avec des principes éthiques qui nous mettent en avant et non comme des moyens.

 

Mamadou Ciré SY


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