Défilé des morts

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  • Article ajouté le : 24 Dimanche, 2021 à 18h01
  • Author: Birame Ndiaye

Défilé des morts

À qui le tour? S’il était donné le choix de passer son tour, je raserais les murs, ceux des tombes et des tanks de Djibril. Peut-être moi qui dis, peut-être toi qui lis, peut-être celui qui nie. La mort, persistant ordre divin, qui exhume les peurs et ensevelit les passions s’est incrustée d’autorité dans nos quotidiens des derniers jours. Heureusement que notre distinct rapport à elle nous oblige à ne pas en faire cas.

Tel un rituel, nous nous inclinons sagement à la mémoire anonyme ou familière des disparus. C’est notre espérance à toute épreuve qui impose ce sang-froid et cette forme de récusation secrète des fouillis et des comptes.

De mémoire d’internaute, jamais la mort n’a autant occupé une si grande place dans l’univers digital et au-delà. Possiblement par décence, probablement par peur, nous exécutons les prescriptions de prière et de politesse, snobant les coups de semonce de la funeste vague déferlante qui prend pied. Tant mieux! Dorénavant, n’en déplaise aux scientistes, la résilience, c’est aussi la capacité d’anticiper le malheur et d’accepter d’avance le sort. Apprendre à vivre avec.

À tort ou à raison, les prières et les politesses sont les principaux moteurs de nos actions et inactions. Elles régissent clandestinement notre rapport à la nature et à tout ce qui s’y greffe. Elles nous distinguent de ceux qui célèbrent en vain leurs intelligences, leurs aptitudes et leurs audaces à la vie, à la mort.

Birame Waltako Ndiaye
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