Démon de midi et le veilleur de nuit

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  • Article ajouté le : 30 Mardi, 2021 à 13h11
  • Author: Birame Ndiaye

Démon de midi et le veilleur de nuit

Le vieillissement ne dissipe pas l’envie, on la lui refuse du fait des critiques et de l’intransigeance de l’entourage, vigile voyeur. Les récriminations latentes et la crainte de reproche installent crescendo une crise de l’être vieillissant, tenue tension tailladant au for intérieur. La société, par son regard changeant à mesure que nous grandissons, nous dicte une conduite prêt-à-porter à tenir sans considération d’aucune individualité.

Vieillir est moins synonyme de perte de désir que d’exigences affaiblissantes venant des autres. Tout cela nous précipite dans un cercle vicieux de regret d’un passif, ou nous accule précipitamment dans une quête sournoise de ravissements. En même temps que notre sentiment de puissance s'use du fait des pertes en vie, les signes de déliquescence des proches et de nous-mêmes s’intensifient et entrainent la perte en assurance.

Sortir du bar ivre n’empêche pas à certains de faire leur ablution avant de décliner en l’état deux rakkas nourris jusqu’aux larmes. Rien de plus angoissant que de s’imaginer devant le Seigneur à l’au-delà sans un préalable ressenti repenti sur terre. Malheureusement, les habitudes et les plaisirs familiers les ont déjà asservis dans la recherche effrénée de béatitude. Ils s’interrogent, ils s’accusent et ils pleurent, mais ils finissent toujours par renouer avec leurs penchants persistants. Même les sommations venant des plus jeunes ne font craindre que les reproches.

Mon père par-ci, tonton par-là, mère aux femmes légèrement ridées, on se demande sans cesse si ces gosses-là n’en font pas trop. On ne sait pas trop bien s’ils sont mus par une funeste intention de témoigner du respect ou s’ils se le jouent simplement plus pimpants. De visu, nous sommes portés à croire qu’ils exagèrent, mais quand nous nous avisons d’en savoir plus sur leur âge, un calcul vite fait conforte leur propension à nous prendre pour pater ou mater.

Soit! Ce que varan veut, tout autre lézard veut aussi. Bon! Sans faire dans l’apologie de la luxure, ne comptez pas sur le décrochage de tons et de madré pour avoir plus de surface dans la conquête de l’espace. Il leur reste encore des dents pour mordre, licite de préférence, illicite en désespoir de cause. Et Dieu dans tout ça! Et les récriminations encourues! Ce ne sont pas les excuses qui manquent : je ne fais de mal à personne, la miséricorde divine est impénétrable. Paptati et patata.

Le démon de midi, c’est d’abord le regard indiscret et inquisiteur qui freine, de ses commandements à la renonciation, c’est le discours social ghettoïsant qui cantonne, de ses effets castrateurs dans les sombres refuges du faux désistement. La pesanteur culturelle et les appréhensions de l’au-delà, hantent le sujet, mais n’arrivent pourtant pas à réprimer ses intimes propensions. Paradoxalement, elles déclenchent, pour certains martyrs, beaucoup d’agressivités et d’intolérances. Voilà un mystère naturel.

Dans « Natural mystic », Bob Marley a dit : « Beaucoup d'autres devront souffrir. Beaucoup d'autres devront mourir. Ne me demandez pas pourquoi. Les choses ne sont plus comme avant. Tout le monde doit maintenant faire face à la réalité. Même si je sais qu'il est impossible de vivre dans le passé. Ne mentez pas. Il y a un mystique naturel qui souffle dans l'air. Si vous écoutez attentivement maintenant, vous entendrez. »

Birame Waltako Ndiaye
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