La politique d’import-substitution est-elle la panacée ?

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  • Article ajouté le : 28 Jeudi, 2022 à 22h04
  • Author: Birame Ndiaye

La politique d’import-substitution est-elle la panacée ?

Le ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération, Amadou Hott, a procédé à la validation du schéma d’opérationnalisation du mécanisme de l’import-substitution, considéré comme une solution pour faire régresser la demande de biens importés, notamment pour une souveraineté alimentaire, sanitaire et pharmaceutique. « Nous devons accélérer cette démarche en s’avantageant du contexte actuel qui est favorable à l’adoption de cette stratégie avec toutes les réformes en cours relatives notamment au Code des investissements, au cadre juridique des zones économiques spéciales ainsi qu’à la stratégie nationale de développement du secteur privé en cours d’élaboration », a-t-il indiqué.

Cette nouvelle orientation constitue une nouvelle version de la stratégie de substitution des importations qui avait été mise en œuvre dès les années 1970. En effet, c’est avec la Nouvelle Politique industrielle (NPI) de 1986 que le Sénégal avait déclaré le passage à la promotion des exportations en tant que facteur de croissance et de développement. Cependant, le cas de l’Ethiopie permet de relativiser le modèle d’import-substitution. Il montre à suffisance que la politique économique, pour connaitre un succès, ne peut s’adosser obstinément sur une seule option telle que la préférence nationale.

Certes, le protectionnisme a contribué au décollage des « dragons » asiatiques, mais celui-ci ne saurait garantir à lui seul le développement d’un pays. L’Éthiopie a démontré sa faculté à se frayer un chemin vers l’industrialisation. C’est le « modèle d’État développementiste », en contrôlant, dirigeant et régulant son économie.  Sa politique économique repose sur des mesures fiscales et non fiscales qui cherchent à promouvoir les exportations et à attirer les investissements directs étrangers. De 2006 à 2017, le secteur manufacturier de l’Éthiopie a augmenté en moyenne de plus de 10% par année.

Néanmoins, cette politique l’a privée de ressources budgétaires nécessaires pour investir dans les infrastructures et services publics que réclament ses entreprises. Afin de rationaliser les opportunités d'investissements, le pays impose des taxes plus réduites sur les matières premières et les produits semi-finis venant de l’extérieur. Ce qui fait que sa balance commerciale continue de se creuser du fait de son économie portée par les investissements et qui encourage très fortement les importations. C’est ce qui avait expliqué l’avènement de son Plan de croissance et de transformation (2015-2020), dans le but d’encourager la fabrication des produits de substitution pour augmenter la production intérieure et réduire ainsi les sorties de devises.

C’est sous ce rapport que Vera Songwe, secrétaire exécutif de la Communauté Economique pour l’Afrique, considère qu’il faut plutôt « un protectionnisme sophistiqué » qui vise le juste équilibre ».

Birame Waltako Ndiaye
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