Le Magal, ça nous parle

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  • Article ajouté le : 27 Lundi, 2021 à 19h09
  • Author: Birame Ndiaye

Le Magal, ça nous parle

Du for intérieur, l'enseignement central de Cheikhoul Khadim est d'apprendre à ne plus se fier à la banale raison. Du bien à la bonté. C'est ce qui aboutit à ne plus trier au regard des règles et des dogmes. D'abord, c'est ce qui, contre toute logique placable, fait dépenser, indifférenciément, pour une communauté (dans l'espace) et pour un temps circonscrit (Magal par exemple). Serigne Touba, par effet induit, nous apprend à nous abandonner au divin, rien qu'à lui. « S'il faut renoncer à une part de ce qui est, il faut renoncer soi-même à être. Il faut donc renoncer à vivre ou à aimer autrement que par procuration ». Serigne Touba, c’est celui qu’il nous faut au bon moment, aux bons moments, aux lieux qu’il faut.

Le dogme est sec, trop sec pour couvrir la diversité. Quoi de mieux que le besoin de communion pour manifester de la gratitude à portée. Ce qui se voit et ce qu'il y a de manifeste n'en est pas le plus essentiel. Donner par la grâce divine, qu'importe les suggestions de la raison qui dictent de la parcimonie, c'est aussi cela s'abandonner au divin. Ceci est plus fort que dire, par la bouche, Al Hamdoulilah. Pis-aller est la formulation des règles, propre aux partisans du moindre effort. C'est dans la complexité et dans l'équilibre que se déploie la quête de sens de la vie et des destinés. Faudrait-il que les plus éclairés se mettent à niveau des spécimens d’intelligence et de sensibilité  pour servir convenablement. Faute de quoi, ils ne pédalent dans le vent que leurs propres égos.

Le dogme n'est solution que pour les réductionnistes. Serigne Saliou en a fait la leçon, pour ceux doués d'intelligence. « Je chemine, au mieux avec vous. Autrement, si je vous devance, je rebrousserai chemin pour me mettre à votre niveau. Sinon, je retournerai sur mes pas si jamais je vous perds de vue. » En vérité, s'abandonner à la providence, c'est donner sans compter, sans distinguer, sans critère, ni critique. L'excellence est vraiment dans la supranationalité. Quand d'autres parlent de mythes et de légendes pour se forger forces et fond, il y en a d'autres qui, de connaissances directes, non conceptuelles, non analytiques, ne se découvrent enchanté que dans le don.

Parce qu’il y a des gens qui se réclament fervents tout en s’adonnant à des pratiques peu orthodoxes, cela n’autorise pas les stigmatisations simplistes. Le monde, et en particulier le Sénégal, est fait de genres et de modes divers. À moins que de ne vouloir discriminer d’autorité et sans appel, il est beaucoup plus simple de juger, sans tenir compte des capacités et dispositions des uns et des autres à comprendre le sens des prescriptions divines.  Cette propension à taire circonstanciellement quelques imperfections relève d’un choix souvent embarrassant, mais entraîneur.

Oui, au Magal il y a des déformations et des déviations. Et alors! Beaucoup plus que ces simples contingences, il y a surtout des gens, des superbes et des sublimes qui n’en font qu’aux théories et thèses entérinées. En attendant, ces sages souffriront, bien sûr, de ces manquements. Qu’à cela ne tienne! Les autres, successivement, hypothétiquement peut-être, prendront le train en marche. Pas en même temps, ce serait trop con que de l’envisager. C’est le prix à payer. C’est le seul moyen à disposition pour que se manifeste leur mansuétude envers l’Être, envers leurs semblables. Ils ne font pas comme les littéralistes, engoncés dans leurs propres égos, ne voyant pas plus loin que leurs seuls privations et efforts comparatifs.

Birame Waltako Ndiaye 
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