Les trois agresseurs présumés d'Ibrahima Dia, un Essonnien de 47 ans d'origine sénégalaise frappé et insulté le 7 mai dernier alors qu'il passait ses vacances en Dordogne, devaient être jugés ce mardi pour «injures à caractère raciste» et «violences en réunion et injures publiques envers un particulier en raison de son origine».Mais peu après l'ouverture de l'audience, le tribunal correctionnel de Bergerac a décidé d'annuler toute la procédure, donnant raison aux avocats de la défense qui ont pointé «l'absence de PV d'interpellation» et des erreurs liées aux horaires et aux identités des agresseurs.«Les nullités étaient tellement énormes» qu'elles entachaient «l'intégralité de la procédure», a déclaré à l'issue de l'audience l'avocate de la défense, Me Lauriane Dargelas, fière d'avoir obtenu gain de cause pour ses trois clients âgés de 21, 50 et 58 ans. «Nos clients ne sont pas les personnes que l'on essaie de s'ingénier à faire passer pour des racistes», a ajouté l'avocate, assurant que «ce qui s'est passé ce n'est pas une infraction à caractère raciste».«On m'a traité de sale nègre et de sale Antillais»De son côté, Ibrahima Dia a estimé que les gendarmes avaient «mal fait leur travail» en ne faisant aucun procès verbal d'interpellation. «Il faut tout reprendre à zéro», a-t-il regretté, soulignant qu'il ne «lâcherait pas jusqu'à ce que la justice se fasse». Son avocat a indiqué qu'il demanderait l'ouverture d'une instruction pour qu'une enquête complète soit menée.La veille du procès, cet aide-soignant, qui réside à Evry (Essonne) avec son épouse, est revenu sur son agression dans les colonnes du «Parisien-Aujourd'hui en France», insistant lourdement sur le caractère raciste de celle-ci. «On m'a traité de sale nègre et de sale Antillais. Mes agresseurs m'ont dit de rentrer dans mon 91 de merde», raconte-t-il.L'interpellation ne s'est pas faite dans les règlesAlors qu'il regardait une carte routière à l'intérieur de sa voiture, stationnée sur une route entre Nabirat et Groléjac, un homme est venu lui demander s'il avait «besoin de quelque chose», rapporte Ibrahima Dia. L'épouse de cet homme, se sentant suivie par M. Dia, lui aurait ensuite demander de partir «tout de suite», le menaçant d'appeler son mari au cas où il refuserait de s'exécuter. Dia accepte et part se promener quelques instants, mais lorsqu'il revient à son véhicule, deux hommes, dont le mari jaloux, l'attendent pour le passer à tabac. L'un d'eux «porte un bâton avec lequel il se frappait la paume», se souvient la victime.Les insultes pleuvent en même temps que les coups, jusqu'à ce qu'Ibrahima, le visage en sang, parvienne à rentrer dans sa voiture et à appeler sa femme pour qu'elle prévienne les secours. Après avoir été pris en charge par l'hôpital de Gourdon, il porte plainte auprès des gendarmes de Nabirat qui l'accompagnent dans le village deux jours plus tard afin qu'il puisse identifier ses agresseurs.Mais l'interpellation ne se serait pas faite dans les règles. «Ce sont des cow-boys qui ont interpellé mes clients», a dénoncé l'avocate de la défense, citée par France 3 Aquitaine. Le tribunal correctionnel de Bergerac a ainsi chargé le procureur de rassembler de nouveau les preuves de leur culpabilité.
Auteur: leparisien.fr
Publié le: Mardi 14 Janvier 2014
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