Sur le continent africain, les villes avancent plus vite que les routes qui les traversent, plus vite parfois que les politiques censées les encadrer. Avec un taux moyen de croissance urbaine de 3,5 % par an, le plus élevé au monde selon la Commission économique pour l’Afrique, le continent s’invente un futur de plus en plus citadin, souvent plus subi que pensé.Mais cette urbanisation ne suit pas une ligne droite. Si certains pays, comme l’Afrique du Sud ou le Lesotho, connaissent un ralentissement de la croissance urbaine, vingt-deux autres maintiennent une dynamique soutenue. On y trouve des États côtiers à forte densité démographique, des économies en transition accélérée, mais aussi des pays en reconstruction où la ville devient un refuge face aux crises rurales. Ces trajectoires divergentes soulignent une évidence souvent oubliée?; il n’y a pas une urbanisation africaine, mais des formes multiples, portées par des contextes économiques, sociaux et géographiques distincts.Derrière les chiffres, ce sont des réalités complexes qui se dessinent. Des quartiers spontanés qui deviennent villes dans la ville, des capitales tentaculaires où se joue une grande partie de la croissance économique, mais aussi des déséquilibres territoriaux qui s’accentuent au détriment des zones rurales. Trop souvent, la croissance urbaine rime avec pression foncière, crise du logement, services publics débordés et infrastructures dépassées.Cette mutation impose une révision en profondeur des politiques urbaines. L’urgence n’est plus seulement de loger, d’éclairer ou de transporter, mais de planifier avec anticipation, d’articuler les dynamiques urbaines avec les réalités rurales, de concevoir des villes inclusives, résilientes, pensées pour les générations futures.L’urbanisation n’est ni une chance automatique, ni une menace inévitable. Elle est un processus à gouverner, un défi à traduire en opportunité. À condition de reconnaître sa diversité et d’y répondre avec des outils différenciés, ancrés dans les réalités de chaque territoire. Car le futur africain ne se construira pas contre les villes, mais à partir d’elles.
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