Le Sénégal, à l’instar de beaucoup d’autres pays africains, entretient une relation de longue date avec les institutions financières internationales, notamment la Banque mondiale et le FMI. Ces partenaires fournissent un appui budgétaire important, qui contribue à maintenir l’équilibre macroéconomique et à financer certaines politiques publiques. Mais cette présence constante dans le paysage économique soulève une interrogation persistante : jusqu’où ces mécanismes renforcent-ils la résilience économique, et à partir de quand deviennent-ils un facteur de dépendance structurelle ? Tour d’horizon.
En 2023, le FMI a approuvé un programme de 1,5 milliard de dollars, combinant soutien budgétaire et enveloppe climatique. La Banque mondiale, quant à elle, intervient dans plusieurs secteurs clés comme l’éducation, l’énergie, l’agriculture ou la protection sociale, avec des engagements cumulés dépassant les 4 milliards de dollars.
Ces apports ont permis à l’État sénégalais de faire face à des périodes de tension économique, notamment lors de la pandémie, de l’inflation mondiale ou des ralentissements conjoncturels. Ils facilitent aussi l’accès aux marchés financiers internationaux, en apportant une forme de garantie de sérieux budgétaire.
Mais cette logique d’appui permanent interroge. Le Sénégal est engagé dans une succession de programmes depuis plusieurs années, souvent reconduits ou réajustés, sans que cela ne réduise de manière significative le besoin de recours à ces financements extérieurs. Le budget national, bien qu’en progression, reste partiellement adossé à des appuis internationaux, tandis que les recettes fiscales stagnent autour de 16 à 17 % du PIB, un ratio en deçà des objectifs de souveraineté budgétaire affichés.
Les conditionnalités, bien que plus souples qu’auparavant, influencent encore l’orientation des politiques publiques. Le FMI préconise une rationalisation des dépenses, une hausse des recettes intérieures et un encadrement strict de la dette. La Banque mondiale accompagne des projets ciblés, avec des priorités et des calendriers qui ne correspondent pas toujours aux logiques nationales.
Ces financements ont des effets positifs sur l’investissement public, la modernisation administrative ou la couverture sociale. Mais leur permanence pose une autre question : à quel moment un pays comme le Sénégal peut-il s’en détacher progressivement sans mettre en péril sa stabilité budgétaire ? L’enjeu n’est pas seulement financier, il est aussi politique, car il renvoie à la capacité de l’État à définir et financer ses priorités sans appui conditionné.
La relation avec les institutions de Bretton Woods reste donc ambivalente. Elle peut être utile dans certaines phases conjoncturelles mais devient une béquille encombrante lorsqu’elle s’inscrit dans la durée sans transformation en profondeur du système fiscal, productif et budgétaire. La dépendance n’est pas tant dans l’argent prêté que dans l’incapacité à s’en passer durablement.
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