Longtemps perçue comme un outil purement financier, la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) s’impose aujourd’hui comme un pilier d’intégration politique au sein de l’UEMOA. Basée à Abidjan mais partagée par les huit États membres, elle incarne un projet unique sur le continent ; celui d’une place boursière commune, unifiée par des règles homogènes, une régulation centralisée et une ambition collective.
Derrière la technicité des marchés se dessine une mécanique plus profonde. En imposant une même architecture juridique et financière aux émetteurs comme aux investisseurs, la BRVM agit comme une force de normalisation. Les entreprises, qu’elles soient ivoiriennes, sénégalaises ou burkinabè, se plient aux mêmes exigences de transparence, d’information et de gouvernance. Les États, de leur côté, sont incités à adopter des politiques économiques compatibles, à respecter des seuils de déficit et à coordonner leurs stratégies de financement.
Cette discipline partagée dépasse le champ économique. Elle contribue à forger une culture institutionnelle commune, où la confiance entre acteurs privés et publics devient un socle de stabilité régionale. Dans une sous-région souvent exposée aux tensions politiques et aux fragilités institutionnelles, la BRVM fonctionne comme un stabilisateur silencieux, un espace de coopération obligé, mais aussi volontaire.
Avec plus de 45 sociétés cotées et une capitalisation boursière avoisinant 8 000 milliards FCFA, la BRVM attire désormais l’attention d’investisseurs étrangers en quête de diversification sur les marchés frontières. Cette dynamique confère une visibilité nouvelle à l’Union, tout en renforçant la souveraineté collective face aux aléas extérieurs.
Au-delà des cours et des indices, c’est donc un projet politique qui se joue. Celui d’une intégration par le marché, patiente mais structurante. Une bourse, huit pays, un même avenir à bâtir, par la rigueur, la transparence et l’interdépendance.
Auteur: AICHA FALL
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