Alors que le service de la dette grève déjà près de 25 % du budget de l’État, le Sénégal doit arbitrer avec prudence entre dette intérieure et emprunts extérieurs. Chacune de ces options présente des avantages mais aussi des risques majeurs, et leur combinaison conditionne directement la soutenabilité des finances publiques.

 

Le recours à la dette domestique, principalement à travers l’émission de bons du Trésor sur le marché régional de l’UEMOA, a l’avantage de mobiliser des ressources rapidement auprès d’acteurs locaux. Mais, les taux d’intérêt y sont souvent élevés, atteignant jusqu’à 7 % pour certaines maturités en 2024, ce qui renchérit le coût du financement de l’État. Cette charge pèse sur le budget et peut évincer le secteur privé de l’accès au crédit bancaire.

 

À l’inverse, la dette extérieure-contractée auprès de bailleurs bilatéraux, multilatéraux ou via des eurobonds -propose généralement des conditions plus avantageuses en termes de durée et de taux, parfois inférieurs à 3 %. Toutefois, elle expose le pays au risque de change, surtout dans un contexte de pression sur le franc CFA et de resserrement monétaire global. Une dépréciation de la monnaie ou une hausse des taux internationaux peut rapidement rendre ces emprunts plus coûteux.

 

La stratégie d’endettement public actualisée du Sénégal tente de trouver un point d’équilibre entre ces deux leviers. Elle insiste sur la nécessité d’allonger la maturité des titres, de privilégier les ressources concessionnelles, et de renforcer la transparence dans la gestion de la dette. Dans un contexte marqué par les tensions budgétaires et les besoins croissants en investissements structurants, maîtriser le mix de financement est devenu un exercice d’orfèvre pour préserver la stabilité macroéconomique du pays.