Alors que le Sénégal affiche une volonté affirmée de souveraineté économique, ses équilibres budgétaires restent étroitement liés aux financements extérieurs. Les appuis budgétaires fournis par les partenaires techniques et financiers tels que le FMI, la Banque mondiale, l’Union européenne ou encore la Banque africaine de développement jouent un rôle déterminant dans la conduite des politiques publiques. Mais ces contributions, bien que cruciales, s’accompagnent souvent de conditionnalités, de retards de décaissement et d’une influence indirecte sur les priorités nationales.
En 2023, selon les données du ministère des Finances, les appuis budgétaires représentaient environ 375 milliards FCFA, soit plus de 12 % des recettes budgétaires. Leur importance structurelle dans le financement des dépenses courantes et des investissements prioritaires rend leur calendrier décisif. Or, dans plusieurs cas, des décaissements ont été suspendus ou différés faute d’atteinte de certains objectifs, notamment en matière de transparence, de gouvernance ou de réforme fiscale. Ces exigences, souvent négociées dans le cadre de revues programmatiques comme celles du FMI, influencent directement l’agenda des réformes structurelles.
Si les autorités affirment leur engagement à améliorer la mobilisation des ressources internes et à rationaliser les dépenses publiques, la question d’un pilotage partiellement externalisé du budget se pose avec acuité. Le risque étant que les arbitrages budgétaires soient davantage orientés par des exigences extérieures que par une planification indépendante ancrée dans les réalités nationales. Dans ce contexte, construire une souveraineté budgétaire durable tout en maintenant la confiance des partenaires internationaux reste un équilibre délicat à atteindre.
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