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Monday 01 September, 2025
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Vlogs de diaspora : entre vitrine d’investissement et moteur réel du développement transnational

Auteur: Aïcha FALL

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Sur YouTube, TikTok et autres plateformes sociales, une nouvelle génération de jeunes Ouest-Africains expatriés partage en temps réel leurs projets d’investissement au pays. Qu’il s’agisse de la construction de maisons familiales, du lancement de petites entreprises ou encore de l’achat de terres, ces vlogs attirent des milliers, voire des centaines de milliers de spectateurs. Derrière ce phénomène, se pose une double interrogation : ces contenus sont-ils avant tout des vitrines pour renforcer leur image, ou bien de véritables leviers d’investissements transnationaux au service du développement économique local ?
Parmi les influenceurs les plus suivis, on peut citer Cheikh Ndiaye, originaire du Sénégal, qui cumule plus de 400 000 abonnés sur YouTube. Il y documente notamment ses investissements immobiliers à Dakar, tout en expliquant les démarches administratives aux futurs investisseurs de la diaspora. De même, la Togolaise Awa Koffi, active sur TikTok avec plus de 250 000 followers, partage ses expériences dans le secteur du commerce en ligne et des start-ups au Togo, donnant ainsi une visibilité accrue aux opportunités locales. Ces créateurs jouent un rôle d’ambassadeurs informels, reliant les diasporas à leurs pays d’origine, tout en mobilisant des capitaux parfois importants. Selon une étude de la Banque mondiale publiée en 2024, les investissements directs de la diaspora ouest-africaine représenteraient environ 1,5 milliard de dollars par an, un flux en partie alimenté par ces nouvelles formes de communication.
Toutefois, la portée réelle de ces investissements reste difficile à mesurer. Si certains influenceurs transforment leur présence en ligne en levier économique concret, d’autres privilégient une narration plus symbolique, jouant sur l’image de réussite et d’exemple à destination de leur communauté. De plus, les investissements relayés par ces vidéos se concentrent souvent sur des secteurs spécifiques comme l’immobilier résidentiel ou le commerce local. Malgré tout, ces initiatives participent à la diversification des flux financiers transnationaux, parfois moins visibles que les simples envois de fonds.
Enfin, il faut nuancer cette dynamique en soulignant que les vlogs ne représentent qu’une facette des investissements de la diaspora. Les réseaux d’affaires formels, les coopérations institutionnelles et les initiatives publiques ou privées complètent ce tableau complexe. Ces contenus numériques, bien qu’influents, restent donc un des nombreux canaux par lesquels la diaspora ouest-africaine contribue au développement économique de ses pays d’origine, mêlant influence sociale, visibilité accrue et capitaux concrets.
Auteur: Aïcha FALL

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