Calendar icon
Friday 19 December, 2025
Weather icon
á Dakar
Close icon
Se connecter

APR-PDS : bonnet blanc, blanc bonnet

Auteur: Par Momar DIONGUE, Analyste politique

image

C'est le scénario parfait de l'arroseur arrosé. Les "apéristes" n'avaient pas fini de railler la coalition Wattù Senegaal pour son recours à un vieillard de 92 ans pour conduire sa liste qu'ils sont rattrapés par le même mal dont souffre le Pds. Wade, puisque c'est de lui qu'il s'agit, a toujours été un astre qui n'a jamais voulu qu'une étoile scintille à ses côtés. Macky Sall qu'il disait avoir "créé de toutes pièces" est, hélas, sur la même voie. Les libéraux n'ont pu se passer de Wade au risque d'essuyer une véritable déculottée électorale le 30 juillet. De la même manière qu'il a fallu moins d'une semaine de campagne aux "apéristes" pour réaliser que le bateau Benno vogue en eaux troubles, tangue dangereusement et risque de sombrer sans son indispensable (!) capitaine, en l'occurrence Macky Sall.

Tenant exceptionnellement le gouvernail, son Premier ministre, Mouhammad Boun Abdallah Dionne, a beau se montrer courageux et volontaire, il risque de ne pas mener les siens à bon port. C'est du moins ce que sous-entend la sortie alarmiste d'Aliou Sall. Lui qui déclare, sans sourciller, que son frère de Président "doit s'impliquer dans la campagne des législatives". Parce que, soutient-il, "c'est autour de la défense de son bilan que se structure le discours de campagne de Benno Bokk Yaakaar". Et après ? Que fait-il du sacro-saint principe de la séparation des pouvoirs ? Aurait-il oublié la jurisprudence Wade aux législatives de 2001 ?

À l'époque, la présence de la photo de l'ancien président de la République à côté de celle d'Idrissa Seck, alors tête de liste de la coalition Sopi, avait été attaquée par l'opposition devant le Conseil constitutionnel. Laquelle juridiction avait donné gain de cause aux adversaires des libéraux, sommant le "pape du Sopi", tout président de la République qu'il fut, d'enlever purement et simplement son image des affiches et bulletins de sa coalition. Malgré sa bravade à travers une correspondance adressée aux cinq Sages pour contester leur arrêt, Wade avait dû se conformer à leur injonction. Quoique, dans un sursaut d'orgueil, il dût se résoudre à mettre en lieu et place de son effigie une ombre qui laissait tout de même deviner son faciès. Qu'à cela ne tienne, il s'était plié, ne serait-ce que partiellement, à la décision du Conseil constitutionnel.

Aliou Sall ne doit quand même pas avoir la mémoire assez courte pour oublier ce fameux épisode. Or, le seul fait que la photo du Président Macky Sall figure sur les affiches de Benno Bokk Yaakaar est en soi une violation de l'esprit de la Constitution. Alors, faudrait surtout pas en rajouter en l'invitant à être présent physiquement dans la présente campagne.

Et moi qui pensais que le credo des responsables et militants "apéristes" était la défense de la République, de ses principes et de ses bonnes pratiques comme le postule le nom de leur parti : Alliance pour la République ! Non, le Président Macky Sall ne doit pas s'inviter dans la campagne des législatives. Le cas échéant, j'aurais personnellement toutes les raisons d'être déçu et d'avouer ma naïveté. Moi qui avais des préjugés favorables quant aux tournées "économiques" qu'il a menées dernièrement.

Contrairement à l'opposition qui lui reprochait de faire dans la pré campagne, je pensais sincèrement qu'on ne devait pas lui en faire grief. Je me disais plutôt qu'il voulait, dans un esprit républicain, anticiper sur la campagne électorale pour ne pas avoir à s'y mêler à compter du 9 juillet jusqu'à sa clôture le 28 courant.

Entrer aujourd'hui dans cette campagne des législatives à l'invitation d'Aliou Sall ou d'autres qui pensent comme lui n'est pas pour honorer le chef de l'Etat et Gardien de la Constitution qu'il est. Et qui, à ce titre, est le garant du respect des dispositions et de l'esprit de notre Charte Fondamentale.

Mais, ce qu'il faut réellement comprendre de l'appel désespéré d'Aliou Sall, c'est que l'Apr paie aujourd'hui le contrecoup de l'absence de structuration qui la caractérise. Cette tare congénitale qui la poursuit et qui se révèle très handicapante au moment où tout Benno est à sa remorque. Faute de structuration, il n'y a de leadership que celui de Macky. Il est l'alpha et l'oméga de l'Apr. Il est la seule "constante" tandis que les autres ne sont que de simples "variables". N'est-ce pas le refrain que les libéraux entonnaient en chœur à l'époque de la toute-puissance de Wade 1er ? Eh bien, on en voit aujourd'hui le résultat. Encore que le "pape du Sopi" a toujours désigné un numéro deux. Il avait seulement la fâcheuse propension de leur couper la tête pour peu qu'il avait le sentiment qu'elle s'élevait plus haut qu'il ne le voulait. Macky, lui, n'en a point.

Aurait-il un bon numéro deux qu'il n'aurait peut-être pas envoyé Boun Dionne au charbon pour une bataille aussi cruciale et sans qu'il ait eu à fourbir ses armes. De même, une structuration à l'horizontal lui aurait permis de disposer de suffisamment de leaders locaux pour prêter main forte à Dionne qui n'aurait alors qu'à jouer au chef d'orchestre pour mener ses troupes à la victoire.

Mais le pire est que l'Apr semble n'avoir rien appris des erreurs du Pds. En témoigne cette sortie de Mame Mbaye Niang indiquant très clairement que le choix de Dionne comme tête de liste nationale ne veut pas dire qu'il est le numéro deux de l'Apr. Pas plus que celui d'Amadou Ba comme chef de file à Dakar ne signifie point qu'il est le patron des "apéristes" de la capitale.

Pourquoi a-t-il eu besoin de le dire et avec des trémolos à la voix si ce n'est pour faire comprendre à qui voulait l'entendre que son parti n'est pas prêt, mais alors pas du tout, à se structurer ? Sauf qu'il est grand temps pour Macky de comprendre que l'Apr n'a rien à gagner à être une pâle copie du Pds.

Auteur: Par Momar DIONGUE, Analyste politique
Publié le: Vendredi 14 Juillet 2017

Commentaires (0)

Participer à la Discussion

Règles de la communauté :

  • Soyez courtois. Pas de messages agressifs ou insultants.
  • Pas de messages inutiles, répétitifs ou hors-sujet.
  • Pas d'attaques personnelles. Critiquez les idées, pas les personnes.
  • Contenu diffamatoire, vulgaire, violent ou sexuel interdit.
  • Pas de publicité ni de messages entièrement en MAJUSCULES.

💡 Astuce : Utilisez des emojis depuis votre téléphone ou le module emoji ci-dessous. Cliquez sur GIF pour ajouter un GIF animé. Collez un lien X/Twitter ou TikTok pour l'afficher automatiquement.