Revoilà l’éternel débat sur la nomination au ministère de l’Intérieur d’une personne politiquement colorée. Pour dire que sous nos tropiques, on aime à faire de la reculade, un pas avant et deux en arrière. En atteste le choix porté, encore une fois, sur un ministre de l’Intérieur membre du parti présidentiel. L’intérêt, ici, ne porte nullement sur la personne nommée, une prérogative qui revient au chef de l’Etat, mais sur les différentes positions exprimées par l’actuel ministre Abdou Latif Coulibaly, porte-parole du gouvernement, lorsqu’il valide la nomination d’Abdoulaye Daouda Diallo après avoir dénoncé, il y a un an, l’arrivée de Mbaye Ndiaye au ministère de l’Intérieur.
C’est un homme en colère qui s’exprimait sur Rfm, le 8 avril 2012 pour fustiger la nomination, au ministère de l’Intérieur, de Mbaye Ndiaye, un membre de l’Apr. A l’époque, Abdou Latif Coulibaly, soutien politique de la coalition Bby, avait été zappé de la liste des membres du 1er gouvernement formé par Macky Sall. Mais c’est plutôt sur les raisons évoquées par l’ancien journaliste, qu’il serait intéressant de revenir, lorsque ce dernier dénonce, avec la hargne qu’on lui connait, la nomination à ce ministère régalien de l’Intérieur, d’un membre du parti au pouvoir.
« Mbaye Ndiaye est partisan, c’est quelqu’un qui est véritablement partisan »Jadis formulée sous Diouf puis sous Wade, cette critique de plus en plus récurrente, a conduit à la nomination de Généraux de l’armée à la tête du ministère de l’Intérieur. Une volonté du politique de satisfaire une veille doléance et d’apporter une correction à ce qui était perçu dans l’opinion, comme une absence de neutralité d’un ministre de l’Intérieur à coloration politique. Justement ce que dénonçait Abdou Latif Coulibaly.Mbaye Ndiaye, dit-il, «n’est pas une bonne indication pour ce poste là». La raison ? «Il est partisan, c’est quelqu’un qui est véritablement partisan. Le même reproche fait à Ousmane Ngom est valable pour lui», faisait-il remarquer. A Ousmane Ngom, à la fois ministre de l’Intérieur et membre du PDS alors au pouvoir, Coulibaly reproche «d’être un partisan forcené, Mbaye Ndiaye l’est». «En quoi Mbaye Ndiaye est-il différent (de Ousmane Ngom : ndlr) du point de vue de son engagement politique ?», s’était même interrogé l’ancien journaliste, avant de constater, «qu’il y avait un consensus dans les Assises nationales, qui préconisait qu’on nomme un ministre de l’Intérieur qui n’ait pas une couleur politique aussi marquée qu’Ousmane Ngom a pu l’avoir».Ah, les Assises, les fameuses assises ! C’est bien beau, mais «ce n’est pas la loi», déclarait en janvier dernier, le même Abdou Latif Coulibaly, cette fois-ci membre du Gouvernement où il occupe le portefeuille de ministre chargé de la Promotion de la Bonne gouvernance.Car un an après avoir critiqué la nomination de Mbaye Ndiaye, c’est un discours tout à fait différent, pour ne pas dire tout à l’opposé, qui est servi par l’ancien journaliste. La nomination, à l'Intérieur, d’Abdoulaye Daouda Diallo, membre de l’Apr, est «un faux débat», selon le même Abdou Latif Coulibaly. Donc, pas de quoi fouetter un chat, étant donné que «depuis notre indépendance jusqu’à présent, le ministère de l’Intérieur est dirigé par des hommes politiques». Un revirement à 180 degrés, de quoi se demander si l’ancien journaliste devenu ministre, ne risque pas à ce rythme, de cesser de revendiquer, un jour, la paternité de ses ouvrages, de ses publications...
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