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LE SENEGAL PERD-IL LE NORD ? LA SOLUTION PAR NOUS-MÊMES

Auteur: thiesinfo.com

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Dès l’aube de notre constitution en tant qu’Etat, à travers les royaumes du Cadior et du Sine, l’ordre religieux a toujours été une boussole et un contrepoids précieux à l’égard de l’ordre politique animé par les princes d’alors et les présidents de la république de nos jours. Aujourd’hui, fouetté par la tempête d’un pseudo-modernisme et les passions que suscite la convoitise du pouvoir et de l’argent, notre navire, le Sénégal, est en train de perdre le Nord. Nous allons à vau-l’eau si rien n’est fait pour maîtriser et annihiler ce climat délétère de crise des valeurs face aux tentations de l’Ego, où l’homme est devenu un loup pour l’homme. Le déclin névrotique contenu dans les discours politiques renvoie l’écho de la révolte du Diable dans la première Cité érigée et confiée à Adam. 

La royauté céleste et la royauté terrestre appartiennent toutes les deux à Dieu. La religion chrétienne, en émancipant l’activité politique de son passé divin (en rendant à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu), a ouvert la voie à tant d’idéologies sécularisées, à tant de praxis de libération sociale. Parfois de grands hommes religieux, prélats du catholicisme, docteurs de la foi islamique ou rabbins du judaïsme, se laissent bercer par les relents de « justicier » au point de céder à la violence et prendre des armes pour tuer au nom de la justice. L’encyclique « Populorum Progessio » autant que les hadiths prophétiques ont exposé très clairement les objectifs et les moyens d’un développement humain durable et pacifique. 

Ils ont tracé pour les communautés des programmes qui ne laissent en rade aucune parcelle de la vie de l’homme à l’intérieur de son environnement naturel : la faune, la flore, l’espace et le temps. Dans notre pays, au nom d’une gestion concertée des affaires publiques, appuyée sur une démarche partenariale entre tous les intervenants de la République, des chefs religieux et les intellectuels ont toujours su user de leur autorité pour apaiser le jeu démocratique et redimensionner les enjeux. C’est ici le lieu de mobiliser toutes les mémoires vers El Hadji Abdoul Aziz Sy et Monsieur Kéba Mbaye qui ont été, toute leur vie durant, des interprètes combatifs et lucides du processus de démocratisation intégrale qui faisait ses pas dans notre pays. Entamée depuis la veille du scrutin présidentiel 2012, la dynamique de dislocation des processus politique et social se poursuit : la République se meurt, la paix est menacée. 

Bref, le chaos nous arrive comme un cambrioleur dans la nuit. Alors qu’on l’appréhende, il est déjà là. On invective, on dénonce, on soupçonne, on assassine. On manipule, on trahit, on apostasie, on viole. Notre pays a tout a fait changé de carte d’identité. Si le chaos est apparu par le fait de pratiques humaines démesurées, Dieu nous avertit « qu’il ne changera le destin humain chaotique que pour autant que les hommes auront décidé par eux-mêmes de transformer leur sort ». 

Pris dans les pantalonnades de cette féroce césarienne, l’homme politique doit se remettre en question. Il n’est plus le faiseur de beaux discours des années 60 qui harangue des foules sous informées et, sa place dans notre société se fait de plus en plus ténue, au moment où les citoyens exigent d’être mieux gouvernés et plus impliqués dans les processus de décisions qui engagent leur vie et leur avenir. Les sophistes de l’action sociale et les marchands de sable sont inquiets, car, comme le dit l’adage « ils sont au bord du puits pour tirer de l’eau sans avoir l’attirail d’exhaure ». Ainsi, le tumulte fiévreux qui s’est emparé de la classe politique est le signe de leur désarroi face à une société plus organisée, mieux préparée à contrôler l’action des gouvernants. 

L’homme d’affaire sénégalais aussi, devra se remettre en question autant, sinon plus que le politique. Après la mise à la poubelle des démagogues, l’entrepreneur sénégalais devrait d’avantage puiser dans nos valeurs de civilisation pour susciter un éthos favorable à la solidarité et à la paix, ici et ailleurs. Dans une logique managériale où le capital humain remplace le capital Dollars, les résultats économiques sont décuplés et la satisfaction morale compense les déficits d’équité dans la répartition des revenus. Cette rectification que les japonais, à leur tour, ont nommé « l’esprit honto » organise à partir de nos propres besoins, une économie qui place « l’homme au début et à la fin du développement ». Chez nous, également, les intellectuels et les travailleurs se demandent par quelle alchimie, la direction prise par les événements peut être corrigée. 

A notre sens, la clé fondamentale pour sortir du malstrom de la violence se résume à l’installation d’un Comité de Sages, chargé de l’observation et du suivi des processus en cours pour reconnecter la République à la citoyenneté. Partis politiques, au pouvoir ou dans les oppositions (pour la plus part issus du socialisme africain visité par Senghor), administration, chefs religieux, intellectuels, ouvriers et paysans : tous sont interpelés au même titre pour la construction d’une société réconciliée avec ses fondements et ses valeurs oubliées sur le champ de combat pour la démocratie formelle. Ce Comité de Sages, dont il faudra déterminer la composition, aura la mission principale d’interpréter et d’arbitrer le conflit social dans l’intérêt supérieur des hommes et des femmes du Sénégal. 

Le conflit social n’est jamais un affrontement complet, un jeu à somme nulle, comme le rapport de l’acheteur et du vendeur sur un marché. Car il n’y a pas de conflit sans référence culturelle commune aux adversaires, sans historicité partagée. Le débat démocratique combine donc toujours et partout trois dimensions : le CONSENSUS, qui est la référence aux orientations culturelles communes, le CONFLIT, qui oppose les adversaires, le COMPROMIS, qui combine ce conflit avec le respect d’un cadre social, juridique qui le limite. Si la démocratie se définit comme un ajustement du référentiel de pouvoir au référentiel dominant dans une nation, chez nous, la dominance dans le panier des valeurs nationales se manifeste dans la culture et la religion. Aussi c’est dans ces deux instances, le culturel et le religieux, que la nation doit puiser pour trouver des hommes assez outillés, représentatifs, afin que notre navire retrouve le NORD. 

A l’instar de Kéba Mbaye et Cheikh Abdoul Aziz Dabakh, les intellectuels et les chefs religieux ont toujours constitué au Sénégal, le référentiel dominant dans la recherche des solutions pour en venir à bout des conflits sociaux. L’ancien Testament, Tawret, affiche au chapitre 6 de la Sagesse Verset 17 à 21 : « Le commencement de la Sagesse, c’est le désir vrai d’être instruit par elle, Vouloir être instruit, c’est l’aimer, L’aimer, c’est garder ses lois, Observer ses lois, c’est être assuré de l’incorruptibilité, et l’incorruptibilité rend proche de Dieu. Ainsi le désir de la Sagesse élève jusqu'à la royauté. Si donc vous, princes des peuples et ministres, prenez plaisir aux trônes et aux sceptres, Rendez hommage à la Sagesse et vous régnerez pour toujours. » Répétons le, si la démocratie est possible, c’est parce que les conflits sociaux opposent des acteurs qui en même temps qu’ils se combattent entre eux, se réfèrent aux mêmes valeurs, auxquelles ils cherchent à donner des formes sociale opposées. 

Il urge de se tourner vers « l’homme sénégalais » comme principe et définir les conflits comme un débat sur lui, enjeu central, entre des acteurs opposés et complémentaires. On ne peut construire une société sur les seules lois de la raison, et pas davantage sur l’indispensable liberté de choix des gouvernements. Ces illusions dangereuses ont provoqué et conduit aux catastrophes qui font l’actualité. Le Comité de Sages tirera le débat démocratique sur les demandes sociales qui vont commander la vie politique, et qui seront, à leur tour, commandées par des orientations culturelles dont elles constituent les expressions sociales, opposées et complémentaires. Un conflit social central, mais à l’intérieur d’enjeux culturels communs aux adversaires, telle est la condition fondamentale du Comité de Sages qui servira de boussole à la nouvelle République. 

Cheikh Bacar Diagne Président APS / Mission 313 »

diagnebacar@gma il.com 

Auteur: thiesinfo.com
Publié le: Samedi 09 Juin 2012

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