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Me Djibril War, directeur de l’école de l’Apr : «Youssou Ndour doit s’aligner ou se démettre»

Auteur: Walfadjri

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S’il y a une personne qui dérange, actuellement, Me Djibril War, c’est bien le ministre Youssou Ndour dont il estime que son attitude est sujette à question. Me War reproche au ministre de la Culture de ne jamais élever la voix quand son groupe de presse tire sur Macky Sall et le Gouvernement. Une situation à laquelle Me War invite Youssou Ndour à mettre fin ou de se démettre. Quant à ceux qui migrent aujourd’hui vers les prairies «marron» de l’Apr, ils n’ont qu’à bien se tenir. L’Apr ne va pas tous les acceuillir à bras ouverts. En termes clairs, Djibril War affirme que l’Apr ne sera jamais un Pds bis, encore moins une Alliance pour la transhumance. Car pour War, intégrer des Ablaye, Aïda, Sada, Khoureïchy, ou Adama dans l’Apr serait assimilable à un recel de malfaiteurs.

Wal Fadjri : Après seulement quelques mois à la tête de l’Etat, votre parti accuse une certaine presse de chercher à déstabiliser le régime. N’est-ce pas un mauvais procès si on sait que la presse ne fait que jouer son rôle de sentinelle comme elle le faisait avec l’ancien régime ?

Me Djibril WAR : Il faut que l’on soit très clair. S’il est compréhensible que certains groupes de presse comme Wal fadjri et ceux de l’ancien régime attaquent le président Macky Sall, il est autant incompréhensible de voir un groupe comme Futurs médias dont le patron a été bombardé ministre des Arts, de la Culture et du Tourisme le faire. Wal Fadjri n’a signé aucun contrat, aucun pacte avec le pouvoir encore moins avec Macky Sall. Ce qui n’est pas le cas de Youssou Ndour qui est membre du Gouvernement et au même moment, son groupe de presse nous attaque quotidiennement. Ce n’est pas possible et c’est inacceptable. Notre parti ne l’acceptera plus. Peut-on, au nom de la solidarité et de la loyauté gouvernementales se permettre d’être à la fois ministre et patron d’un groupe de presse qui n’a de cesse de s’acharner sur le chef de l’Etat et les membres de son Gouvernement ? Je vous rappelle ici qu’à l’époque, quand Wade avait intégré le gouvernement de Diouf, Cheikh Khoureïssi Bâ avait fait un éditorial dans le Sopi pour brocarder Diouf et son régime. Me Wade est venu lui demander d’enlever le papier pour être conséquent avec lui-même. Et c’était tout à fait normal.

Reconnaissez quand même que les journalistes de ces groupes de presse Wal fadjri, Futurs médias et autres n’ont rien à voir avec le Gouvernement. Ils ne sont pas ministres non plus.

Nous concédons bien à ces journalistes du groupe Futurs Médias leur liberté de ton et leur d’indépendance. C’est tout à leur honneur. Mais où est leur neutralité lorsqu’ils se fendent à la Une de leur journal de ce titre «Macky Sall zappe de la liste des investitures des députés de Youssou Ndour et investit son griot Farba Ngom» ? Si ce n’est une prise de position partisane, c’est quoi alors ? Ce qui est grave dans cette affaire, c’est moins les propos discriminatoires, offensants de son auteur, que l’indifférence de son patron, pourtant qui est de la même origine sociale que le mis en  cause. N’y a-t-il pas alors une responsabilité à la fois juridique et morale si Monsieur Farba Ngom dans son bon droit, devait ester en justice pour propos offensants et humiliants ?

Farba Ngom dont l’honneur et la dignité ont été pratiquement bafoués par ce journaliste aurait pu prétendre à bon droit clamer haut et fort être l’actionnaire majoritaire de l’Apr de par son engagement, ses immenses sacrifices humains, matériels, brimades, arrestations et de son important réseau de connaissances qui ont été déterminantes pour la massification du parti dans sa localité et surtout dans la Diaspora. Le patron de ce journal devenu aujourd’hui ministre aurait-il oublié les nuits cauchemardesques que lui avait fait endurer une certaine presse à l’époque ? Cette célèbre chanson «Porter Presse» est-elle passée de mode aujourd’hui qu’il est devenu un grand magnat de la presse ?

Le comble de l’injure faite aux Sénégalais est que, lors de sa rencontre avec le patronat, le ministre Youssou Ndour pousse le bouchon, en invitant de vive voix son vieil et tristement célèbre ami, faux-employeur et resquilleur, qu’il a immortalisé à travers de nombreux tubes à s’impliquer pour relever le secteur du Tourisme en crise, au grand dam des vrais acteurs de ce secteur. Ne devrait-il pas au contraire l’inviter à soumissionner auprès du ministre de l’Intérieur et sa collègue de la Justice, dans le cadre du programme de rénovation des Etablissements Pénitenciers sénégalais, si surpeuplés et délabrés, pour les mettre au niveau des Centres Français de Détention et d’Arrêt de Fresnes, de la Santé, Fleury –Mérogis qu’il connaît si bien ?

Dans cette lancée, nous ne saurions trop attirer l’attention du président de la République et les administrateurs de la Fondation de madame l’épouse du président à la vigilance. Ces Fondations d’épouses de président, quoi de plus noble, ont hélas de par l’expérience servi d’occasion, pour de grands escrocs, larbins en tous genres d’en faire des marraines de cérémonies bidon, soirées de gala du genre «Les Cauris, coquilles, calebasses d’Or, tutti quanti» pour des pratiques mafiosi. Elles ont pour noms levée de fonds, de racket, «de protection» pour emprunter l’expression de leur milieu «caposi», auprès des ministres, Dg de sociétés nationales ou d’Agences, dépositaires de nos deniers publics.

Nous ne doutons un seul instant que le président de la République Macky Sall décrétera une interdiction absolue à ses ministres, Dg de sociétés, Agences nationales d’être présents à ces cérémonies, soirées de bamboula, d’exhibition, d’étalage  honteux de fortune. Donc, je le dis haut et fort : L’attitude de Youssou Ndour est sujette à question. On ne peut pas vouloir une chose et son contraire. Et là-dessus le président Macky Sall est interpellé et doit réagir. En tout cas, nous militants de l’Apr, nous allons prendre nos responsabilités.

«Il faut que l’engagement de Youssou Ndour dans le Gouvernement se reflète également sur la ligne éditoriale de son groupe de presse. C’est s’aligner ou se démettre. Il faut que Macky Sall recadre Youssou Ndour. On ne peut pas avoir un pied à l’avenue Roume et un autre sur la Corniche»

En quoi faisant ?

C’est très simple : il faut que l’engagement de Youssou Ndour dans le gouvernement se reflète également sur la ligne de son groupe de presse. Je ne mâche pas mes mots. Donc c’est s’aligner ou se démettre. Il faut que Macky Sall recadre Youssou Ndour. On ne peut pas avoir un pied à l’avenue Roume et un autre sur la Corniche. J’ai entendu récemment un des journalistes de la Tfm se demander ce qui serait arrivé si Youssou Ndour n’avait pas soutenu Macky Sall ? Que pèserait l’absence de Youssou Ndour sur l’élection de Macky Sall ? Ce sont les Sénégalais qui ont élu Macky Sall. Ce n’est ni le peuple des Assises nationales, ni le mouvement Fékké maci Bollé ou encore nos alliés de Benno Bokk Yaakaar qui l’ont élu. On ne pouvait pas arrêter la mer avec ses bras. Il faut que ce soit très clair : Macky Sall ne sera l’otage de personne et il faudra qu’il comprenne qu’il est le seul comptable devant le peuple.

On remarque une sorte de ruée d’anciens responsables libéraux vers l’Apr. N’êtes-vous pas sur la même voie que l’ancien régime ?

Nous mettons Macky Sall en garde contre certains transhumants. Il est plus que grand temps de mettre fin au règne de ces oiseaux picoreurs toujours présents, et bien traités à chaque saison politique, transhumance oblige, qui s’enfuient toujours à chaque fin de règne, le gosier plein, gazouillant quelques airs bien connus à titre de remerciement, plutôt de reniement. Pour les anciens dignitaires transhumants, contrairement à ceux qui disent qu’en politique, il faut additionner, en plus de créer des problèmes dans les rangs du parti au pouvoir leur venue dans le parti au pouvoir à l’exception de quelques rares intègres risque bien de provoquer des frustrations et des votes sanctions d’autant plus que la plupart ont géré la chose publique de manière peu orthodoxe.

Les intégrer dans le parti serait assimilé à un recel de malfaiteurs. Nous ne voulons point des Adama, Aïda, Sada, Khoureïchi et autres ! Ce qui importe pour le président Macky Sall, c’est d’être en phase avec les aspirations du peuple, seul souverain, qui seul l’a élu et personne d’autre, et  qui est décidé à ne plus accepter ce genre de comportements qui blessent la morale, et la vertu. En revanche, les militants de la dernière heure, après le 25 Mars 2012 pourront être accueillis dans les bases, en acceptant évidemment d’être dans les rangs, derrière les anciens. Disons le clairement, l’Apr ne sera jamais un Pds bis, encore moins une Alliance pour la transhumance.

On attend toujours la déclaration de politique générale du Premier ministre. Avez-vous peur des députés libéraux majoritaires actuellement à l’Assemblée nationale ?

Comme disait le Chinois Confucius, «Quand la rivière est profonde et que l’eau soit trouble mieux vaut plonger sa canne et attendre que l’eau soit claire pour traverser». Aujourd’hui, pensez-vous qu’il soit rassurant d’aller se présenter devant ces députés pour faire une déclaration de politique générale ?  D’autant plus que ces députés disent à qui veut l’entendre qu’ils ne sont pas des députés du peuple, mais de député de Abdoulaye Wade. Je pense même que ça a été une erreur de ne pas dissoudre cette Assemblée nationale ne serait-ce que pour le principe. Donc faire sa déclaration de politique générale devant cette Assemblée où les soi-disant députés de Wade sont encore majoritaires, c’est mettre sa tête dans la guillotine. D’autant plus qu’il n’y a pas péril en la demeure. Donc mieux vaut attendre la nouvelle Assemblée qui, j’ose le croire sera loyale. Parce que quand même on ne veut pas que les futurs députés de Benno Bokk Yaakaar, une fois arrivés à l’Assemblée adopte une liberté de ton. Le pacte a été moral et il faut aller jusqu’au bout…

De la même manière que Macky Sall a fait sa déclaration de patrimoine, on devait demander aux futurs députés de Benno Bokk Yaakaar de faire une déclaration sur l’honneur pour nous dire quelle posture ils vont adopter. Dommage cela n’a pas été fait. Maintenant on compte sur leur loyauté. Je profite de l’occasion pour dire également que cette loi qui avait ramené le mandat du président de l’Assemblée nationale à un an est toujours d’actualité. Donc il faut qu’on applique le principe de la rotation. Etant donné que les députés élisent chaque année un nouveau président de l’hémicycle, les choses deviendront plus faciles à gérer. Ce n’est pas l’Apr qui a été à l’origine de cette loi. Donc elle n’est pas négociable, il faut bien qu’on l’applique. De la même manière que j’invite Macky Sall à bien réfléchir sur le mandat de 7 ans. Je trouve que 5 ans, c’est insuffisant. Et le président Wade avait bien raison d’avoir ramené le mandat à 7 ans.

«Nous ne voulons point des Adama, Aïda, Sada, Khoureïchi et autres ! Disons le clairement, l’Apr ne sera jamais un Pds bis, encore moins une Alliance pour la transhumance».

La confection des listes de la coalition Benno Bokk Yaakaar continue à faire des vagues au sein de la coalition et de l’Apr même. Qu’est-ce qui s’est réellement passé ?

L’œuvre humaine n’est pas parfaite, et en politique, comme on le dit si bien, il y a des situations dans la vie où le choix est nécessaire. Et quand il y a choix, il y a forcément des sacrifices qui vont produire des satisfactions et des révoltes. Ce qui est certain, c’est qu’on ne pourra jamais satisfaire tout le monde. Que ce soit dans la formation d’un gouvernement ou de la confection des listes pour les élections législatives. Mais il faut savoir qu’il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus. Il y a d’abord eu l’Apr le parti de Macky Sall qui a été à la pointe du combat, mais il y a aussi les alliés qui se sont joints à l’Apr pour former la coalition Macky2012 et enfin nos alliés de Benno Bokk Yaakaar qui sont venus au second tour.

Sans oublier maintenant les mouvements de soutien comme le Fekke maci Bole de Youssou Ndour. Tout cela fait que le choix était devenu très difficile. On ne pouvait pas satisfaire tout le monde. Je dois avouer qu’après la publication des listes, le pays a été secoué. On a entendu des récriminations venir de partout à travers le pays. Mais toutes les protestations vont moins à l’endroit de Macky Sall qu’à la manière dont les listes ont été faites. Le président Macky Sall a cru devoir coopter certaines personnes pour leur confier la confection des listes. Malheureusement, ces gens n’ont pas mené leur mission dans la plus grande transparence.

Quel a été par exemple le rôle du milliardaire Harouna Dia dans cette commission de confection des listes ?

(Il marque une pause). Il serait bon de rétablir les choses dans leurs justes limites. Moi j’ai connu Harouna Dia il n’y a pas longtemps et je ne lui reproche franchement rien. Je salue également tous les efforts qu’il a consentis pour aider Macky Sall et l’Apr à arriver au pouvoir. Mais il faut savoir raison garder. Je crois que ce n’est pas uniquement des financements qui nous ont amenés au pouvoir. Je donne juste l’exemple du Pds qui, lorsqu’il arrivait au pouvoir, n’était pas si nanti que ça. C’est pour dire que les financements ne sont pas la clé du succès à une élection. Il est vrai que Harouna Dia et tant d’autres ont été cités comme étant ceux-là qui tirent les ficelles dans l’ombre. Juste pour dire :«Qui paie commande». Mais j’ai la conviction que les relations entre Macky Sall et Harouna Dia et tous les autres bienfaiteurs de l’Apr ne sont pas fondées sur la base du chantage ou de la politique du retour d’ascenseur.

Ce n’est pas parce que ces gens ont investi financièrement qu’ils devront s’attendre à des retombées. Ils ont toujours été des hommes de l’ombre et je ne vois pas pourquoi Harouna Dia et consorts vont s’afficher aujourd’hui. Quand on est à proximité d’un chef d’Etat, la meilleure manière c’est de s’effacer. Donc pour revenir aux investitures, il y a eu beaucoup de bruits. Il y a eu des mécontentements et les gens ont cité plusieurs personnes comme étant responsables de la situation. Mais il n’y avait pas que Harouna Dia dans cette commission. Certains sont même allés jusqu’à dire qu’il a réservé la part belle à ses parents Hal pular. Mais en regardant les listes nationale et départementale, ce n’est pas ce que l’on constate.

Pour vous dire vrai, les gens ont plus fustigé la manière dont cette commission a été mise sur pied. Moi qui vous parle, en tant que directeur de l’Ecole du parti, je ne savais même pas qu’il existait une commission chargée de faire les listes. Donc ce qu’il faut reconnaître, c’est qu’il y a eu dans la confection des listes, des mains invisibles animées d’une volonté manifeste de nuire. Je ne mets pas en cause Macky Sall ou Harouna Dia, mais il y a bien des gens tapis dans l’ombre qui s’opposent à la visibilité de certains militants et responsables de l’Apr. Et je dois dire ici, que les militants de l’Apr ont été les plus grands perdants dans cette confection des listes. Au point que certains ont vite fait d’affirmer que la coalition Benno Bokk Yaakaar s’est faite au détriment des militants de l’Apr. Aujourd’hui, des alliés ont été bombardés ministres alors qu’ils ne sont pas plus méritants que des militants de l’Apr.

Propos recueillis par Georges Nesta DIOP

Auteur: Walfadjri
Publié le: Mercredi 30 Mai 2012

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