A l’entrée de la cité religieuse de Tivaouane, en venant de Thiès, les va-et-vient incessants de jeunes garçons et filles frappent le visiteur le moins attentionné de cette ville située à 92 km de Dakar, où la sérénité règne chez les fidèles du nouveau khalife, Serigne Cheikh Ahmad Tidjane Sy dit "Al-Maktoum".

Assis à même le sol, un jeune vendeur exhibe les posters Serigne Cheikh, le nouveau khalife de la famille d’El Hadj Malick Sy, désigné en décembre suite à la disparition de son frère Serigne Mouhamadou Mansour Sy, ancien Khalife général des tidjanes.

Les passants sont obligés de ralentir leurs pas pour admirer les posters. Debout devant le portail d'une résidence, un homme en kaki-blanc est chargé de filtrer les entrées pour des raisons de sécurité. 

Assis sur des chaises installées sous une tente, des centaines d’individus attendent patiemment en face de la résidence de Serigne Cheikh. Le visiteur est frappé par le calme qui règne.

Debout, des hommes en uniformes organisent la mise en place des disciples. Ici la discipline est de vigueur. Les hommes et les femmes sont assis séparément, pas de mixité. Aucun dérapage n’est noté.

Les membres du Dahira Moustarchidine wal Moustarchidati, mouvement de jeunes dirigés par Serigne Moustapha Sy, fils d’Al-Maktoum, se distinguent par leur organisation et la discipline.

Comme s’ils avaient reçu un mot d’ordre, les fidèles ne se prononcent pas sur la commémoration du Maouloud, pour la première fois par leur guide, en sa qualité du nouveau khalife de Tivaouane.

Le chargé de la communication du mouvement "moustarchidine", Makhary Mbaye, ne se prononce pas non plus sur cette question, préférant demander aux journalistes de lui décliner leur questionnaire.

Depuis plusieurs années, les disciples de Serigne Cheikh Ahmad Tidjane Sy commémorent le Maouloud au niveau des Champs de course, à l'entrée de la commune de Tivaouane.

Cette année, personne ne veut se prononcer sur le lieu de recueillement du khalife, âgé de 87 ans. En 2012, il s'était excusé pour raison de santé laissant libre cours à son jeune frère Serigne Papa Malick Sy, en compagnie de son fils Serigne Moustapha Sy. 

A sa résidence, après des minutes d’attente sous la tente, les différents responsables du Dahira Moustarchidine wal Moustarchidati entrent dans un salon préfabriqué pour faire le ziar, ou visite de courtoisie.

Dehors, dans le calme, d'autres disciples attendent leur tour pour se recueillir devant leur responsable moral.

Dernièrement, Serigne Abdoul Aziz Sy Al Amine, petit-fils d’El Hadji Malick Sy, l’un des principaux propagateurs de la Tidjaniya au Sénégal, a indiqué récemment avoir reçu une délégation de Serigne Cheikh Ahmad Tidjane Sy "Al Maktoum".

Selon "Al Amine", également jeune frère du khalife, celui-ci lui a renouvelé "toute l’autorité nécessaire de continuer l’œuvre qu’il a entamée pour la célébration du Gamou". Ces propos ont été toutefois nuancés par un fils du khalife.

Le savant et mystique Cheikh El Hadji Malick Sy (1855-1922) a lancé la commémoration grand-public du Maouloud. Le Gamou a été initié pour la première fois à Saint-Louis, par Seydi Hadji Malick et son compagnon El Hadji Ravane Ngom, avant d’être perpétué à Tivaouane vers le début des années 1900.