La réticence des maris à autoriser leurs femmes à recourir à la planification familiale constitue "un frein" à l’adoption des méthodes contraceptives dans la région de Matam, a déclaré samedi Fatimata Niang Hann, sage-femme d’Etat et coordinatrice de la santé de la reproduction dans ce district sanitaire.

‘’Il y a un poids qui est là : ce sont les maris. Tant qu’on ne les intègre pas, ce sera toujours un problème, car ils ne croient pas à la nécessité d’espacer les naissances’’, a-t-elle dit en marge d’une campagne de réparation des fistules, entamée mercredi et clôturée samedi dans cette région.

Selon elle, même si certains époux acceptent d’emmener leurs femmes, le chemin à parcourir avant d’en faire un réflexe est encore long. 

Elle préconise que ‘’l’on accentue la sensibilisation au niveau des hommes, si on veut atteindre l’objectif de 7 % de taux de prévalence pour 2015’’.

La population de Matam est estimée, en 2013, à 588 995 habitants dont 52% de femmes. En matière de planification familiale, la région enregistre le plus faible taux de prévalence contraceptive, soit 3%, selon le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP).

‘’On a noté, avec la sensibilisation, que les gens viennent pour la PF. Certains grands marabouts nous envoient même leurs femmes, mais jusqu’à présent Matam est sous la coupe des traditions et des tabous’’, a-t-elle fait remarquer.

‘’Matam est l’un des plus grands bastions de la religion au Sénégal, car c’est une région à forte connaissance religieuse. Et il ya aussi des considérations culturelles, du fait que c’est une région de forte émigration’’, a de son côté estimé le Dr Yankhoba Dial, médecin-chef de la région médicale de Matam.

‘’Souvent, d’un point de vue social, c’est mal vu qu’une femme dont le mari est en déplacement s’adonne à des planifications familiales et donc tous ces facteurs réunis font que cette activité est très faible dans la région’’, a-t-il ajouté.