Dans un entretien accordé au journal Le Soleil, le Pr Souleymane Mboup, président de l'Institut de recherche en santé, de surveillance épidémiologique (Iressef), a détaillé les avancées majeures réalisées par son institut dans la lutte contre la tuberculose. Il a salué le partenariat « gagnant-gagnant » avec le Programme national de lutte contre la tuberculose, insistant sur la contribution cruciale de ces recherches au renforcement de la souveraineté sanitaire du Sénégal.
Traditionnellement, le diagnostic et le traitement de la tuberculose sont complexes et longs, notamment à cause de la difficulté à cultiver la bactérie et à détecter rapidement les résistances aux antibiotiques. Cette situation favorise l'émergence de souches multi-résistantes, particulièrement difficiles et coûteuses à traiter.
Une révolution grâce à la génomique locale
Aujourd’hui, grâce à la plateforme de génomique développée par l’Iressef durant la pandémie de Covid-19, les chercheurs sénégalais peuvent désormais effectuer localement un séquençage complet des souches de Mycobacterium tuberculosis. Cette technologie permet d’identifier rapidement les profils de résistance et d’adapter les traitements de manière plus ciblée et plus efficace.
Un tournant pour l'Afrique de l'Ouest
C’est une avancée inédite en Afrique de l’Ouest. Pour la première fois, un tel niveau d’analyse génomique est accessible sur le continent sans dépendre de laboratoires étrangers. Ce progrès marque un tournant décisif dans la prise en charge de la tuberculose et pour l’indépendance sanitaire du Sénégal.
Cette avancée révolutionnaire facilite l'identification des souches résistantes et l’ajustement des traitements, tout en réduisant considérablement les délais de diagnostic. Le partenariat avec le Programme national de lutte contre la tuberculose est ainsi présenté comme un modèle de collaboration efficace. L’expertise locale renforce non seulement la capacité du pays à gérer cette maladie infectieuse, mais positionne également le Sénégal comme un acteur régional majeur en recherche biomédicale et innovation sanitaire.
« C’est vraiment révolutionnaire »
« C’est vraiment révolutionnaire ! Tout se faisait en Europe. Maintenant, on a toute cette capacité de le faire ici, au Sénégal », se réjouit l'interlocuteur du quotidien national. Qui souligne que ces résultats produits localement, sans appui extérieur, représentent une véritable prouesse scientifique, fruit de « l’expertise sénégalaise mise au service des besoins nationaux et régionaux ».
Pour lui, cette avancée constitue un pas décisif vers la souveraineté sanitaire : « On ne peut pas avoir mieux. [...] Il s’agit aussi d’être innovant et d’attirer les autres aussi, qu’ils soient Européens, Américains ou Africains. »
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