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Résistance aux antimicrobiens : 10 millions de décès par an d’ici 2050

Auteur: Yandé Diop

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La résistance aux antimicrobiens (RAM) constitue l’une des plus graves menaces pour la santé mondiale. C’est l’alerte lancée par le Pr Khadidiatou Ba Fall, infectiologue, lors du deuxième Congrès de la Société sénégalaise de Pathologie Infectieuse et Tropicale (SOSEPIT), tenu le lundi 28 avril 2025 à Dakar. Sous le thème « La résistance aux antimicrobiens, une menace mondiale qui compromet les acquis médicaux », cet événement a réuni des experts africains et internationaux pour débattre de cette crise sanitaire majeure.
La RAM survient lorsque bactéries, virus, parasites ou champignons deviennent résistants aux traitements conçus pour les éliminer. Ce phénomène, bien que naturel, est amplifié par l’usage excessif et inapproprié des antimicrobiens en médecine humaine, vétérinaire et agricole. Résultat : des infections courantes, autrefois maîtrisées, deviennent difficiles, voire impossibles à traiter, entraînant complications graves, séquelles durables et décès.
En 2019, la RAM était déjà responsable de 1,2 million de décès, surpassant les morts causées par le VIH/SIDA ou le paludisme. Sans action urgente, les projections sont terrifiantes : d’ici 2050, elle pourrait causer jusqu’à 10 millions de décès par an, soit un décès toutes les trois secondes. Au-delà de la santé, la RAM menace la sécurité alimentaire et l’économie mondiale, avec des pertes estimées à plusieurs milliards de dollars dues à son impact sur l’élevage et l’agriculture.
Le Pr Ba a pointé les principaux facteurs de cette crise :
- Abus d’antibiotiques : prescriptions inutiles, notamment contre des infections virales, et usage massif en élevage pour traiter ou stimuler la croissance animale.
- Contamination environnementale : rejets d’antimicrobiens dans les eaux et les sols, favorisant l’émergence de germes résistants.
- Manque de diagnostics rapides : l’absence de tests précis conduit à des traitements antibiotiques prescrits à l’aveugle.
Sans antimicrobiens efficaces, les chirurgies lourdes, les traitements contre la pneumonie, la tuberculose ou la salmonellose, ainsi que les avancées médicales comme les greffes d’organes, la chimiothérapie ou les soins néonataux deviendraient extrêmement risqués. « La médecine moderne est en danger », a averti le Pr Ba.
Pour enrayer cette catastrophe, le Pr Ba appelle à une mobilisation mondiale :
- Renforcer la surveillance de la RAM via des réseaux de laboratoires performants.
- Restreindre l’usage abusif des antimicrobiens dans tous les secteurs.
- Investir dans l’innovation pour développer de nouveaux traitements et diagnostics rapides.
- Adopter l’approche « Une seule santé », liant santé humaine, animale et environnementale.
« La RAM n’est pas une menace future : elle tue déjà. Seule une action coordonnée et ambitieuse peut empêcher des infections bénignes de devenir mortelles », a conclu le Pr Ba.
Auteur: Yandé Diop

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