Le processus de formalisation des entreprises artisanales bat son plein à Kaffrine. Depuis deux jours, la Direction de l’Encadrement et de la Transformation des entreprises informelles, en collaboration avec la Direction de la Productivité du capital humain et des statistiques, mène une mission d’identification, d’enregistrement et d’accompagnement des artisans du territoire.
Cette activité s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la Stratégie nationale de développement à l’horizon 2050, inspirée par la vision du chef de l’État, qui prône « un développement de deuxième génération basé sur les territoires », a rappelé Hady Touré, directeur de l’Encadrement et de la Transformation des entreprises informelles au ministère du Tourisme et de l’Artisanat.
À l’occasion d’une tournée organisée en février dernier, les préoccupations des artisans, notamment en matière de formalisation, ont été largement exprimées. « Nous avons constaté que cette formalisation demeure un obstacle majeur au développement de leurs activités », a souligné M. Touré.
C’est ainsi qu’une mission pilote a été lancée dans les régions de Kaolack, Kaffrine et Fatick, pour accompagner les artisans dans les premières étapes de leur formalisation.
À Kaffrine, plus de 200 entreprenants ont déjà été enregistrés sous le statut d’entreprenant individuel, plus de 80 entreprises individuelles ont été créées ainsi qu’une vingtaine de groupements d’intérêt économique (GIE). L’objectif est clair : accompagner les artisans vers l’enregistrement, la structuration et la professionnalisation.
Cette formalisation passe aussi par l’éducation financière, un volet jugé essentiel dans le processus. « Une formation à l’éducation financière est prévue, car elle constitue une étape importante », a précisé M. Touré. Dans la même dynamique, la mutuelle de santé des artisans est impliquée pour assurer leur protection sociale, composante incontournable de la formalisation.
Le processus vise une approche systémique. « Formalisation rime avec enregistrement au tribunal du commerce, identification auprès de l’ANSD, immatriculation à la caisse de sécurité sociale, tenue de comptabilité (même simplifiée), et conformité fiscale », a expliqué M. Touré, qui ajoute : « C’est pourquoi nous avons regroupé l’ensemble des parties prenantes — chambres consulaires, administration fiscale, sécurité sociale — afin de rendre cette formalisation systémique, comme l’avait recommandé le Président de la République. »
Le ministère ne s’arrête pas à l’enregistrement. Des dispositifs sont prévus pour la formation professionnelle et l’accès à des équipements, notamment avec l’appui de la Direction de l’Artisanat, de l’Agence pour la promotion de l’artisanat (PDA) et du mobilier national.
Papa Madické Diagne, directeur de la Productivité du capital humain et des Statistiques, a renforcé le message : « L’objectif est d’élaborer une doctrine nationale de formalisation, en mobilisant toutes les parties prenantes. Le nouveau statut d’entrepreneur est simple, accessible et ne nécessite pas de ressources financières importantes pour s’y inscrire. »
Par ailleurs, l’État entend impliquer davantage les artisans dans la commande publique. « L’État réserve désormais 5 % de ses marchés publics aux artisans. Dans le programme de confection des tenues scolaires, le Premier ministre a même donné instruction de travailler avec les tailleurs locaux. De même, les menuisiers sont sollicités pour la fabrication de tableaux scolaires », a rappelé M. Touré.
Mais pour y accéder, la formalisation reste la clé. « Pour bénéficier de ces marchés, les artisans doivent être immatriculés, cotiser à la Caisse de sécurité sociale, être fiscalement identifiés, etc. Ce sont ces conditions que nous sommes en train de simplifier », a-t-il conclu.
Cette campagne marque ainsi une étape cruciale vers l’inclusion économique des artisans de Kaffrine, leur reconnaissance institutionnelle et leur intégration dans les chaînes de valeur formelles.
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