Alors que le Sénégal traverse une canicule intense ce 17 juillet 2025, la climatisation et les ventilateurs sont devenus des alliés incontournables pour supporter la chaleur. Cependant, leur usage intensif peut avoir des répercussions sur la santé respiratoire. Dans cet entretien accordé à Seneweb, Maimouna Fafa Cisse, maître-assistante en pneumologie, met en garde contre ces risques et propose des conseils pour se rafraîchir sans compromettre ses poumons.
Quels sont, selon vous, les principaux risques respiratoires liés à l’utilisation intensive des moyens de confort thermique ?
Maimouna Cisse : Il est crucial de comprendre que les systèmes de climatisation et de ventilation visent à offrir un confort en période de chaleur extrême en rafraîchissant l’air intérieur. Toutefois, ils ne sont pas dénués de dangers pour la santé. Parmi les risques, je retiendrai principalement deux aspects majeurs : d’une part, l’exacerbation de maladies respiratoires chroniques telles que les allergies respiratoires (rhinites allergiques, asthme allergique), les conjonctivites allergiques, ou encore la BPCO (une infection chronique respiratoire, souvent liée au tabagisme, qui se manifeste de manière similaire à l’asthme). Cette aggravation peut résulter d’une irritation causée par l’air froid et sec des climatiseurs ou des ventilateurs, mais surtout par la poussière domestique accumulée sur des appareils mal entretenus ou présente dans l’environnement (tapis, literie, rideaux) qui est remuée et dispersée. De plus, les filtres encrassés des climatiseurs peuvent libérer des particules minérales ou organiques, provoquant des irritations des yeux ou des voies respiratoires. D’autre part, un risque infectieux existe lorsque les climatiseurs ou ventilateurs mal nettoyés hébergent des bactéries, des moisissures ou des virus. L’air sec généré fragilise les muqueuses, augmentant ainsi la susceptibilité aux rhumes, grippes ou angines.
Y a-t-il un profil plus vulnérable à ces risques ? Lesquels ?
Les personnes les plus vulnérables sont celles souffrant déjà de troubles respiratoires tels que l’asthme, la BPCO ou des allergies, ainsi que les enfants, les personnes âgées et les individus immunodéprimés.
Que pensez-vous de l’utilisation prolongée de la climatisation dans les chambres à coucher ?
Elle présente des avantages indéniables en termes de confort et de qualité du sommeil, mais elle comporte également les risques mentionnés précédemment.
Le ventilateur est souvent perçu comme une alternative plus douce. Est-ce réellement le cas d’un point de vue respiratoire lorsqu’il fait chaud ? Quel est votre avis à ce sujet ?
Le ventilateur est effectivement moins agressif qu’un climatiseur, mais il peut rester irritant si la pièce est poussiéreuse ou mal ventilée. Le risque infectieux est réduit, notamment en l’absence d’humidificateur, mais il subsiste si les muqueuses sont déjà asséchées.
Qu’est-ce qui est recommandé le plus en période de chaleur pour éviter de développer des problèmes respiratoires ?
En période de forte chaleur, il est conseillé d’hydrater les muqueuses en buvant abondamment de l’eau, de modérer l’utilisation de la climatisation (en la réglant entre 22 et 26 °C) et d’éviter de diriger l’air directement sur le visage. Il est également essentiel d’entretenir régulièrement les appareils en nettoyant les filtres des climatiseurs, les ventilateurs et les humidificateurs. Aérer quotidiennement les espaces clos, notamment les rideaux, moquettes et literies, est une bonne pratique. Il faut éviter les irritants tels que la fumée de cigarette, l’encens, les désodorisants ou les sprays. Privilégier la ventilation naturelle tôt le matin ou en soirée est également recommandé. Enfin, les patients asthmatiques ou atteints de BPCO doivent respecter scrupuleusement leurs traitements médicaux de fond.
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